jeudi 26 novembre 2015


Les avions


Aujourd’hui, jeudi, comme chaque matin, Julien s’est arrêté prés de l’école pour regarder le soleil se lever. Il a garé son vélo contre le panneau triangulaire avec les deux petits bonshommes qui traversent et  a ôté la pince qui retenait le bas de son pantalon. Puis il a allumé sa pipe de bruyère bourrée d’un délicieux Amsterdamer avant de s’asseoir sur le  banc de pierre, là, hors champ, face à la campagne. Julien travaille aux services techniques de Richebourg, une petite commune des Yvelines. Il s’occupe de la voirie, de la salle de fêtes,  et de l’entretien de l’école. Ils sont trois, c’est lui qui chaque matin arrive le premier et ouvre le hangar municipal. Tous les jours, le même trajet, à vélo jusqu’au banc de pierre, puis à pied jusqu’au hangar. Tous les jours le même rituel, un quart d’heure sur le banc, pas plus. Le temps qu’il faut au jour pour apparaitre et au tabac pour se consumer. Le temps de voir un avion passer, un mince trait de pinceau dans le ciel. Alors, il choisit une destination lointaine. Valparaiso, Calgary, Denver, Tijuana, Ouagadougou, Le Caire, Papeete, Adelaïde, Yocohama…Et le soir, après sa journée de travail, il sort le globe terrestre de sa boite, et avec son petit fils, ils pointent la ville choisie et imaginent comment y vivent les gens. Parfois Gislaine, sa femme, se joint à eux. Ils rient beaucoup. Julien et Gislaine s’occupent de leur petit fils depuis que ses parents ont disparu. C’était un accident d’avion, on ne l’a jamais retrouvé, on en ignore la cause.
Julien sent la pierre froide à travers son pantalon. L’hiver approche. Aujourd’hui ce sera Bombay, un pays chaud, avec beaucoup de monde…

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