mercredi 24 août 2016


Quand les murs se resserrent


 Quand ils sont arrivés à Pasajes, il faisait encore jour.
 Francisco, ses enfants et ses petits enfants sont venus manger des sardines sur le vieux port.
 Les terrasses faisaient le plein, on s’interpellait d’une table à l’autre. Sur le ponton les filles regardaient plonger les garçons. Saut carpé, saut périlleux arrière, double saut périlleux, le plongeon comme unité de mesure de leur virilité. Francisco racontait qu’autrefois il plongeait des falaises, au moins dix mètres, quinze même, et il se levait, rentrait le ventre et esquissait un pas de danse. les plus jeunes riaient de ses pitreries, les moins jeunes souriaient avec complaisance. Francisco racontait souvent les mêmes histoires.
Les sardines étaient délicieuses, des sardines de Cantabrie. À la nuit tombée, on était rassasié, on parlait moins fort, et le petit dernier dormait dans les bras de sa mère.
Alors il a fallu rentrer, par la seule rue qui traverse le village adossé à la falaise. Et là Francisco n’a plus rien dit.
La nuit, quand les murs se resserrent,  Francisco, le vieux républicain, serre les dents. Il y a des histoires qu’il garde pour lui…

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