samedi 7 janvier 2017


Une Maison


Parfois, des inconnus nous sont immédiatement sympathiques, avant même  le premier mot échangé. Dans certaines maisons, on aimerait y habiter avant même d’avoir franchi la porte.
Est-ce seulement la lumière du soir qui se pose sur les murs en touches légères, ou l’architecture aux apparences banales mais dont quelques détails, la porte à l’étage, le décalage entre les deux bâtiments créent un infime mouvement, ou encore l’énergie tellurique des lieux aux vertus apaisantes, qui me rendent cette maison si sympathique. Sans doute les trois à la fois.
J’y vois des enfants courir autour, j’y vois une fillette qui commence à peine à marcher, se précipiter dans les bras de son père de retour du travail en criant papa, j’y vois un bol de café au lait fumant sur la toile cirée à carreaux bleus, j’y vois une femme à la fenêtre, j’y vois un vieil homme penché sur son potager, j’y vois  dans un lit à barreaux un bébé qui dort les genoux repliés sur la poitrine, les fesses en l’air, le visage sur le coté, ravi, j’y vois un adolescent qui pleure dans sa chambre, j’y vois un homme et une femme qui lisent, côte à côte, en silence, j’y vois un vieux téléviseur carré qui diffuse « les histoires sans paroles », j’y vois une jeune fille qui étudie sur la table de la salle à manger, j’y vois un père qui fait la sieste, allongé sur le ventre, sa petite fille sur son dos, elle aussi dormant sur le ventre, tétine dans la bouche, j’y vois le porte manteau à l’entrée où pendent les vieilles vestes à carreaux que l’on ne met que pour le jardin, j’y vois un homme qui éteint la lumière en disant bonne nuit mon amour...
L’espace d’un instant, j’y habite.

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