samedi 31 octobre 2015


Amsterdam


Sur le bac de Centraal station à NDSM, Rick Delaveine tape du bout des doigts sur le métal du bastingage. Une nouvelle composition prend forme. Il l’appellera Quichotte. Il jouera la rythmique aux balais. Pour la contrebasse ce sera un simple walking et la mélodie au piano apparaitra et disparaitra, légère.
Ce soir, il la proposera à ses partenaires. Ils donnent un concert au Bimhuis, à guichet fermé.
Rick est vêtu de la veste soie et cachemire vert pâle qu’il s’est offert à Bilbao cet été. Ici, à Amsterdam, il s’est trouvé des chaussures en croco moutarde. Il les porte depuis ce matin. Il en aime le son du talon et la souplesse de la peau. Il fait des pas plus grand et danse pour esquiver les vélos.
Il a rencontré Sophie au jardin botanique devant l’Oostkapse Broodboom, la plus vieille plante en pot de l’hémisphère nord. Cette plante a été rapportée d’Afrique du sud il y a trois cents ans. Sophie portait un pantalon de velours rouge et une veste mauve, elle a craqué sur les chaussures jaunes de Rick. Elle s’est adressée à lui quand elle l’a vu coller son nez à la plante. Les couleurs et les parfums. Ils ne pouvaient s’ignorer. Elle l’a alors convaincu de le suivre jusqu’aux locaux de Greenpeace à NDSM. Elle est une des cadres de l’organisation aux Pays Bas. Il a le temps d’ici ce soir, et ce soir elle viendra l’écouter. Fan de jazz, elle connaissait le trio et avait déjà son billet.
Sur le bac Sophie sourit, les cheveux dans le vent et Rick tape toujours sur le métal.
Oui, Quichotte, c’est un beau titre…



Ils ont débarqué sur les anciens docks, ils se sont embrassés au Noorderlicht café, sur un canapé mauve, comme la veste de Sophie, il a adhéré à Greenpeace, et ils ont marché jusqu’au bout du quai.
Là, il lui a parlé du tacatac des trains et de ce concert dans une friche industrielle de Rouen où la rythmique était assurée par le moteur diesel d’un vieux tracteur au point mort.
Là, elle s’est très vite rendue compte qu’il ne pensait qu’à sa musique et elle a fait demi tour.
Il est là, hors champ, il la regarde. Elle s’est arrêtée. Il n’est peut-être pas trop tard…

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