Onoda san
(Montmédy, Meuse, 27 juillet, 16h 45)
C’est un modeste palais aux richesses insoupçonnées adossé à la forêt.
Un de ces cinémas devant lequel, enfants , nous faisions la queue le cœur battant.
J’ai fait cette photo la semaine dernière, le cinéma était fermé.
J’imaginais alors une porte à gauche de l’écran. Il manquait le s au mot sortie au dessus de la porte. Ortie, un pâle boitier lumineux qui grésille. En ouvrant la porte, on entrait dans le bois, et celui ci pouvait être Jungle tropicale, Forêt de Brocéliande, Forêt des Appalaches ou d’Alaska,
Bois de Boulogne ou de Sherwood.
Après un moi et demi de vie quasi monastique, il fallait bien ça pour interpréter un moine, me voici de retour à la maison. Et bien sûr je me précipite au cinéma, nous en avions tellement manqué cette année de pandémie.
Onoda. C’est le film que j’ai vu cette après-midi, dans un cinéma de Versailles. Un film de Arthur Harari qui raconte l’histoire d’un soldat japonais resté trente ans, de 1944 à 1974, dans la jungle d’une île des philippines, persuadé que son pays était toujours en guerre.
J’ai été bouleversé par ce film, sans bien identifier ce qui me touchait à ce point. Était-ce la folie héroïque de cet officier à qui on a interdit de mourir qui se donne à une guerre devenue fantôme?
Étaient-ce les liens étroits qui le lient a ses compagnons d’armes qui disparaissent les uns après les autres? Il me semble que c’est quelque chose d’encore plus profond, indicible, proche de la mystique, l’obsession de cet homme me paraissait si familière que je fus submergé d’émotion par la séquence où il réalise qu’il s’est trompé.
Ce soir, devant la photo du Lux, je vois Onoda san ouvrir la porte à gauche de l’écran, laissant entrer le parfum moite de la forêt tropicale, et tendre un mouchoir blanc au spectateur.