lundi 5 avril 2021


Bernard

(La Tranche-sur-Mer,Vendée,16 septembre 2015)

Bernard Jousset devant L’Atlantique.

Un cadre de fiction, un père de fiction.

C’est là que nous mangions lors du tournage des Ours du Pouldu, un film co-écrit avec Marion Truchaud, réalisé par elle-même.

Bernard était mon père. Un père et un fils qui se retrouvent après des années de silence. Quelques mots, l’ébauche d’une baignade, ma tête sur son épaule, retrouver avec pudeur la tendresse d’un geste de l’enfance.

Ce film m’était indispensable, comme il l’était pour Marion, nos parcours artistiques indissociables de nos vies.

Bernard en fut le complice parfait. Dès la première rencontre nous étions ensemble, en harmonie.

Sa discrétion, son humilité, sa fantaisie, sa disponibilité, il fut un merveilleux partenaire, nous lui devons beaucoup. Bernard était de ces acteurs dont on parle peu et qui ont pourtant une carrière au théâtre considérable. Avec une météo disons incertaine, nous avions le temps d’échanger entre les prises. Je me régalais de ses souvenirs. Déjà âgé, il ne travaillait plus beaucoup, ce tournage lui procurait une grande joie. 

Ce fut un beau film.

Nous nous sommes revus, quelques fois, puis le temps a passé, on ne s’est plus donné de nouvelles.

J’apprends aujourd’hui sa mort, il y a un an et demi, en décembre 2019. J’en suis profondément ému, et m’en veux de ne pas avoir été suffisamment attentif.

C’est ainsi, après des films ou des spectacles nous nous perdons de vue petit à petit jusqu’à ce qu’une autre histoire nous réunisse.

Nous aurions pu raconter l’histoire d’un père qui part à la recherche d’un fils qui ne donne plus de nouvelles.

Mon cher Bernard pendant cette semaine de tournage tu fus un merveilleux père. Je revois cette scène où, sur la plage, nous nous déshabillons dans une sorte de joyeux défit d’aller goûter l’eau fraîche. Il y avait de l’enfance dans tes yeux.

Salut à toi Bernard.

2 commentaires:

  1. C'est très beau. Oui je connais ce genre de situation, et je perçois très bien ce que tu éprouves.

    RépondreSupprimer
  2. I looked at stills from the film--- You and Bernard Jousset. I've felt that your occasional stories are amazingly rich in detail especially since they are also amazingly compact. Your stories are even more cinematic than your excellent photos. I know it isn't quite the same, but I've lost a few of the people I worked with in broadcasting for many years. I suspect that you and Bernard carried each other in your hearts even though you did not see each other. (I read Arnaud's comment above and marvel at how well he says so much in one line.)

    J'ai regardé des photos du film... Vous et Bernard Jousset. J'ai ressenti que vos histoires occasionnelles sont étonnamment riches en détails, d'autant plus qu'elles sont aussi étonnamment compactes. Vos histoires sont encore plus cinématographiques que vos excellentes photos. Je sais que ce n'est pas tout à fait la même chose, mais j'ai perdu quelques-unes des personnes avec lesquelles j'ai travaillé dans la radiodiffusion pendant de nombreuses années. Je soupçonne que Bernard et vous vous portiez mutuellement dans vos cœurs, même si vous ne vous voyiez pas. (Je lis le commentaire d'Arnaud ci-dessus et je m'émerveille de voir à quel point il dit bien tant de choses en une ligne).

    RépondreSupprimer