jeudi 31 mars 2022


Lacroix-sur-Meuse

(Lacroix-sur-Meuse, Meuse, 17h 05)

Tout ce vert

et pourtant souffle un vent d’hiver.

Sur les hauteurs de Lacroix-sur-Meuse,

je marche tête baissée, les mains au fond des poches,

sur un chemin blanc bordé de buissons fleuris.

Je m’obstine à trouver beau ce paysage,

un silo et quelques peupliers.

je m’obstine à trouver beau ce monument aux morts

à la croisée des chemins.

Je m’obstine à trouver belle la plainte du vent.

Sur cette terre gorgée de sang,

je m’obstine à aimer. 

mercredi 30 mars 2022


L'éclusière

(Vallée des éclusiers, Arzviller, Moselle, 15h 10)

C’est au bar Le Papar Hasar qu’on m’a raconté cette histoire.

L’histoire d’une éclusière plus forte que deux hommes.

Une éclusière qui chantait comme une sirène quand elle ouvrait les vannes.

Une éclusière qui aimait tant les mariniers qu’elle collectionnait les passades.

Partout sur le canal de la Marne au Rhin on se donnait le mot.

Il fallait prendre garde à ne pas se faire broyer disait-on.

Elle siégeait à l’écluse n°9, au centre d’une échelle de 17 écluses, au seuil des Vosges.

Elle avait les mains calleuses à force de travail, mais la peau du ventre douce comme du satin.

Son chant était une promesse aux bateliers épuisés.

Sonnant sur les pierres rouges des coteaux, il annonçait consolation puis embrasements.

Un jour on déclara qu’on allait abandonner ce bout de canal.

Franchir ces écluses successives prenait trop de temps, coûtait de l’argent.

On allait construire un ascenseur à péniches, le fameux Plan incliné d’Arzviller.

Les marchandises iraient plus vite, les marchands seraient contents et l’éclusière au chômage. 

Alors elle a attendu le dernier jour, la dernière péniche, avant qu’elles ne prennent l’autre route.

Le marinier était un petit homme sec et timide qui baissait les yeux devant les femmes.

Starsky était son nom, oui, Starsky, je n’invente pas. Starsky a dit oui. Ils sont partis, ensemble.

Et l’éclusière a chanté si fort que les vitres de sa maison se sont brisées,

que toutes les vitres des17 maisons d’éclusier se sont brisées, laissant entrer le vent,

tandis que la dernière péniche remontait le canal.

 

mardi 29 mars 2022


Une maison de paix

(Hultehouse, Moselle, 9h 20)

Le petit chien aboie. Je ne bouge pas. Je me souviens de ce jeu de construction qui m’ occupait des journées entières. Un chalet de bois. Les poutres brunes s’emboitaient, le toit était vert, les volets en plastique rouge. La maison idéale, la maison dans la prairie. Le petit garçon fabriquait sa maison de paix.

Le chien aboie de plus en plus fort. Mais non, mon vieux, je ne fais que regarder. Je l’aime bien tu sais ta maison, je ne vais pas l’abimer. Je suis sûr que ta maitresse est très bien coiffée, qu’elle porte des chaussons Giesswein en laine grise avec des fleurs rouges sur le dessus, et qu’elle s’occupe bien de toi.

Elle regarde sans doute la télévision en buvant son café à cette heure ci. La cafetière est au milieu de la table, sur un napperon de dentelle. Il y a toujours un napperon de dentelle dans une maison de paix. 

On annonce de la neige pour vendredi. Àllderle, dü! Elle jure, en alsacien.

Après la météo, c’est les infos. 

Frantz! Frantz! Ah, c’est toi Frantz, Frantz le chien, elle t’appelle, oui, vas y vite, il faut que tu sois à ses côtés quand ça barde à la télé. 

lundi 28 mars 2022


Le meilleur des mondes

(Nancy, Meurthe-et-Moselle,7h)

Au huitième étage d’un hôtel sans cachet,

j’ai fait de mauvais rêves où tanguaient les immeubles,

je tenais un fusil sous les draps froissés,

sans savoir si je dormais ou si j’étais éveillé.


Puis il y eut au matin, au dessus de la ville électrique,

une étoile et un mince croissant de lune, une parenthèse, un point,

pour effacer une nuit sans sommeil.

Et un ciel si pur qu’on croirait que tout va bien, dans le meilleur des mondes… 

dimanche 27 mars 2022


Miniatures éphémères

(Vaucresson, 26 mars, 16h 50)

Le Philodendron se déplie et la pensée vagabonde 

samedi 26 mars 2022


Haïku de jardin 

(Criocère du lys, Lilioceris lilii, Vaucresson, 11h 15)

Youpi!

vendredi 25 mars 2022


L'amour 

(encore et toujours) 

(Hendaye, 21 mars, 7h 25)

Comment dire ce que l’on ressent au matin quand le jour hésite encore,

quand le ciel est brouillon et la mer sans reproche?

Comment dire? Une mouette amoureuse, un vieil enfant, une pierre qui roule…?

Une mouette amoureuse!  On imagine un oiseau, un cri, on s’amuse,

on n’ose pas dire simplement je t’aime, là, face à l’évidence d’une étreinte.


jeudi 24 mars 2022


Un chien antédiluvien

(Hendaye, 20 mars, 18h)

C’est un vieux chien, un très vieux chien, un chien antédiluvien, un chien de bois, un chien de bateau, un chien de mer, un chien de révolte qui a depuis longtemps renoncé à suivre les hommes.

Certains soir on peut l’entendre gémir au bout de la digue où les tempêtes l’ont mené.

On dit que ce n’est que le vent.

On dit que ce n’est qu’un arbre mort pris dans les rochers.

Mais je l’ai vu, de mes yeux vu, une nuit, porter un clandestin sur son dos, d’une digue à l’autre , nageant vigoureusement dans la Bidassoa. 

mercredi 23 mars 2022


Printemps

(Buxerolles, Vienne, 17h 25)

D’heure en heure les fleurs semblent éclore les unes après les autres.

L’enfant collé à la fenêtre tend la main vers le grand cerisier.

À la radio d’heure en heure on entend tomber les bombes les unes après les autres.

Oui, mon grand, on va sortir prendre des nouvelles des fleurs,

celles du monde ne sont pas très bonnes, on va cueillir un bouquet de jacinthes sauvages, de pâquerettes et de pissenlits pour ta mère qui s’inquiète un peu, on va s’assoir dans l’herbe, et les parfums de la terre seront nos forces pour demain. 

mardi 22 mars 2022


Histoires

(Sur l’A 63, Parking du péage de Saugnac-et-Muret, Landes, 7h 15)

Il faut se lever tôt pour cueillir des histoires sur le bord des routes.

Elles se tiennent en équilibre entre la nuit et le jour,

quand la terre exhale son parfum le plus dense,

quand les hommes peu à peu se défont de leurs songes.

 

lundi 21 mars 2022


Miniatures éphémères

(Hendaye, 22 avril 2021,  15h 40)

Le sacre du printemps 

dimanche 20 mars 2022


Miniatures éphémères

Variation avec fruit de Copalme d’Amérique ( Liquidambar styraciflua), et Palmier à chanvre ou palmier de chine (Trachycarpus fortunei)



(Hendaye, 14h 30)


Qu’est ce que c’est?




(14h 45)


Le naturaliste 



(14h 50)



samedi 19 mars 2022


Très grand angle

(Hendaye, 14 mars, 18h 35)

Le cap du Figuier

Fait de l’œil

Aux deux jumeaux

Qui dansent le twist

La baie tout entière

Tient dans la main 

vendredi 18 mars 2022


Les fourmis

(Hendaye, 15 mars, 19h)

Elles vont en file indienne portant de lourdes charges.

Parfois l’enfant les détourne de leur chemin, les taquinant d’une brindille.

Il suffirait d’un geste pour les écraser.

Il en a la tentation, mais il veut profiter de cette magnifique procession.

On dirait ces gens qu’on voit le soir à la télévision, les uns derrière les autres, avec leurs sacs et leurs valises.

Vladimir! Sa mère peut toujours appeler, l’enfant est trop occupé avec ses fourmis.

jeudi 17 mars 2022



 (Hendaye, 9h 15)

Sale temps

mercredi 16 mars 2022


Les rebelles 

(Route de la Corniche,  entre Hendaye et Socoa, 14h 55)

C’est un vestige de la dernière guerre, blockhaus tagué par de jeunes rebelles. On peut lire en grand sur la face qui donne sur la route:1984. Un avertissement.

Ils viennent se poser là, sur des chaises de fer rouges.

Ils imitent le cri des mouettes qui tournent autour.

De là, on peut voir se réveiller, les jours de très forte houle, la vague mythique de Belharra.

Elle est de toutes leurs conversations. C’est le monstre naît des  ouragans lointains qu’ils rêvent de dompter pour changer le monde.

Ils n’ont pas dix huit ans, ils n’ont pas le droit de vote, mais ils ont l’imagination en feu.

L’accès au blockhaus est maintenant interdit, comme toute une partie du chemin côtier. Risque d’effondrement.

Alors ils ont fait un trou dans le grillage, ils sont immortels.

Et lorsque le vent souffle fort, ils se tiennent debout, serrés, ensembles, garçons et filles , à la pointe du mur de béton, comme les amants du Titanic

mardi 15 mars 2022


Vent d'Autan

(Hendaye, 18h 35)

Ciel jaune

Soleil voilé

Le vent d’Autan pique les yeux

La poussière du désert

Me rappelle qu’il y a d’autres guerres

Plus au sud

Ici on se noie dans la Bidassoa

 

lundi 14 mars 2022


Après la visite

(Hendaye, 13 mars, 19h 20)

Ils sont tous venus le voir.

Il y avait sa fille, le fils du teinturier, le cousin africain, la directrice de l'école, sa femme, sa mère, sa sœur, son père aussi, c’est curieux, lui il le croyait mort, il y avait son fils, son petit fils, la boulangère, le garagiste, qu’il ne voit plus depuis longtemps, depuis qu’on l’empêche de conduire, il y avait le pompier avec son pull rouge, il y avait Jean-Philippe qui faisait beaucoup plus jeune que son âge, il y avait un homme avec une barbe, qu’il ne reconnaissait pas, il ne savait plus où donner de la tête, ils étaient si nombreux dans sa chambre que ça faisait de la buée aux fenêtres toute cette chaleur.

Ils ont ri, ils ont chanté, il ont mis les pieds sur la table, ils ont sauté sur le lit, ils ont joué à qui perd gagne, ils ont mangé des macarons, ils ont bu du cognac et du café.

Et puis ils sont partis, tous, d’un seul coup. Il n’y a même pas eu ces conversations interminables sur le pas de la porte où tout d’un coup on se rappelle de tout.

Par la vitre embuée ça faisait une longue file qui flottait sur la rue.

Il s’est rappelé son premier jour d’école, l’instant où sa mère a lâché  sa main et s’en est allée sans se retourner.

Il a attendu, immobile, devant la fenêtre opaque. Il a attendu jusqu’à ce que la pièce se rafraichisse et que la buée s’évapore.

Puis il est sorti, à la tombée du jour, voir la mer, ou le ciel. On dit qu’on va voir la mer, mais on voit le ciel et la mer, ils sont inséparables.

Et quand il voit la mer, et le ciel, c’est comme si tous ils étaient revenus, c’est comme si, le premier jour d’école sa mère n’avait pas lâché sa main. 

dimanche 13 mars 2022


Miniatures éphémères

(Combressol, Corrèze, 11 mars, 10h 15)

Au bord du chemin 

samedi 12 mars 2022


Justine

(Combressol, Corrèze, 11 mars, 10h 40)

Justine va chez Odette, sa cousine, de Bonnessagne à Combressol.

Elle quitte le sentier, marche sur la mousse, entre les sapins et les rochers.

Justine fait confiance aux arbres, moins aux hommes.

C’est qu’elle en a vu des vertes et des pas mûres la vieille Justine.

Pourtant, ce matin au réveil, pas la moindre douleur.

Comme si, cette nuit, on avait arraché les  mauvaises pages de son histoire.

À la lisière  de la forêt, elle s’arrête devant la Chapelle de Combressol.

Elle la connait bien. Elle reste toujours à la porte. Depuis le jour où, plaquée contre la pierre froide, elle n’a plus cru au baratin de ces messieurs.

Aujourd’hui Justine fait un pas à l’intérieur.

Un jeune oiseau est entré, il ne trouve plus la sortie, il pépie.

Justine fait un pas, et …Pfuit! Elle disparait, instantanément. Il ne reste qu’une tache de lumière sur le mur.

L’oiseau s’en va par la porte ouverte.

À Combressol, Odette attend Justine, sa cousine. 

Justine n’arrivera jamais.

Personne ne reverra Justine. 

Elle avait 90 ans.

vendredi 11 mars 2022


Le désir des autres

(Combressol, Corrèze, 9h 20)

L’eau affleure dans les tourbières.

Plus haut, la crête des vagues à la cimes des arbres.

Le vent souffle sur les sentiers de Combressol.

Je chemine en compagnie du vieux monsieur qui m’accompagne depuis quelques années, depuis toujours peut-être, sans doute depuis ma naissance.

Le vent s’engouffre.

Et le vieux monsieur décolle du sol, avant-hier à Allassac, hier un peu perdu à Égleton, ce soir à Meymac, demain à Argentat, impatient de retrouver ses amis, partager le pain perdu et les fruits de la passion.

Et le vieux monsieur s’envole au dessus des maisons grises perdues dans les bois.

Au dessus des maisons grises où l’on irait bien se planquer si le désir des autres n’était pas si fort.

jeudi 10 mars 2022


Les arbres

(Forêt des Saulières, Sainte-Féréole, Corrèze, 5 mars,16h 40)

Je photographie les arbres comme les gens.

Je leur demande la permission.

C’est très rare qu’ils disent non. 

mercredi 9 mars 2022


Un train

(Allassac, Corrèze, 8 mars, 12h 45)

Un train

Vers le sud

Les roues sur les rails

Fer contre fer

Tacatac

Vite, il va vite

Et le mot guerre

Obsédant

Goutte à goutte

Et le printemps

Là, à la porte

Blanc

À la pointe des branches 

mardi 8 mars 2022


Guetter la lumière

(Jugeals-Nazareth, Corrèze, 6 mars, 8h 05)

Une phrase volée tandis qu’au Grand Hotel nous parlons de l’avenir: Il faut guetter la lumière. 

lundi 7 mars 2022

 

Au domaine des mousses

(Jugeals-Nazareth, Corrèze, 6 mars, 10h 20)

Au domaine des mousses

Bifurquer

Suivre la traces des bêtes

Quitter ce temps

Pour le chant des oiseaux

dimanche 6 mars 2022


Miniatures éphémères

(Baladou, Lot, 4 mars,14h 45)

Sa majesté des mousses 

samedi 5 mars 2022


(Baladou, Lot, 4 mars,15h 30)

Au ciel

On ne  peut trop en demander


Suivre le chemin

Cueillir les fleurs dans les fossés 

vendredi 4 mars 2022


On parle, autour de la table 

(Le Mas du Pech, Baladou, Lot, 14h 55)

Il y a le poêle qui ronronne, le chat qui s’étire, les miettes sur la table, le marc au fond des tasses à café.

On parle, autour de la table. On parle de la guerre. On ne se souvient plus à quand remonte ce genre de conversation.

Il y a là trois générations, le grand père, le père, et le fils. Les femmes aussi sont là. Elles ont leur mot à dire.

Tous vivent et travaillent ici. Le grand-père ne quittera jamais sa colline, sa ferme. Il y est né, il y mourra, il l’a dit.

L’une des rares fois où  il a quitté sa colline, c’était pour l’Algérie. Il avait vingt ans.  Personne, jamais, ne saura ce qu’il a laissé là-bas, dans les Aurès. 

Il n’était déjà pas très bavard, il en est revenu quasiment mutique.

Aujourd’hui il ne dit rien.

Et si, et si…Le père dit que c’est la première fois qu’il s’imagine en soldat. Et si…Lui qui n’est même pas chasseur.

La mère lui demande s’il serait capable de tuer. Peut-être, il ne sait pas, mais il y a pensé, et puis certains combats ne souffre aucune contestation ni hésitation.

La grand-mère dit: Parlez, parlez mes enfants, ce ne sont que des mots. La guerre, la vrai, elle n’a pas de mots. Du bruit, et du silence. 

Le fils dit qu’il ne se voit pas en héros, que tout part en couille, qu’on ne sait plus s’occuper de la terre, encore moins des autres hommes.

Au mot terre le grand-père a tiqué, il a failli parler, et puis non, il a baissé la tête, les yeux fixé sur le marc de café au fond de sa tasse.

Près du poêle, le chat a changé de position.

jeudi 3 mars 2022


Une journée en Corrèze 

(Marnes-la-Coquette, Hauts-de-Seine,  27 février, 16h40)

10h sur le marché d’Argentat, une boulangère m’offre une pâtisserie en forme de tête de chouette.

Sur le camion du fromager voisin est inscrit cet aphorisme de Cioran: Espérer c’est démentir l’avenir.

13h 10 nous passons devant une boutique de chaussures nommée Rock and Grolle.

14h nous traversons La Bitarelle du Gros Chastang.

16h nous parlons de la légèreté des vieux à la bibliothèque d’Égleton.

18h Marie-Pierre nous demande si nous avons vu les arbres en fleurs.

19h les infos, J’ai presque oublié la guerre…

mercredi 2 mars 2022


Chambre 306 du Grand Hotel de Brive-La-Gaillarde 

(Brive-la-Gaillarde, Corrèze, 19h45)

Chambre 306 du Grand Hotel, face à la gare.

J’entends les trains qui passent.

J’entends la voix de madame SNCF, avec son jingle.

J’entends le Ghetto blaster d’un homme avec un chien blanc.

Bob Marley, Keep On Moving.

Une porte sous un réverbère, un escalier en colimaçon.

Par là une femme vient de s’enfuir.

Ses talons ont claqué, le chien a aboyé.

Chambre 306 du Grand Hotel de Brive-la-Gaillarde.

Le TER en provenance de Limoges est annoncé avec 15 mn de retard.

Keep On Moving, je ferme la fenêtre, Bob Marley chante moins fort.

J’hésite entre plusieurs destinations: Tombstone, Iracoubo ou Soumagou.


mardi 1 mars 2022


Photo

(Autoroute A10, Aire de Francheville, Eure-et-Loir, 7h30)

Autoroute A 10.

Arrêt à une station service.

Ciel sous acide, voitures tête-bêche, les camions au levant.

Photo.

Un homme à deux pas fait aussi une photo. Il a le nez pointu.

Il tient le même appareil, porte le même chapeau.

Nous nous saluons. 

Il me montre la photo qu’il vient de faire.

Je viens de faire quasiment la même, tandis que défilent toutes sortes de poids lourds.

Il porte une veste à carreaux, sa voiture est blanche. C’est un représentant en parfumerie.

Je porte une veste à carreaux, ma voiture est bleue.  Je suis un saltimbanque.

Il me fait un signe en partant. 

La route est à nous…