vendredi 30 septembre 2016



Vers L'Ouest 


Elle était seule dans le train qui filait vers l’ouest détricotant son ancienne vie à toute allure…

jeudi 29 septembre 2016


Dans la Forêt D'Ånnaboda


il y a longtemps, dans la forêt d’Ånnaboda un homme était parti cueillir des myrtilles en compagnie de sa fille qu’il chérissait plus que tout. Ce jour là, le sous bois était jonché de fruits. Le père, les mains rouges, ne cessait de remplir son panier, hypnotisé par cette abondance de baies. La fillette, elle, gambadait en s’empiffrant, s’éloignant de plus en plus de son père.
Quand le panier fut plein, le père leva enfin les yeux. Sa fille avait disparue. Pris de panique, il appela, de plus en plus fort, il courut à perdre haleine, changeant sans cesse de direction. Il s’écorcha aux branches, se blessa sur les pierres et  hurla jusqu’à ne plus avoir de voix.
Au bout de deux jours de quête éperdue il trouva sur la piste d’un ours quelques lambeaux de tissu ensanglantés.
Alors, il s’assit là sur la mousse et ne bougea plus, pleurant toutes les larmes de son corps. Il pleura tant  et si longtemps que ses larmes creusèrent un trou à ses pieds, et que son corps asséché devint rocher.
On raconte que depuis, dans la chaleur de ce trou, de nombreux enfants égarés se sont réfugiés et ont été retrouvés…

mercredi 28 septembre 2016


Une Mouche


Il passera par ici, elle en est sûre, il passera par ici dans sa Chrysler rose; alors elle a posé une mouche sur son visage lisse…
                                                                   (Brezolles, Eure-et-Loire, 25 septembre)

mardi 27 septembre 2016



Au Château de Villarceaux


Cette nuit, Denise a rêvé qu’elle découpait Aristide, son mari, et qu’elle le dévorait en petits morceaux cuits à l’étouffé. Elle s’est réveillée en nage. Sa joue lui faisait encore mal. La chambre était sans dessus dessous. Aristide était ressorti  après avoir vomi au pied du lit.
Alors elle a fait sa valise, elle a maquillé ses bleus et s’en est allée sans fermer la porte.
Au château de Villarceaux, elle a oté ses chaussures et a fait quelques pas dans l’herbe tendre.
La géométrie parfaite de ce jardin à la française lui faisait un bien fou.  Elle a marché doucement jusqu’à l’étang et elle a plongé  dans l'eau fraiche…

lundi 26 septembre 2016


Le Grain de sa Peau


Dans le silence du cimetière allemand de Champigny Saint André, j’entends  le fracas des bombes et sur la terre retournée je vois le jeune Hans allongé, l’uniforme déchiré, la peau à nue, le jeune Hans qui se demande ce qu’il fait là si loin de chez lui. Je vois le grain de sa peau et la vie  qui s’en va…

dimanche 25 septembre 2016


Miniatures éphémères
Rêve d'Automne 


Pour changer de vie, on lui avait dit de venir ici en fin d’après midi…

samedi 24 septembre 2016


"L'Aventure Commence à L'Aurore..."


Dans l’aube fraiche, Petit Pierre s’en va à l’école avec des souliers neufs et le cartable de son grand frère. Il allonge le pas, redresse le torse, et tient sa tête haute. Son appétit est sans limite…
                                                                                         (Prey, Eure, 22 septembre)

vendredi 23 septembre 2016


Contretemps


Ce matin, en venant prendre son service comme chaque matin, Josiane, l’assistante maternelle de l’école de Bois le Roi a trébuché sur son lacet défait. Elle s’est retrouvée le nez dans les lavandes plantées le long du trottoir. Aucune égratignure, mais soudain un nouveau point de vue, si…si.. différent.
Ce sont des enfants, surpris de voir Josiane allongée par terre, qui l’ont sortie de sa rêverie…

jeudi 22 septembre 2016



Quelque part...


La tôle battue par le vent
Cœur à l'abandon

mercredi 21 septembre 2016


Il y a des maisons dont personne ne veut...


Il y a des maisons dont personne ne veut. Jonas y est entré un soir d’été. La porte n’était pas verrouillée. Il a dormi  sur la pierre fraiche, son chien blotti contre lui. Douze heures d’un sommeil de plomb. Il y avait si longtemps…À son réveil il y avait l’exacte trace de sa silhouette dans la poussière. Il n’avait pas bougé de la nuit entière. Les murs épais l’avait protégé de ses cauchemars.
Alors, avant de repartir, Jonas a méticuleusement nettoyé le sol de la grande pièce vide puis il a accroché au mur, face à l’entrée, une reproduction découpée dans un magazine de La jeune Fille à la perle de Vermeer, et cueilli quelques fleurs qu’il a déposées dans un verre au centre de la pièce.
Et Jonas s’en est allé, aussi discrètement qu’il était venu…

mardi 20 septembre 2016



La vie est si brève


 Le bleuet et le papillon se connaissent, à tant s'effleurer. L’un fanera, perdra un à un ses pétales, l’autre cessera de voler, comme ça, d’un coup. La vie est si brève…

lundi 19 septembre 2016


Insomnies


Quand la lune est pleine, Philémon ne dort pas. Il erre dans les rues de Balloye, il parle aux chats et observe chaque maison. Aux lumières allumées il voit qui est éveillé.
Là, c’est une jeune mère désespérée d’entendre son fils hurler depuis des nuits qui se demande avec angoisse s’il est normal d’avoir envie de le jeter par la fenêtre .
 Ici, c’est un comptable incapable d’aller dormir avant d’avoir trouvé l’erreur qui s’est glissée dans ses livres de comptes.
Là, encore, un homme inquiet d’une douleur récente et persistante parcoure les sites médicaux sur son ordinateur. Plus il avance dans ses recherches et plus il est fébrile.
Et là, un père en robe de chambre  tourne en rond dans la cuisine en attendant son jeune fils qui n’est toujours pas rentré.
Là enfin, c’est un vieillard dont la garde malade n’arrivent pas à calmer les cauchemars.
Philémon les connait tous. Balloye est un village.
 Alors Philémon s’arrête devant chaque maison, marmonne quelque chose d’incompréhensible et reprend son chemin une fois la lumière éteinte. Ce n’est parfois qu’au petit jour qu’il peut enfin rentrer chez lui épuisé et s’endormir…

dimanche 18 septembre 2016


Miniatures éphémères
Petits Métiers
Le Crieur des jardins


Du haut de sa pierre, avec sa trompette de Jéricho, il veille sur le jardin. C’est lui qui prévient ses habitants des dangers, annonce les intempéries et clame les nouvelles. Cela requiert sang froid, souffle et forte voix, acuité visuelle et connaissances météorologiques. Il est aussi indispensable d’être au fait des pratiques du jardinier et de l’évolution des produits phytosanitaires.
L’hiver, le crieur se retire sous terre où dans une anfractuosité rocheuse. On peut l’y entendre déclamer avec emphase l’épopée de l’été passé et autres chants de sa composition…

samedi 17 septembre 2016



Des mains qui dansent

 (MS Nickki and the Menphis Soul Connection, Marciac 2016)

Un blues profond et des mains qui dansent
Une offrande à l’enfant qui tourne au pied de l’estrade
Il grandira avec le goût des couleurs et de la mélancolie
Il tracera sa route en prenant son temps

vendredi 16 septembre 2016



La Statue


 Il est là depuis si longtemps. Il attendait sur le port en soliloquant, le regard vers le large. Personne n’a jamais su ce qu’il attendait. Il parlait de ceux qui ne reviennent pas, il parlait des abysses et des poulpes géants, il parlait des tempêtes et des jours sans un souffle de vent, il parlait de cœurs embourbés et de têtes qui roulent sur le pont, il parlait de navires renversés à la mature intacte pointée vers le fond, il parlait des corps empaquetés qui glissent à bas bord en chuintant sur la planche, il parlait des passes dangereuses et des naufrageurs, il parlait d’un marin aux ongles et aux cheveux démesurément longs errant sur les mers, Il parlait…
À tant attendre il était devenu une statue de bronze d’où s’échappe dit-on un petit filet de voix.
Et les enfants du village  viennent là en toute innocence se délecter de leurs confiseries et de récits effrayants….

jeudi 15 septembre 2016



Romance


La première fois que Marc a frappé à cette porte, elle était d’un beau bois verni et le pas était libre de tout obstacle. Il s’agissait d’une visite officielle. Marc avait mis son costume de velours sombre et plaqué ses mèches rebelles avec un peu de gomina. Il venait demander la main de Lucette. Depuis plusieurs mois ils s’aimaient dans les recoins des ruines du château de Séverac. Ils s’aimaient sauvagement. Leur première rencontre à l’officine de Mr Pléthore avait été fulgurante.
Marc n’oubliera jamais la légère robe à pois bleu que portait Lucette ce jour là et la façon dont elle baissait les yeux. Ils s’étaient rapidement revus, incapables de se passer l’un de l’autre.
Mais Mr Pléthore, le pharmacien, et père de Lucette, un homme qui portait des cols amidonnés et des boutons de manchette, était d’une rare intransigeance. Jamais il n’aurait laissé sa fille épouser un étranger, et Marc n’était pas d’ici. Marc eut à peine le temps de prononcer quelques mots que Mr Pléthore lui claqua la porte au nez.
Lucette fut alors cloitrée par son cerbère de père, et Marc désespéré quitta le village.
Marc avait fini par épouser à la capitale une musicienne avec qui il eut deux enfants. Les années passèrent, heureuses, jusqu’à ce qu’une pneumonie emporte sa femme à l’âge de soixante quinze ans. Marc laissa alors tous ses biens à ses enfants et partit sur les routes vivant dans une petite camionnette citroën.
C’est ainsi qu’il est retourné à Séverac le Chateau. Il a retrouvé la maison facilement. La peinture de la porte était écaillée mais le heurtoir n’avait pas une trace de rouille. C’est une petite dame aux cheveux blancs qui lui a ouvert.
Maintenant Lucette se penche sur une malle d’où elle sort la robe à pois bleu et Marc derrière elle la prend par la taille…

mercredi 14 septembre 2016


Ainsi va...


 Soie et velours, teintes délicates, corps imbriqués pour le pire ou le meilleur, ainsi va le monde.


      (Une prairie sur les hauteurs d'Ambialet, Tarn, 15 juin)

mardi 13 septembre 2016



Le Cœur Lourd


Quand Agnes a le cœur lourd, elle vient là sur ce banc, et chantonne « My funny Valentine » jusqu’à ce que parte un bateau. Elle le regarde alors quitter le port et repart un peu plus légère…

Chet Baker - My Funny Valentine - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=jvXywhJpOKs

lundi 12 septembre 2016




Une route faite pour y danser


C’est une route faite pour y danser
À petit pas je chemine vers le phare
Dans la vigueur de mes vingt ans
ça aurait été une série de saltos débridés
Au premier âge une course déséquilibrée
tendue vers l’avant pour saisir le feu 
C’est une route faite pour y danser
Il ne reste qu’une corde à la guitare
mais la voix a les couleurs des voyages
et le regard n’a peur ni du ciel ni de la mer

dimanche 11 septembre 2016



Miniatures éphémères
Pénélope


     Pénélope alanguie attend Bernard en écoutant la mer

samedi 10 septembre 2016



Un Ruisseau


Certains jours, la banalité suffit. La musique apaisante d’un filet d’eau sur les pierres et quelques souvenirs passent légers comme les araignées d’eau qui se déplacent à la surface de l’eau.
C’est un château au bout d’une route. Derrière, un petit bois descend en pente raide et tout en bas coule un ruisseau. Enfants nous y pêchions les écrevisses. Nous accrochions un morceau de viande au bout d’une ficelle, l’écrevisse mordait, nous la tirions tout doucement vers le bord, alors il ne restait plus qu’à la saisir par le dos. Si l’écrevisse se retournait au dernier moment, nous retirions brusquement la main en poussant un joyeux cri de frayeur. C’était en juillet, nous passions nos journées à gambader dans cette nature accueillante. Bien sur nous avions nos peurs, comme les vipères que l’on disait mortelles, ou les vaches dont nous craignions les cornes.
Les odeurs de ce pays d’enfance sont ancrée en moi, le foin, la bouse de vache; quand sur les chemins je retrouve ces parfums, je suis comme un jeune chien fou.
C’est là, au bord de ce ruisseau, dans les chemins creux, dans ces forêts et ces pâtures que  s’est forgé mon sourire…

vendredi 9 septembre 2016



"Dommage"


Il y a là, en pleine ville, une petite plage de sable fin. Petru est accroupi au bord de l’eau. Il plonge sa main dans l’eau fraiche, la passe sur son visage ridé comme la terre trop sèche, puis dans ses cheveux qui n’ont pas été coiffés depuis longtemps, puis il replonge sa main qui va et vient dans le courant. Il regarde les nuages. Un train passe. Petru aime bien le bruit des trains. Il fait un signe aux voyageurs qui ne peuvent le voir.
Maintenant il prend un vieux journal dans son gros cabas mal ficelé. Il le parcourt du regard, mais ne comprend pas la langue. Il en prend une page dont il fait un bateau de papier et range le reste bien plié dans son bagage. Il pose délicatement sur l’eau le petit bateau  qui s’en va poussé par la risée. Mais le papier imbibé d’eau ne résiste pas et très vite le bateau sombre. Pétru dit « Dommage… » avec un petit sourire en coin. Un mot qu’il a appris lors de son passage en France, un mot qu’il répète souvent, mais sans tristesse ni rancœur, il en aime bien la musique, « dommage ». Plage, nuage, nage, ça va bien avec. C’est comme ça qu’il apprend Pétru, en collectionnant des rimes.
Alors il ressort son journal et d’une deuxième feuille confectionne un autre bateau qui résiste un peu plus longtemps et  Pétru répète « dommage » au moment du naufrage.
Pétru est là depuis deux jours, l’été est doux, il se repose. Il y a parfois des petits coins au coeur des villes qui sont des palaces pour les vagabonds…

                                                                                                (Stockholm, 17 juillet)

jeudi 8 septembre 2016



Stop 


 Couper le moteur et laisser l’esprit vagabonder dans l’espace ouvert. Mais qui a eu la merveilleuse idée de poser là un feu?

mercredi 7 septembre 2016


Grand Bleu


Joachim ne voyait que trop peu la lumière du jour. Il quittait son petit appartement de Poissy le Haut le matin à 6h pour se rendre sur son lieu de travail, avenue d’Italie, où dans un sous sol mal ventilé  il passait ses journées à réparer du matériel électronique. Il quittait son poste à 18h, et d’avril à octobre, il marchait le plus lentement possible jusqu’à la bouche du métro pour goûter au jour. Il était si pâle! Presque transparent. D’ailleurs il passait totalement inaperçu. De taille moyenne, plutôt maigre, sa seule singularité était des bras un peu plus longs que la normale, qu’en marchant il gardait toujours tendus le long du corps, les doigts repliés, hormis les deux index qui pointaient vers le sol.
Cette journée de septembre avait été particulièrement chaude. Au retour Joachim s’était arrêté pour boire une bière avant de s’engouffrer dans la moiteur des souterrains; lui qui jamais ne s’arrêtait, insensible à toutes ces incessantes sollicitations de la rue.
Dans les couloirs du métro, la tête lui tournait un peu. Mais c’est surtout ce qu’il entendait qui le surprenait, tout semblait confus, légèrement assourdi. Il lui semblait entendre les voyageurs parler une autre langue.
Plus il avançait, moins il y avait de monde, et quand il arriva au pied de cet escalator, il était seul.
Il fut saisi par cette affiche. Aucune inscription, que du bleu. Alors il s’est arrêté, une seconde fois.
Il s’est approché du panneau, l’a longuement regardé, puis de son index a commencé à tracer des signes sur le papier. Et sa main s’enfonça dans le bleu, puis son poignet, le bras et tout le corps suivit, jusqu’à ce que Joachim disparaisse.
Et personne ne s’en est rendu compte…

mardi 6 septembre 2016



Chimères


Lézard couronné, Cerf  dragon, le monstre veille sur ses petits qui s’abreuvent plus bas, au bord du lac. Ces chimères qui naissent des bois morts ou des pierres moussues me ravissent, je les sais pacifiques, elles me racontent les origines et  des chevauchées fantastiques sur des terres vierges.
Il en est d’autres, dans les villes à l’ombre des murs,  qui naissent des peintures écaillées et des papiers déchirés, des plis d’un manteau abandonné ou d’une silhouette enfouie sous des cartons, tout aussi attirantes mais oh combien plus terrifiantes…

lundi 5 septembre 2016


Le Petit Bruit de Georges


Georges était facteur. Sa mobylette était une Motobécane jaune avec des sacoches en cuir qu’il prenait bien soin de graisser avant chaque hiver. La mécanique par contre ce n’était pas son truc. Au dépôt, il y avait Jean Pierre pour l’entretien et les réparations. La mobylette de Georges avait toujours fait un petit bruit métallique, un léger cliquetis derrière le ronron du moteur. Jean-Pierre n’en avait jamais trouvé l’origine et du moment que ça marchait  comme ça, ce n’était pas grave. C’est le petit bruit de Georges, se disait-il. Jean-Pierre aimait bien Georges, surtout sa moustache noire et drue et ses épaules carrées. Georges n’était pas très grand, mais tout en muscles. Chaque matin il serrait fermement la main de Jean Pierre. Son bonjour était chaud et grave.
La tournée de Georges partait de Saint Girons pour monter vers les hauteurs par de petites routes en lacets: Montgauch, la Craste, Bareille, Cazavet…. Dans les fermes, quand les nouvelles étaient bonnes, ou si elles étaient si catastrophiques qu’il ne resta d’autre solution que de boire, on lui offrait un verre. Georges se délectait alors des sous entendus qui se glissaient parfois dans la conversation avec ces dames (sa conscience professionnelle lui interdisant tout écart)….Par contre, aux factures il n’avait droit qu’à des bougonnements en patois.
L’été, dans la descente, Georges déboutonnait sa vareuse et sa chemise , se mettait debout sur les pédales du vélomoteur et, le poitrail au vent et le sexe dur, il chantait à tue tête. Parfois son excitation était si pressante qu’il s’arrêtait derrière une haie pour se soulager.
Un jour, une très chaude journée d’août, une journée où il n’y eut ni mauvaise nouvelle ni facture, où à la dernière ferme de sa tournée Georges fut accueilli par une parisienne en vacances légèrement vêtue, il revint au dépôt tel un faune aviné.
Jean Pierre en fut bouleversé, il ne put résister à ce torse musclé. Il ne restait qu’eux deux dans le garage. Alors Jean Pierre  s’approcha de Georges, posa sa main sur sa poitrine en le regardant droit dans les yeux. À son grand étonnement Georges se laissa faire. Il eut juste l’air surpris, l’air ébahi de quelqu’un  que la nouveauté n’effraie pas, mais intrigue au plus haut point.
Il firent l’amour là, sur le sol graisseux, entre les mobylettes jaunes. Georges poussait de petits gémissements soudain aigües et Jean-Pierre, au comble du ravissement, se dit alors combien il aimait le petit bruit de Georges…

dimanche 4 septembre 2016


Miniatures éphémères
Achab


On le surnommait Achab. Il parcourait le monde en quête du Léviathan en compagnie de son fidèle labrador noir. Il ne revenait que trop rarement dans sa petite maison. la peinture des volets s’écaillait et le jardin n’était qu’une friche sauvage. Un Automne il revint tenant dans ses bras le vieux chien épuisé. La bête expira dans la nuit et en creusant un trou pour l’y enfouir, Achab découvrit les restes du Léviathan qui depuis toujours reposait sous son jardin…

samedi 3 septembre 2016


Surfer


La vague est loin d’être parfaite, mais c’est pour ces moments, quand l’écume éclabousse le ciel, quand on est le dernier à sortir de l’eau, et  que sur le sable il ne reste que des traces, c'est pour ces moments que tant que le corps l’acceptera je continuerai à surfer…
                                                                                                                       (Bidart, 26 août)

vendredi 2 septembre 2016



Un Long Voyage


Ce serait sa dernière demeure. Sur la table de formica rouge, du plat de la main il a défroissé une feuille de papier d’emballage et a commencé à écrire. Sa rage, ses doutes et ses rêves se posaient enfin tels les oies au terme de leur long voyage…
                                                                                             (Öland, Suède, 21 juillet)

jeudi 1 septembre 2016



Cadeaux Bonux


Dans les paquets de café Mokarex, il y avait de petits soldats de plastique, dans les boites de lessive Bonux, on pouvait aussi bien trouver des voitures, des tanks, des bateaux ou des osselets, et dans les boites de biscuits l’Alsacienne, il  y avait de petits drapeaux métalliques de toutes les nations. Dans la cour de l’école on tirait aux billes toutes ces merveilles. Plus l’objet était beau, plus le tireur devait s’éloigner. Un mérovingien Mokarex peint valait dix pas. Le propriétaire de la figurine récoltait toutes les billes qui rataient leur cible. Vous tapiez dans le mille et à vous le cadeau.
Chez Louis, il n’y avait ni café, ni lessive, ni biscuits. Mais Louis était un as aux billes. Les drapeaux l’Alsacienne ne valaient pas grand chose, seulement trois pas. Mais pour Louis ils valaient toutes les histoires du monde. Ainsi Louis se constitua une jolie collection et chaque soir, avant de s’endormir sans avoir eu le moindre baiser, il choisissait un drapeau qu’il plaçait sous son oreiller…

                                                                                                                      (Mölle, Suède, 12 juillet)