mercredi 28 février 2018


Le cow-boy du verglas


(Lusignan-Petit, Lot-et-Garonne)

Départ d’Hendaye à six heures trente. Il neige, les routes sont déjà blanches. Première côte, je suis coincé, la voiture est trop chargée. Je mets les chaînes. Il me faut une bonne demi heure dans la pente, je suis trempé par la neige. La branche de mimosa cueillie hier ne tiendra pas longtemps.
Je repars. Il me faut deux heures pour faire vingt kilomètres, partout des voitures en travers, dans le fossé. Avec les chaînes je passe. J’arrive dans l’école où je dois faire le spectacle ce matin. La directrice n’est pas encore là. Je monte mon décor, je dois jouer dans un quart d’heure. la directrice arrive, m’annonce qu’il va falloir annuler, il n’y a qu’une quinzaine d’enfants, impossible de circuler ce matin. Je remballe. Je dois maintenant rouler jusqu’à Villeneuve-sur-Lot où je joue demain matin. 230 km. Il me faudra  six heures. Les autoroutes sont fermées, partout les camions sont bloqués, il faut parfois se faufiler pour passer, chaque côte est une victoire, je me dis que cinq minutes plus tard  je ne passais pas. Plusieurs fois je descends pour aider à pousser les voitures bloquées. Dans un virage un couple de petits vieux est parti dans le fossé, rien de grave, mais ils sont tellement paniqués qu’il n’arrivent pas à ouvrir leur portière. Partout des camions, des camions, ils ont des cadences à respecter, tentent de forcer le passage et restent coincés.  Certains chauffeurs prennent leur mal en patience, d’autre non. J’ai parfois l’impression d’avoir un petit aperçu du jour où le monde fera un AVC ou un infarctus. Les vaisseaux pètent, ça ne circule plus, on bégaye, on ne tient plus debout. À cet instant un chauffeur descend de son camion, glisse sur le verglas et s’étale de tout son long en jurant. Je roule coûte que coûte, je suis le cow-boy du verglas, l’aventurier des grands froids. Voilà une semaine qu’on nous dit qu’il va faire froid. Rien qu’en écoutant la radio, t’as déjà froid. Et j’entends maintenant qu’au pôle Nord la température est de trente degré au dessus des normales de saison. Ca glisse mon bon monsieur, ça dérape, faut lever le pied.  Ce matin j’ai vu un homme en ski de fond dans les rues d’Anglet, et là sur les routes enneigées des landes je vois des hommes balayer devant les roues de poids lourds comme les joueurs de Curling.
A quarante kilomètres d’Agen, les routes sont enfin dégagées, mes épaules se détendent. J’ai éteint la radio, je n’en peux plus des infos en boucle.
J’arrive à Lusignan-Petit où j’ai réservé une chambre d’hôtes. Quand je vois la chambre j’éclate de rire. Il y a même un faux feu. Je vais être bien là. Je vais reprendre la lecture du livre de Pete Fromm, Indian Creek, où il raconte son premier hiver en solitaire au coeur des rocheuses.

mardi 27 février 2018


Le banc des maîtresses


(Soustons, Landes, 26 février)

Le banc jaune, le banc des maîtresses. Pendant la récréation Victor reste là, debout à coté du banc, à coté de la maîtresse. Victor vient d’arriver, il ne parle pas français, tout l’effraie. Il n’ y a que la main de son institutrice qui le rassure, une main douce, pas aussi douce que celle de sa mère, mais douce quand même. A l’annulaire, il y a une bague avec un grenat rouge sang, une goutte de sang comme quand on se pique aux ronces ou aux barbelés. Quand Victor se pique, sa mère aspire le sang, de ses lèvres soyeuses. Il est certain que l’institutrice ferait pareil, mais ici il n’y a ni ronces ni barbelés, juste un monde qu’il ne connaît pas encore.

lundi 26 février 2018


Poids


(Hendaye)

Que portait-il de si lourd, l'homme qui tournait en rond sur le sable?

dimanche 25 février 2018


Miniature éphémères
L'homme qui murmurait à l'oreille des escargots


J’ai coupé la fleur morte et l’ai posée sur le buffet. Il y avait en son cœur un minuscule escargot qui semblait aussi sec que les pétales. Un rayon de soleil a effleuré la coquille, le colimaçon s’est réveillé et j’ai chanté une chanson bête.

samedi 24 février 2018


Shakatac shakatac shakatac
Procrastination


 (Sur le fleuve Kourou, Guyane, 21 avril 2013)


Un rocking-chair
qui fait shakatac shakatac
sur le parquet
un homme qui parle tout seul
je vais faire ci je vais faire ça
je vais aller là et puis là-bas
un train qui passe
et l’homme qui dit
c’est pas fini
j’ai pas tout dit
c’est pour mardi
shakatac shakatac shakatac
le soleil qui s’en va
la nuit qui dit rien
le matin qui revient
shakatac shakatac shakatac
je vais faire ci je vais faire ça
il va bien falloir
mais il va pleuvoir
alors c’est comme ça
et le train qui repasse
et l’homme qui s’balance
shakatac shakatac shakatac
je vais y aller
il le faut bien 
ce n’est pas rien
mais fait trop chaud
j’suis pas un chien
shakatac shakatac shakatac
la gouttière est percée
mes chaussettes sont trouées
pourtant j’ai pas bougé
je fais que penser
il faut que ça cesse
shakatac shakatac shakatac
n’attends pas dimanche
retrousse tes manches
et lève ton cul
ton vieux te regarde
shakatac shacatac et merde
déjà minuit
il fait trop noir

vendredi 23 février 2018



La porte du diable


(Venise, quartier Cannaregio, 24 janvier)

En passant devant la porte du diable, Nina serre fort la main de sa mère. La maison semble abandonnée mais elle voit bien à l’aspect lisse et brillant de la poignée que quelqu’un vit ici.
Nina a peur, et en même temps elle a une terrible envie d’aller voir ce qu’il y a derrière.

jeudi 22 février 2018


Une Rose


(Torcello, Italie, 24 janvier)

De retour après tant d’années, la première chose qu’il vit aux grilles du jardin, c’est une rose sans épines en forme de baiser.

mercredi 21 février 2018


La Tour des Lilas


(Pantin, Seine-Saint-Denis, 8 février)

Un matin à pantin madame Martin a glissé sur le verglas. À plat sur le dos, en voyant la tour des Lilas, elle a pensé à Nicolas qu’on appelait Toupie quand il tournait sur sa chaise.
Nicolas est arrivé, en voulant l’aider  il a dérapé, Il est tombé le cul sur madame Martin. En voyant la tour des Lilas il a pensé au docteur qui venait de le piquer.
Le docteur est arrivé, il leur a tendu la main et a ripé  sur la glace. À la renverse sur Nicolas, en voyant la tour des Lilas il a pensé à Léa qui a des nichons doux comme du coton.
Léa est arrivée, en leur portant secours, elle a chuté à son tour, le derrière sur le docteur. En voyant la tour des Lilas, elle a pensé à Georges Clooney dans le film Gravity.
Georges Clooney est arrivé, contre toute attente, il n’a pas fait mieux et a atterri le nez sur le nombril de Léa.

mardi 20 février 2018


Retour de Guyane


Bois flottés de Remire-Montjoly
Os de poisson chat de Kourou
Plumes du jardin

Cet assemblage date de 2007, fait au retour de mon premier voyage en Guyane.  Là-bas quelque chose m’avait saisi qui ne me lâchera plus. J’ignore ce que c’est. C’est physique, quelque chose qui a à voir autant avec les origines qu’avec la fin d’un monde. Voilà deux ans que je n’y suis pas retourné, son parfum me manque.

lundi 19 février 2018


L'Hortensia


En bas de chez moi, dans un carré de terre coincé entre trois murs sales, il y a un hortensia solitaire.
À la fanaison, les fleurs n’ont pas été coupées. L’automne est venu, les pétales ont séché. Puis  ce fut l’hiver, les pétales se sont désagrégés. Il a neigé, la neige a fondu, il  ne reste aux extrémités des tiges que les veinules des pétales tandis que plus bas déjà les pousses vertes apparaissent.
Séduit par la beauté de cette fragile dentelle, j’ai coupé l’une des fleurs, et l’ai posée sur le vieux coffre de bois. Il a suffit d’un rayon de soleil pour qu’apparaisse le massif d’un bleu éclatant au pied de la maison de ma grand mère au bord de la mer, ma grand mère qui jamais ne se départait de son sourire.


(Vaucresson, 18 février)

dimanche 18 février 2018


Miniatures éphémères


Corée du sud

samedi 17 février 2018


Le poste de secours de Langrune-sur-Mer


(Langrune-sur-Mer, 15 février)

Le poste de secours de Langrune-sur-Mer a été repeint
c’est un bel endroit pour un rendez-vous
L’horloge fonctionne
mais je n’attends personne

vendredi 16 février 2018




( Îles de Mazzorbo et Burano, Italie, 24 janvier)

Entre Mazzorbo et Burano
je vais sur l’eau
délesté de toutes pensées

jeudi 15 février 2018


Les Valseuses


(Luc-sur-Mer, Calvados)

 Luc-sur-Mer. À midi je mange dans une brasserie en bord de mer. À ma droite une femme regarde manger son vieux père. Tu te souviens des Valseuses, papa, dit-elle, c’est là dans cette brasserie peut-être à cette table qu’a été tournée la scène où Patrick Dewaere et  Gérard Depardieu regarde manger goulûment Jeanne Moreau sortie tout juste de prison. Je regarde autour de moi, les images du film me reviennent. Il y avait ce ton extraordinairement libre.
Après le déjeuner je marche sur les traces des personnages du film. C’est l’hiver, il y a peu de monde. J’ai toujours aimé l’atmosphère des stations balnéaires hors saison. J’ y éprouve un intense sentiment de liberté. Il y a tant de place à la rêverie.
C’est en 1973 qu’a été tourné Les Valseuses, j’avais dix huit ans et une folle insouciance.
Je marche sur le sable, jusqu’au ponton de bois. Il y a quarante ans j’aurais sans doute vu à la place de ce poste d’observation au centre du ponton, un objet volant conduit par une étrange créature. Maintenant, en 2018, j’ y vois avant tout un de ces miradors érigés aux angles des prisons.

mercredi 14 février 2018


Blue Lady


(Venise, Quartier Castello, 23 janvier)

Il n’est pas venu à Venise depuis si longtemps. Donatello avait relégué la cité des doges et ce qu’il y avait vécu au fond de sa mémoire, l’avait recouvert d’un voile blanc.
C’était en 1983, Ada tenait un vestiaire à la Fenice.  Après une représentation du ballet de Carolyn Carlson, Blue Lady, à laquelle il venait d’assister, Donatello ému aux larmes avait attendu que se vide la salle avant de se lever. Il fut l’un des derniers à récupérer son pardessus au vestiaire. Un pardessus et un chapeau noir. Déjà Donatello s’habillait ainsi, en noir, slip, chaussettes, chemise, pantalon, veste , pardessus, chapeau, tout en noir. Ada avait tendu ses effets à l’homme aux yeux rougis, tandis que celui ci la regardait fixement. Ada était une grande blonde au menton carré, les cheveux courts, un long cou, un cou fait  pour les baisers. Elle portait une robe noire, comme toutes les employées du théâtre. Donatello la regardait immobile. Elle avait quelque chose de Carolyn Carlson, en plus rude. Elle lui a demandé si ça allait, il lui a répondu en bégayant qu’il venait  de voir l’une des plus belles choses qu’il ait jamais vue et qu’il avait une terrible envie de danser. Moi aussi, a-t-elle dit, j’ai une terrible envie de danser. Ils ont ri et sont allés danser sur la place Saint-Marc. Danser, tourner en silence dans la nuit, retrouver les gestes répétitifs de Blue Lady, des gestes qui emportent, des gestes qui effacent, la joie au bout des doigts. La lune était pleine, il y avait ces deux silhouettes noires qui virevoltaient sur la pierre claire.
Ada a conduit Donatello jusqu’à son appartement de la rue Garibaldi, dans un immeuble qui fait l’angle au bout de la rue face au canal San Marco.
Donatello est resté là trois jours sans sortir. Ils s’aimaient toute la journée, le soir elle partait au théâtre, à son retour ils s’aimaient à nouveau. Jamais ni l’un ni l’autre n’avait aimé avec autant d’intensité. Une faille s’était ouverte dans leurs vies respectives, il y avaient plongé avec volupté.
Une nuit elle n’est pas rentrée. Le lendemain matin elle n’était toujours pas là, à midi non plus. À  dix-neuf heures il est allé au théâtre. Elle n’y était pas. Le lendemain non plus, ni les autres jours.
Un matin, après avoir erré toute la nuit, en revenant vers la rue Garibaldi, il a vu la police sortir un corps du canal, juste en face de l’immeuble, un corps de femme, blonde, avec une robe noire.
Atterré,  convaincu que ce ne pouvait être qu’elle, il a fait demi tour sans dire un mot. Le soir même il prenait le train pour Rome.
Là il a retrouvé ses amis, il a repris son travail, Donatello peignaient des lettres sur les enseignes publicitaires.
Il travaillait comme un forcené et le soir buvait jusqu’à ce qu’il ne tienne plus debout.
Il lui a fallu plusieurs années et d’autres amours avant d’oublier Ada, une fille dont il n’a rien connu d’autre que le goût de la peau et la beauté des gestes. Jamais il n’avait osé revenir à Venise.
Trente ans plus tard, dans un petit théâtre d’Avignon, il a vu un homme danser sur l’un des thèmes musicaux de René Aubry, un thème présent dans Blue Lady. C’était un spectacle d’après des nouvelles de Maupassant. Donatello aimait beaucoup cet auteur français qui faisait la part belle au jeu du hasard et du fantastique. Sur la musique de René Aubry, l’acteur racontait la frénésie des marins dans un bordel marseillais et dansait comme ils avaient dansé avec Ada sur la place Saint-Marc. Il sut alors qu’il pouvait revenir à Venise.
Donatello est arrivé hier. Il a pris une une chambre au Palazzetto Madona, il a choisi l’hôtel au hasard, Madonna, ça lui plaisait, c’est tout. Il s’est levé tôt, puis a marché jusqu’à la rue Garibaldi.
Rien n’a changé, même les pigeons sont les mêmes. Il s’est assis sur une bite d’amarrage sur le quai face à cette immeuble où trois jours avaient été mille ans. Il a sorti son carnet de croquis et a commencé à dessiner la belle perpective des bâtiments face au canal.
Le temps est radieux. Donatello dessine avec précision, les moindres détails, les balcons ajourés, les linteaux ornementés, les volets entrouverts, les cheminées évasées, les antennes de télévision.
Soudain il voit une femme ouvrir une fenêtre, s’avancer sur le balcon, une femme aux cheveux blancs, grande, avec un long cou, vêtue de noir.
Donatello laisse tomber son crayon…

mardi 13 février 2018


Les matins froids


(Louviers, Eure)

Ce matin il faut pisser sur la portière pour dégeler la serrure. Je roule avec précaution sur les routes gelées. J’arrive au petit jour dans une banale cité pavillonnaire de Louviers, je me gare au bout d’une rue, au-delà c’est la campagne. Aujourd'hui c’est là que j’officie, à l’école  Les Cassades. Le vent est glacial, les oiseaux se taisent. Je fais une Nième photo de matin froid. Une femme descend la rue traînant son enfant par la main. L’enfant porte une capuche auréolée d’une énorme fourrure rouge. En passant devant ma voiture, la mère dit: regarde, c’est le monsieur du spectacle.
L’enfant lève la tête, me sourit, lâche sa mère et se met à courir vers l’école.
En déchargeant les lourdes caisses, je me dis que j’aime ça, les matins froids. Ce ne sera pas la dernière photo.

lundi 12 février 2018


Rebonds


(Criel-sur-Mer, Seine-Maritime)

Le froid pique, et pourtant j’ai la sensation que l’hiver a déserté
Il y a là à Criel-sur-Mer une idée du Mexique
Un jeune homme tape sur sa balle en regardant vers l’Amerique
Inlassablement la balle rebondit sur le bitume glacé

dimanche 11 février 2018



Miniatures éphémères


En attendant le dégel...

samedi 10 février 2018


Matin d'hiver


(Vaucresson)

Le premier rayon de soleil sur le bouquet de lys
le parfum du café chaud
ses pas dans l’escalier
dehors la neige, encore la neige

vendredi 9 février 2018


Neige et Mojito


(Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane, mai 2009)

Ce matin répétition à dix heures à Montreuil. Neige et verglas, conditions de circulation difficile, je pars à sept heures. Évidemment, il n’y a personne sur la route et j’arrive très en avance. Je marche au petit jour dans les rues de Montreuil, les volets s’ouvrent, les fenêtres s’allument, quelques passants emmitouflés marchent avec précaution sur les trottoirs verglacés. On part travailler, on conduit les enfants à l’école, on gratte les pare-brises, on prend son temps, on joue un peu avec la neige. Les voitures stationnées sont comme des tartes au citron meringuées, les rues couvertes de sucre glace. Une glissade et les bras battent l’air. Une femme promène un chien chaussé de petites bottes, un homme grelotte sur un pas de porte, un enfant lance une boule de neige sur son père.
J’entre dans un bar. Le Mojitos, chapeaux de paille accrochés aux murs, néon rouge, publicité Despérados, au plafond, drapeaux breton, cubain, américain, canadien, algérien, sur une vitre l’affiche du prochain concert rock avec les Frankistadors.
Il ne m’en faut pas plus pour balayer la neige d’un revers de main, convoquer les vieux potes Rick Delaveine, Bernard Leduc,  et Johnny Walker sur les bords du Maroni, et ne rien faire d’autre que  regarder passer les pirogues,  et refaire le monde  au tempo lent du grand fleuve.

jeudi 8 février 2018


Un petit air penché


(Burano, Italie, 24 janvier)

Elle aime la couleur et me regarde souvent avec un petit air penché. Que c’est bon de marcher avec elle dans les rues de Burano.

mercredi 7 février 2018


Le Monstre de Nerbis


(Nerbis, Landes 2 février)

Son grand frère lui avait affirmé qu’un monstre vivait  tapi au fond de l’étang. Chaque jour, caché dans les ronciers Ferdinand attendait que paraisse la créature. Il ne vit jamais le monstre mais acquit une remarquable connaissance des brumes et des berges.

mardi 6 février 2018


Neige


(Noisetier sous la neige, Vaucresson)

Il a neigé tout la journée. Je descends au jardin avec la même excitation que j’avais enfant lorsque chaque matin d’hiver, au réveil, avant toute chose, je me précipitais à la fenêtre pour voir s’il avait neigé durant la nuit.
Les bambous ploient jusqu’au sol, le figuier, l’érable et le poirier soudain se ressemblent, je secoue le néflier afin de l’alléger, les perce-neiges, jonquilles et primevères qui déjà pointaient leur nez, ont disparu.
Il y a dix centimètres de neige sur la chaise et le banc. Je reste debout immobile. Dans le silence je cherche des traces sur la neige. Quand nos enfants étaient petits, ils s’allongeaient sur le dos dans la neige vierge, dépliaient leurs bras en balayant la neige, et se relevaient promptement en disant qu’il y avait là les traces d’un ange.

lundi 5 février 2018


Hiver


  (Vaucresson)

On se les gèle.

dimanche 4 février 2018


Miniatures éphémères
Un salut


(Travaillan, Vaucluse, 28 décembre 2017)

Un salut d’entre les herbes, 
c’est là que parfois
je me réfugie.

samedi 3 février 2018



(D352, entre Mugron et Toulouzette, Landes)

Sur la route de Toulouzette
L’envol d’une chouette effraie
Entre deux mondes

vendredi 2 février 2018


Une Biche

 
Ce matin, j’ai heurté une biche sur la route. L’animal dans les phares, un écart, un choc métallique, la dépouille sur le bitume. J’ai tiré la bête sur le bas côté, j’ai regardé ses grands yeux vides, puis je suis resté là immobile sur le bord de la route, jusqu’à ce que le soleil se lève et que mon cœur s’apaise.


(Sur la D332 entre Tartas et Mugron, Landes)

jeudi 1 février 2018


La nuit se lève

 


Un jour 
j'attraperai la lune
et je te la rapporterai dans un écrin de soie
mon amour


 (Hendaye, 30 janvier)