samedi 13 juillet 2019


Un air de Toscane


(Villeneuve-les-Avignon, 10 juillet)

La journée avait bien commencé. L’agence d’intérim lui avait trouvé une place d’homme de ménage, à Villeneuve, de l’autre côté du Rhône. Il fallait passer le pont, Bruno n’avait pas l’habitude d’aller aussi loin. S’éloigner de son petit appartement lui demandait de gros efforts. Il fallait lire et relire le plan, jusqu’à le savoir par cœur. 
Bruno était parti tôt, tenant précieusement le bout de papier comportant l’adresse et la description de la villa. 
Une  grande grille verte de fer forgé, c’était là. Bruno fut immédiatement séduit par ce portail et ce chemin pavé. Un air de Toscane. Il revoyait sa grand-mère vêtue de noir, le visage creusé de profondes rides. Elle l’appelait mon poussin, alors qu’à douze ans il mesurait déjà 1m75. Elle lui avait appris à se tenir droit et à laisser ses soucis derrière la porte avant de sortir.
Maintenant elle n’était plus là. 
Il attendait devant la grille fermée, il n’avait trouvé ni cloche ni sonnette. Il n’osait pas appeler. Il attendait que quelqu’un vienne. Il attendait en pensant à sa grand-mère.
Le temps passait, personne ne venait, à 20h il était toujours là. 
Avec le soir, le chagrin ne tarderait pas. Il prit le le chemin du retour la gorge serrée.
Sa grand-mère aurait sûrement su quoi faire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire