jeudi 20 juillet 2017


Écrire


C’est au musée de la collection Lambert, à Avignon, une des salles de la très belle exposition de la collection d’art contemporain d’Agnès B. La jeune femme écrit sur un cahier d’écolier, une écriture serrée, raturée. Je ne peux pas m’empêcher de jeter un œil en passant. Ces pages noircies sont un bloc d’énergie.
Dehors, il fait chaud, les gens courent d’un spectacle à l’autre, s’interpellent dans les files d’attentes, se retrouvent, s’embrassent, s’enthousiasment, se disputent, partout il y a de la musique et des cris, on ne lit plus les tracts distribués à chaque instant.
Je viens de voir un spectacle d’une grande intensité, Prison Possession de et par François Cervantes à partir de ses correspondances avec Erick Ferdinand. On y parle de la prison, de l’isolement, de l’indicible, de l’écriture.
Après le spectacle nous fuyons le bruit de la ville au musée de la Collection Lambert.
Il y a cet jeune femme, une surveillante, qui couvre son cahier avec cet air renfrogné.
Je repense à François qui à treize ans ne dit pas un mot et se lève la nuit pour écrire, à ce détenu qui « s’est évadé dans un texte, là où personne ne pourra le chercher ».
Je pense à tous les journaux intimes où se percutent les mots de jeunes gens en colère.
Et ce moment, cette image, sont d’une grande douceur.

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