lundi 8 avril 2019


L'encre de Guyane


(Port de Cayenne, Guyane)

L’encre de Guyane est une encre brune.
Cette nuit la pluie a claqué sur la tôle,
une rigole de blues autour du carbet,
le chant des grenouilles, un corps luisant sous la drache.
La feuille boit, le serpent se glisse entre les racines.
Que deviendront-ils tous ces enfants sur le bord des routes.
Dès l’aube ce sont des dizaines d’autocars
qui les mènent aux écoles d’un pays sans avenir
tandis que les voitures s’entassent sur des routes cabossées.
Un homme chante, hamac balancé,
à l’encre de Guyane on n’écrit que l’instant
un mouvement de rein, une goutte de sueur
le pas traînant, le regard insistant,
un filet lancé, le poisson mangé,
le poisson qui vient des eaux noires.
Tandis que les urubus se repaissent de carcasses abandonnées dans la vase,
un enfant dort sur le ventre d’une femme ronde à nouveau.
Il y a la mer, il y a la forêt, entre les deux il y a des hommes
pris par les antennes relais.
À ciseaux feuille caillou le métal perdra un jour.
Les enfants reviendront au bois.

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