Le long des ganivelles
(Hendaye, 31août, 18h)
Je regardais les lignes grises des clôtures qui protègent les dunes.
Je l’ai aperçue de dos.
Une longue silhouette.
Un chignon de cheveux blonds.
Une robe fleurie, rouge et bleue, jusqu’aux chevilles.
Pieds nus.
Elle tenait des lambeaux de tissus.
Elle marchait droit sur le sable, le long des ganivelles.
Très près.
Parfois elle s’arrêtait, accrochait un morceau d’étoffe à la clôture.
Jusqu’à la mer.
Aux derniers piquets de bois, elle a défait son chignon, et laissé là sur le fil de fer sa barrette.
Ses cheveux étaient longs, très longs.
C’était marée haute.
Encore quelques pas avant de toucher l’eau.
Elle prenait soin de laisser une empreinte profonde dans le sable.
Elle s’est immobilisée, a semblé tendre l’oreille.
Une vague un peu plus puissante est arrivée à ses pieds.
Elle a fait trois pas en arrière, dans la ligne de ses pas, puis a ôté sa robe.
Sa robe rouge et bleue sur le sable.
Elle est revenue au bord, où l’on entend un léger grésillement quand la mer se retire.
Elle s’est assise.
Elle a attendu que la mer recouvre ses jambes.
Elle a ri.
Elle s’est relevée, s’est retournée pour revenir sur ses pas.
Elle était sans regard, les yeux cousus.
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