dimanche 31 janvier 2016


Les 103 marches de la Montée Saint Maurice


Jean est en bas des escaliers, hors champ, le coeur qui bat la chamade. Suzanne est en haut.
Il  ne distingue pas son visage, mais il est sûr que c’est elle. Lors de leur dernier échange elle lui a dit qu’elle serait vêtue de noir et porterait un sac blanc. Une description à l’ancienne. Il lui a répondu qu’il aurait une bande dessinée de Manu Larcenet sous le bras. Il a choisi « le retour à la terre ». Lors de leurs premières conversations sur Meetic, ils ont beaucoup parlé BD. Quand Suzanne lui a demandé une photo, il lui a envoyé un dessin avec Gaston Lagaffe. Elle a ri, et lui a renvoyé un dessin de Claire Brétecher. C’était un bon début. Voilà un mois qu’ils communiquent régulièrement sur internet. Jean ne pouvait plus la faire attendre, malgré ses éternelles hésitations.
Ils se sont donné rendez vous sur la promenade Jean Turc, en bas de la Montée Saint Maurice.
Il y a 103 marches. Jean est là, en bas, mais il hésite encore. Dés qu’il n’est plus derrière son ordinateur, il a la sensation que tout lui échappe, il se sent infiniment maladroit et ridicule.
Suzanne vient tout juste d’entamer la descente. 103 marches. « Respire Jean », se dit-il, « cette fois ci c’est la bonne ». 103 marches. Suzanne a une démarche souple, légère. Il n’y a personne d’autre. Jean est immobile. « N’est-ce pas trop tôt, ne sera-t-elle pas déçue, j’ai pris du poids ces derniers temps, Manu Larcenet, est-ce un bon choix, et si elle déteste ce dessinateur? ». 103 marches…

samedi 30 janvier 2016


Dans le noir


                        Pourquoi est ce parfois si difficile de sortir du noir et d’aller vers le monde?

vendredi 29 janvier 2016


Le toit


« Regarde papa, on dirait une aile, une aile d’ange, d’ange géant! »
Jules a sept ans. C’est la première fois que Pierre emmène son fils ici, au musée des beaux arts d’Angers. Pierre est charpentier, spécialiste des structures métalliques. Il était de ceux qui ont construit ce toit qui piège la lumière. Pierre caresse la tête de son fils. Sept ans, n’est ce pas l’âge de raison?
« Oui Jules, c’est pour ça que j’aime tant mon travail… »

jeudi 28 janvier 2016


Fièvre


C’est un hôtel du bout du monde, un hôtel pour les trafiquants, les chercheurs d’or, les clandestins, les amoureux éconduits, les écrivains en manque d’inspiration et autres aventuriers en tout genre.
Julienne, Cinquante cinq ans environ, le visage marqué, de grandes lunettes carrées, un gros grain de beauté sur le menton, tient sa maison d’une main ferme, tandis que son grand gaillard de fils passe son temps entre la chasse en forêt et son élevage de coqs de combats qu’on entend chanter toute la nuit.
Ce matin seul la chambre n°6 est encore occupée. Il est tard. Elle doit faire la chambre. Aucun bruit.
A l’intérieur un homme est allongé sur le lit, nu, immobile. Les draps sont moites. La climatisation ne fonctionne plus depuis longtemps. Quelques grenouilles ont élu domicile sous le rebord de la cuvette des wc.
Julienne frappe à la porte. Elle frappe de plus en plus fort. L’homme assommé par la dengue ne bouge pas. Julienne frappe toujours plus fort. L’homme ne peut pas ouvrir les yeux. Il entend bien quelques coups, lointains. Le ressac sans doute. Il ne peut pas bouger, ses membres sont lourds, lourds ; et puis il y a Brigitte Bardot, nue, à ses cotés, qui lui dit: et mes fesses, tu les aime mes fesses? Et lui qui n’a pas la force  de répondre. Et Julienne qui frappe de plus en plus fort….

mercredi 27 janvier 2016


La Bague


Il y a trente cinq ans, j’ai perdu sur cette plage une bague. C’était une bague d’amoureux. Une bague navajo en argent avec trois petits losanges de turquoises. Une bague pour un cowboy de papier. Nous l’avions achetée chez « El Paso » rue Saint Denis à Paris, une boutique pour ceux à qui il suffit de se coiffer d’un Setson et de chausser des Santiags pour sentir le vent du Texas.
Trois losanges de turquoise. Bleus. Le bleus de ses yeux. Toujours là, même s‘ils voient un peu moins bien…
Et si cet homme  seul sur la plage avec son détecteur de métal retrouvait la bague? Il serait sans doute heureux de sa trouvaille. Apres l’avoir parfaitement nettoyée, il la passerait à son doigt et instantanément croiserait la femme de sa vie. Puis à son tour il perdrait la bague qu’un autre retrouverait trente cinq ans plus tard, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la montée des eaux face disparaitre définitivement la plage…

mardi 26 janvier 2016


 La plage


Depuis que je sais marcher, j’arpente cette plage. Jamais la marée n’effacera nos souvenirs…

lundi 25 janvier 2016



 Rue du Mail


Fin d’aprés midi, un samedi, rue du Mail à Angers. Hors champ, un homme déguisé en carotte s’approche lentement. Seuls ses pieds, ses bras et son visage dépassent du costume orange surmonté d’une touffe d’un vert vif. Il rentre au restaurant après avoir arpenté la ville toute l’après midi en distribuant des prospectus. C’est Jeff. Sa journée est finie, de temps en temps il esquisse un petit pas de danse, un pas de danse pour son pote, Gilles, qui l’attend  devant le bar, comme d’habitude. Gilles et Jeff bossaient ensemble dans une imprimerie. Un jour, on a changé les machines et réduit le personnel. Jeff était l’un des premiers sur la liste, l’un des plus vieux, cinquante quatre ans. Pour l’instant c‘est tout ce qu’il a trouvé, carotte. Gilles, lui, a été épargné.
Alors le samedi il vient retrouver Jeff. Jeff laisse son costume au « Murmure des carottes » puis ils vont boire du whisky irlandais chez Lady L avec Gladys. Gladys, c’est une grande rousse avec un oeil de verre et des jambes à tomber par terre. Elle a fait le tour du monde, Gladys, avant de s’arrêter rue du Mail, alors elle en a des histoires à raconter. Elle a la voie rauque, le verbe haut et la gouaille d’Audiard. Gilles et Jeff, eux , ils n’ont pas dépassé les frontières de l’Anjou, mais c’est dans leur tête que ça se passe, des rêves comme s’il en pleuvait. Dés qu’ils sont ensemble, ça se tricote, et c’est parti pour une virée en terre inconnue.
Il fait bon vivre le samedi soir chez Lady L. Gilles, Jeff et Gladys sont comme les doigts de la mains, une main de gangster japonais ou de menuisier berrichon, une main à trois doigts.
Et là Jeff, Jeff le sandwich comme dit Gilles, Jeff, il est pas tout seul…

dimanche 24 janvier 2016



Le magnolia


 La rue est étroite. La chambre de Jacqueline est sombre. Les volets sont jolis, mais inutiles.
Jérome va bientôt rentrer. Jérome travaille dans une grande banque, c’est un homme important. Un bel homme, respecté, admiré. Qui pourrait soupçonner qu’un tel homme la frappe, qu’il la force à l’attendre chaque soir debout dans le vestibule parée de ses plus beaux bijoux. Chaque soir dans le vestibule, elle s’agenouille pour le déchausser, et le satisfaire s’il en émet le moindre désir.
Puis les coups pleuvent au grès de ses humeurs.
Jacqueline ne sort plus. Son teint pâle décuple les ardeurs de Jérome.
Alors, le jour, quand Jérome est à la banque, Jacqueline se penche à sa fenêtre et regarde le magnolia au bout de la rue. Reviennent les jardins de son enfance où garçons et filles jouaient à chat entre les arbres.
Chaque printemps Jacqueline se fait la promesse de partir quand le magnolia fleurira.
Mais elle est toujours là, terrorisée…



 Une île


C’est une île déserte au coeur de la ville. Là, tout est possible. Les timides n’ont plus peur et les mélancoliques n’ont pas honte de leurs larmes. On peut s’y embrasser sans mode d’emploi, à tâtons  et sans manières,  et on peut s’y faire les promesses les plus insensées…

vendredi 22 janvier 2016



 Des nouvelles


L’eau du fleuve a baissé. André a du mal aujourd’hui. Une grande fatigue, aucune envie.
Il se balance doucement dans son hamac sous le toit de tôle. Quelques planches bricolées au dessus de l’eau, voilà sa vie.
Mais il y a le chant du crapaud, celui du toucan et du grillon. Alors André s’extrait de son hamac, prend son carnet  et écrit: Commencer par donner des nouvelles…

jeudi 21 janvier 2016



Roméo et Juliette



Au pied de ce palais romain, hors champ, un vieil homme sec, aux cheveux blancs gominés, vêtu d’un élégant costume trois pièces clair à petits carreaux, lèche avec volupté un cornet de glace aux fruits rouges.
Et lorsque Juliette, sa Juliette, apparait au balcon, il lève les yeux et la contemple longuement, tandis que la glace fondante coule goutte à goutte sur son beau costume…

mercredi 20 janvier 2016


Puisqu'il le faut..


 Puisqu’il le faut un jour, je voudrais mourir ici, en Espagne,  sur cette plage, pas très loin de Guernica. Ce serait un jour sans vague. Je laisserais derrière moi ma vieille voiture, portières ouvertes, la radio à fond, je m’assiérais sur le sable face à la mer, je lisserais doucement mes dernières erreurs du plat de la main, et je fermerais les yeux tandis qu’Arno chanterait:
                                                  « …. Je veux vivre dans un monde
                                                  Où les chiens embrassent les chats
                                                  Et où… ils dansent ..
                                                  Ils dansent une rumba.
                                                  ….
                                                 Je veux vivre dans un monde
                                                 Où Dieu il est amoureux
                                                Je veux vivre dans un monde
                                                Sans chichis, et où... les cons
                                                Font pas de bruit.
                                               …. »                

mardi 19 janvier 2016



"La Fanette"


Ni l’hiver, ni la pierre n’ont de prise sur ce couple étendu au soleil. La jeune femme fait un selfie, tandis que je les photographie des berges du lac asséché. Et j’entends derrière le vent léger la chanson de Jacques Brel, La Fanette, « Nous étions deux amis et Fanette m’aimait… »…

lundi 18 janvier 2016


 Héros


Tapi dans l’ombre de la cahute, Quichotte attend son heure, prêt à jaillir sur sa Harley Iron 883…

dimanche 17 janvier 2016


Moment


                               J’aime le silence, la lourdeur de la terre, et la légèreté des herbes...

samedi 16 janvier 2016


Tango


Au 2 rue Sainte Marguerite, à Sainte Foy-Lès-Lyon, face à la  petite chapelle, habite Gédéon. Gédéon était un merveilleux danseur de salon, qui maintenant ne quitte plus sa maison. Il a quatre vingt ans et  ne tient plus sur ses jambes. Il dit, avec malice, qu’il a trop dansé.
Chaque matin, il lui faut du temps. S’extraire de son lit, faire sa toilette, s’habiller, il peut encore le faire tout seul, il lui faut seulement du temps. Gédéon est toujours impeccable quand il vient s’asseoir sur son fauteuil Voltaire derrière la fenêtre après deux heures de préparatifs. Les cheveux blancs lissés au gel vers l’arrière, vêtu d’une veste d’intérieur à rayures vertes et bordeaux, chaussé de ses souples mocassins vernis noirs, il s’installe avec gourmandise à son poste d’observation.
Le corps bien droit, caressant du bout de ses longs doigts le bois des accoudoirs, il regarde.
Alors, arrive Gisèle. Chaque jour de beau temps, Gisèle monte jusqu’à la chapelle. Gisèle, c’est un corps, un corps énorme, une image de Botero, un corps qui se déplace lentement mais avec une grâce infinie. Et Gisèle s’assoit sur le banc, ouvre son manteau, découvre ses épaules et un décolleté vertigineux.
Gédéon se voit grain de lumière effleurant l’opulente poitrine, s’entend gémir comme craque le bois sous le vaste fessier. Il voudrait ouvrir grand la fenêtre, mettre un disque de Carlos Gardel et descendre inviter Gisèle à danser. Son corps maigre accroché à cette montagne mouvante, ils danseraient jusqu’au crépuscule sous la statue de la vierge au frontispice de la chapelle Sainte Marguerite…

vendredi 15 janvier 2016


 Impasses

                                           
                                  Si nous comptions toutes les fois où nous avons fait demi tour,
                                  Si nous y retournions voir ce qui a poussé entre les pavés,
                                  Ceux qui rêvent au pied des murs,
                                  Ceux qui restent, installés dans le creux de nos pas,
                                  Si....


jeudi 14 janvier 2016


 Trois huit


Justine vient de passer. Vingt trois heure trente, Justine court, tout autour de l’usine. Elle court jusqu’à épuisement. Epuisement des pensées, épuisement du désir.
Quand Pierre est de nuit à l’usine chimique de Pierre Bénite, le lit est vide, la maison est vide, le silence pesant.
Ce petit ronflement dans l’oreille quand il se colle contre elle après l’amour, c’est si bon. Il s’endort toujours le premier. Elle garde les yeux ouverts, écoute sa respiration, parcourt en pensée chaque point de contact de leurs deux corps enlacés, et le sommeil vient, comme le reflux lisse le sable.
Alors, quand Pierre est de nuit, plutôt que de se tourner et retourner dans un lit froid, elle enfile son jogging jaune, ses baskets noires, et part dans la nuit courir tout autour de l’usine dont Pierre est le centre…

mercredi 13 janvier 2016


 13 Janvier, 13h25


                                         Divonne-Les-Bains, Mercredi 13 Janvier 2016, 13h25
                                                     L'enfance sera notre ultime rempart...


 "Je vis parce qu'il est agréable de vivre."


Une chambre d’hôtel dans une zone industrielle,
                                          Quelques mots de Tarkos glanés ce soir,
                                          « Je vis parce qu’il est agréable de vivre »,
                                          La pluie encore de plus en plus froide,
                                          Le bleu de ses yeux et la douceur de ses mains,
                                          Ma seule prison est l’amour,
                                          Mon dieu qu’elle est belle cette prison!

lundi 11 janvier 2016


L'ombre


 Un beau voyage. Et pourtant cette ombre sur le visage de mon père, présage de nos silences…

                                                                                           (photo Jacqueline Carrive)

dimanche 10 janvier 2016



Roman noir


Dimanche soir. La ville semble déserte. Le train roule lentement, en grinçant, de La Part Dieu à Perrache. Je suis seul dans le wagon. J’entrouvre un nouveau livre, un roman noir, un roman sans lune, où il pleut du début à la fin, une pluie froide, une pluie qui cingle, un roman où des hommes et des femmes éteignent leurs lumières et s’évaporent dans la nuit, définitivement…

samedi 9 janvier 2016


 Cailloux


Un homme vient de passer. Il boitillait. Il s’est arrêté,  il a ôté de sa chaussure le minuscule gravier qui le blessait, il l’a délicatement posé au sommet du monticule, et il est reparti, tellement plus léger…

vendredi 8 janvier 2016



Madone


La madone de pierre veille sur le chemin. Son visage incliné sera celui de ton aimée. Confie toi, aussi légèrement que possible, pour ne pas rompre ce fragile équilibre…

jeudi 7 janvier 2016



Hotel "Première Classe"


L’homme est allongé sur le lit, Hors champ. La télévision est allumée, commémorations, peurs, pleurs; celui qui a vu du balcon du troisième étage à deux cent mètres parle. Il n’a pas vu grand chose, mais il est bavard… L’homme ne regarde plus, n’écoute plus. Il regarde ses pieds, nus. Il pense à ses parents qui ont beaucoup marché tout au long de leur vie. Ils seraient sans doute fier de le voir au volant de son semi remorque. Ce soir c’est le grand luxe. Il ne dormira pas dans sa cabine, mais dans une chambre d’hôtel, un hôtel  « Première classe »... Il lui fallait un lit, un vrai. Il commence à se lasser de ces cadences infernales. La chambre n’est pas bien grande mais les murs sont blancs, les draps sont blancs, presque tout est blanc. Ça lui fait du bien, tout ce blanc.
Il a coupé le son de la télévision. Il a du mal à garder les yeux ouverts. Quand il les rouvre en sursaut, il voit les gens  sortir de l’écran et danser sur le mur. C’est joyeux. Les âmes des voyageurs lui tiennent compagnie. Il se sent moins seul que dans la cabine étriquée de son camion.
Maintenant, sur l’écran, il y a une femme blonde avec des yeux très bleus. On dirait qu’elle chante.
Elle va se pencher vers lui, lui souhaiter une bonne nuit, c’est sur, elle semble si douce…

mercredi 6 janvier 2016


Cabanes  2


C’est sa cabane « d’orphelin ». C’est là qu’il vient le petit Paul quand son père part en voyage. Son
père est parti hier, en Afrique. Il part de plus en plus souvent, de plus en plus loin. Il est géologue. Il recherche de nouvelles ressources énergétiques lui a-t-il dit. Paul ne sait pas trop ce que ça veut dire. Ce qu’il sait, c’est que son père est très loin et sa mère très inquiète. Et l’inquiétude devient nervosité. Alors Paul se fraye un chemin dans les genets pour entrer dans sa cabane au bout du champ, derrière la maison. Là, il joue avec les pierres que son père  lui rapporte  de ses voyages.
La dernière , c’est une lapis-lazuli en forme de haricot, un beau bleu, comme les yeux de sa mère.
Chaque départ, Paul a le coeur qui se serre et en même temps il pense à la pierre à venir.
Alors dans la cabane, avec ses pierres, il reprend des forces  et rentre avant la nuit pour apaiser sa mère…

mardi 5 janvier 2016



Cabanes  1


C’est un jeu. Trois enfants murmurent dans la cabane. Des chasseurs les cherchent. Ils se sont enfuis de l’orphelinat après avoir poussé la mère supérieure dans la fosse à purin. Ils ont marché toute la nuit, ils ont du voler du pain et des oeufs dans une ferme. Il y a là un garçon de huit ans et ses deux soeurs, l’une a dix ans, l’autre six. Ils partagent leur butin avec solennité. Ils sont libres!
Ce n’était qu’un jeu. Nous étions trois enfants de bonne famille en vacances, avides de liberté, complotant dans une cabane de planche au milieu d’un petit bois derrière le « château » de ma grand mère…

lundi 4 janvier 2016



Aux Champs Elysées


Il pleut sur les Champs Elysées. Elle ne viendra plus. Il roule, ivre. La grande roue, là bas, tout au bout de l'avenue , la grande roue illuminée de bleu, blanc et  rouge est comme la cible d'un jeu de tir démesuré...

dimanche 3 janvier 2016



Regards


C’est un regard. Un regard éperdument  amoureux. Le regard de Liangzi face à Tao en train de se maquiller pour la fête du printemps. Ce regard m’a bouleversé. Il contient toutes les histoires d’amour depuis la nuit des temps. C’est une des premières images du film de Jia Zhang-ke, Au delà des montagnes. Liangzi et son ami Jinscheng aiment la même femme,Tao.
Sans doute garderais-je ce regard en mémoire, comme j’ai gardé précieusement celui de cette femme au Cap Vert dans le documentaire de Chris Marker, Sans Soleil. Cette femme est assise contre un mur, dans un marché. Chris Marker la filme, la caméra est proche, la femme cache ses yeux derrière ses mains. La caméra ne bouge pas, le réalisateur ne brusque rien mais reste là, ouvert. Alors lentement la femme baisse ses mains et dévoile l’un des plus beaux regards que  je n’ai jamais vu.
C’est pour cela que j’aime tant le cinéma.
                                                     
                                           (Image extraite du film de Jia Zhang-ke, Au delà des montagnes)

samedi 2 janvier 2016



la Complainte de Suzanne


                                                   Je suis si lasse, ne me laisse pas
                                                   Avant que la nuit ne s’efface
                                                   Ne me laisse pas seule dans le noir
                                                   Si mon visage affaissé t’agace
                                                   Tourne toi mais ne me laisse pas
                                                   Donne moi ton dos jusqu’à demain
                                                   De la nuque jusqu’en bas
                                                   Laisse moi contre toi respirer ton histoire
                                                   Boire encore à ta mémoire pour continuer mon histoire
                                                   Je suis si lasse seule dans le noir

vendredi 1 janvier 2016



Première promenade


Sur les hauteurs de Feucherolles. Première promenade de l’année. Nous marchons, paisibles, elle et moi. L’air est pur, les lignes sont parfaites. Et de derrière ces arbres, s’apprêtent à surgir avec un grand « Bouh », comme  quand nous jouions enfants, tous ces personnages qui hantent mes histoires…