mardi 3 janvier 2017


Le Pot


Quand il n’y a pas de fleur, on met dans les pots toutes les petites choses qui ne servent pas mais qui serviront un jour: cailloux, épingles, clous, cartes de visite, lime à ongle, taille crayon, porte clef, horaire des marées, boite de cachous, pochette d’allumettes, lacets,  pièce de métal qui doit bien venir de quelque part, bouchon, pince à linge, numéro du plombier, boite de Doliprane qui sera périmée lorsqu’on en aura besoin, élastiques, boutons, pièces de un centime, boucle d’oreille orpheline…
Quand ils sont dehors, à côté des portes ou des fenêtres,  on y cache les clefs, dedans ou dessous. Les clefs pour l’ami qui viendra en notre absence, les clefs pour l’étourdi, les clefs pour celui qui nourrira le chat pendant les vacances. On sait que ce n’est pas une bonne cachette, mais ce n’est pas grave. Plus on craint le voleur plus on l’attire.
Quand j’étais enfant, il y avait sur la table de la salle à manger un grand pot de céramique décoré de jaune, orange et vert - je ne me souviens que des couleurs, pas des motifs - coiffé d’un couvercle, comme ces anciens pots de pharmacie. À l’intérieur, il  y avait un trésor. Trop petit, je ne pouvais pas l’atteindre, et même en montant sur une chaise, le pot était trop lourd. Alors je demandais et solennellement maman ouvrait le pot et en vidait le contenu sur le tapis. C’était des bobines de fil vides en bois de toutes tailles, le plus merveilleux des jeux de construction.

(La Martelière, Vaucluse, 29 décembre)

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