dimanche 18 octobre 2015


 La foule


Hors champ, au pied du pilier, à droite sous l’horloge, Lucien est assis par terre, le dos contre la pierre. Il porte une vareuse gris bleue, sale, élimée. Ses chaussures, bien trop grandes, n’ont plus de lacets. Les yeux écarquillés il regarde passer les voyageurs. Il ne demande rien. Il voudrait juste leur dire qu’à l’intérieur de lui, il y a une foule, grouillante, qui ne le laisse jamais en paix. Il regarde chaque passant, fixement. Invisible, il est invisible. Et la foule en dedans qui jamais ne se tait. Et lui qui voudrait dire. Mais rien ne sort. Juste une larme, une seule, coule sur son visage noir de crasse…

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