lundi 17 octobre 2016


Une Aube Incertaine


C’était une aube incertaine, où tout était envisageable. Il avait l’œil chassieux et les pieds en canard. Son pantalon trop long faisait des plis en accordéon, son pull était troué et il portait un cor de chasse à l’épaule. II m’a dit: « je m’appelle Nestor et je ne suis pas une métaphore, je ne suis pas  ton grand père non plus, même si je suis un petit peu mort;  je chasse  la brume et le souci, j’écoute les récits des pissenlits et je pose mes doigts sur le ciel. »
Je lui ai serré la main, elle était ferme et douce. Il sentait la terre et le tabac froid. Il m’ a dit encore: « Il faut se mettre loin pour regarder… ou près, parfois, dans les creux, dans les plis. »
 Puis il s’en est allé dans le brouillard. Un dernier reflet de la lueur du petit jour sur le cor, et il a disparu.
Alors je suis allé travailler, le cœur léger.
                                                                              (Campeaux, Calvados)

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