jeudi 30 novembre 2017


La feuille


(Vaucresson, 19 novembre) 

Elle se ternira, se recroquevillera, se désagrégera puis disparaîtra. Mais à l’instant de sa chute, elle est la plus belle.

mercredi 29 novembre 2017


Ils passeront


(Granville, Manche, 21 novembre)

Ils gisent sur les rochers noirs, le corps offert aux oiseaux,
bras, mains et jambes ouverts de s‘être tant battus,
un peu de sable, quelques algues dans les cheveux,
les habits en lambeaux sur la peau gonflée.
Ils ont fui le feu par la mer, ils se sont heurtés à la pierre,
aux remparts érigés par leurs frères inquiets.
La marée pousse les corps aux falaises,
entasse contre la roche  la chair morte,
l’entasse jusqu’au faîte des murs.
Les derniers venus prendront appui sur les morts.
Ils passeront, malgré la pierre, malgré la peur,
ils passeront, c’est ainsi.

mardi 28 novembre 2017


Aller au bout


(Granville, Manche, 21 novembre)

Au bout des mondes, au bout des rêves, il y aura toujours quelqu'un à qui parler.

lundi 27 novembre 2017


Un Accroc


(Denneville, Manche, 23 novembre)

La première fois qu’il la vit, elle avait un accroc à sa robe qui laissait voir un bout de peau, un accroc dans le bas du dos. Il s’en souviendra toute sa vie.

dimanche 26 novembre 2017


Miniatures éphémères
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 (Vaucresson, 19 novembre)

 Ce matin, une petite goutte de rosée m'a offert sa jeunesse.
(Jean-Marie Kerwich, L'ange qui boite, ed. Le temps qu'il fait)

samedi 25 novembre 2017


Black Friday


(Pointe d'Agon, Manche, 23 novembre)

Depuis quelques jours je vois  des messages s’afficher sur mon ordinateur,
Black Friday.
Aux États-Unis un employé d'un grand magasin est mort écrasé par la foule en délire à l’ouverture des portes.
Black Friday, absurdité.
Je n’ai besoin de rien d’autre que le vent, un bout de bois sur une plage déserte et un peu d’amour.

vendredi 24 novembre 2017



La Marelle


(Saint-Amand, Manche, 22 novembre)

Kassim s’est levé à contre-cœur ce matin. Collé au dos de sa jeune épouse, la main posée sur le ventre rond, il sentait battre les pieds et les poings du petit. Ce sera un garçon, le docteur l’a dit à l’échographie, son fils, leur fils. Il sera un peu noir un peu blanc, noir comme lui, blanc comme Élodie.  Son Élodie, mon pays lui dit-il quand il la serre dans ses bras. Son fils sera bien ici en Normandie, il aura un toit, il ira à l’école, il vivra en paix…
Kassim s’est détaché délicatement d’Élodie. Elle ne s’est pas réveillée, elle a fait  un drôle de petit bruit qui lui a rappelé les chiots du pays de son enfance.
Il doit retrouver Robert à l’école avant l’ouverture pour réparer une fuite sur le toit. Le soleil se lève à peine. Kassim se fait une règle d’être toujours en avance. Très en avance même, puisqu’ici il y a des horaires à respecter, et qu’il est incapable de courir après le temps. Alors il anticipe toujours d’une heure ou deux, il va tranquille.
Kassim vient d’arriver, Robert n’est pas encore là. Il entre dans la cour, le portail n’est jamais fermé à clé, il regarde le ciel, le toit de l’école, les ombres sur le sol. Il remarque une marelle peinte en blanc sur le bitume. Il ne l’avait jamais remarquée, pourtant il vient souvent bricoler ici. Il pose sa boite à outil et saute à cloche pied de case en case. Il saute de plus en plus vite, change de pied, chante les numéros des cases.
Ce soir il prendra un pot de peinture à l’atelier municipal,  pour peindre une marelle dans la cour de leur maison. À la place de Terre, il écrira Mali, à la place de Ciel, il écrira Normandie.

jeudi 23 novembre 2017



À la pointe d'Agon

 
A la pointe d’Agon, où la Sienne va à la mer, le vent souffle. 
Jojo a bu un coup, il va de travers sur le limon, 
il répète sa chanson qui dit qu’il ne faut pas s’arrêter,
il se dit qu’il y a des jours où on est vraiment bien tout seul.


 (Pointe d'Agon, Manche)

mercredi 22 novembre 2017


Revenir à la mer

 
(Granville, Manche, hier)

Parfois il sort du bois
Et revient à la mer
Pour voir plus loin.


(Omonville-la-Petite, Manche, aujourd'hui)

mardi 21 novembre 2017


Accroché


(Granville, Manche)

Accroché à son rocher,
 il ne désirait qu’une chose: 
voir le ciel chaque jour.

lundi 20 novembre 2017


Les nœuds


 (Heugueville-sur-Sienne, Manche) 

Il en connaissait des noeuds, Jean. Enfant, quand il gardait les moutons sur le marais, il passait ses journées à nouer des bouts de ficelle. Le noeud de Trilène, le noeud de Licou, le Tourniquet Espagnol, le noeud de Cul de Porc, le noeud de Brigand, le noeud de Touline, le noeud de Chaise, l’Élingue de Bidon… Son préféré c’était le noeud de Gabier de Zeppelin, un noeud pour joindre deux cordages, le premier qu’il a appris à son fils, puis à son petit fils.
Maintenant, il n’a plus de moutons à surveiller, personne n’a repris la ferme, ses enfants sont en ville et il ne s’y retrouve plus avec ses noeuds. Le seul qu’il sache faire sans hésiter c’est le noeud de pendu.

dimanche 19 novembre 2017


Miniatures éphémères
La beauté du désastre


Saisi par sa beauté, il ne réalisa qu’au dernier instant l’ampleur du désastre.


(Argiope Frelon, Balloy, Seine et Marne, 24 août)

samedi 18 novembre 2017


Un coup de dés...


(Mazères-sur-Salat, 18 juin 2016)

Igor n’a plus rien à dire ce soir, la roue des histoires a cessé de tourner. Il a tiré les rideaux et s’est couché tout habillé, comme il le faisait enfant pour être prêt avant tout le monde au petit matin. Entre tout ce qu’il répète et ce qu’il n’arrive pas à dire, il y a tout ce qu’il ignore. Demain à la première heure il reprend la route. Il a ouvert une carte, a lancé un dé. Il ira là où le dé s’est arrêté et y restera autant de jours qu’inscrits sur la face.

vendredi 17 novembre 2017


El Faro


(Cap du Figuier, Fontarrabie, Espagne, 1er novembre)

Rick tangue, à contre temps, un air de déjà vu dans la tête.
Il était arrivé seul au Cap du Figuier, il avait marché depuis l’hôtel, le Parador de Fontarrabie, profitant de cette belle journée d’automne. Sur le port, il avait échangé quelques mots avec des pêcheurs. Il parlait mal l’espagnol mais en aimait la musique, plus que ça cette langue lui provoquait un léger trouble dont il ignorait l’origine. Il se sentait bien, c’était une journée de relâche, la tournée avec son trio avait bien débuté et il était amoureux d’une contrebassiste qui devait les rejoindre à Bilbao. Ils s’était rencontrés dans l’escalier de l’immeuble de son ostéopathe. Elle montait avec sa contrebasse sur le dos, elle semblait toute petite sous l’instrument, il descendait, il avait du se plaquer contre le mur, elle avait dit « merci », il avait répondu  « je vous en prie madame Tortue », elle avait ri, et voilà.
Du port, il était monté jusqu’au cap d’un pas rapide. Il était en pleine forme, l’amour, sans doute.
Puis il avait emprunté le sentier des douaniers qui longe la côte. Il connaissait cet endroit, les couchers de soleil y sont splendides. Là, il avait pensé à son père, décédé depuis quelques mois.  Son visage lui apparaissait comme s’il était là, pas loin, apaisé, il était là et toute animosité ou incompréhension semblait avoir disparu. Oui, c’était une belle journée.
Le chemin descendait puis montait de crique en crique, Rick courait presque. La mer était calme, silencieuse, ce qui est rare sur cette côte habituée aux vagues. Au fond d’une crique il vit un homme qui empilait des pierres en équilibre. Il l’observa un long moment, immobile, ne voulant pas troubler sa concentration. C’est l’homme qui engagea la conversation. Il s’appelait Madison, Il avait une cinquantaine d’années, portait dreadlocks et barbe grisonnante, vivait au Nicaragua, voyageait beaucoup, pour le surf et les pierres. Pour gagner sa vie il lisait l’avenir, il tirait les cartes. Les deux hommes sympathisèrent immédiatement. Rick aussi était surfer à ses heures, même s’il était à soixante ans moins endurant. Son manager s’évertuait à mettre dans les contrats une clause sur les sports à risque que Rick n’avait jamais respectée. Le surf n’est pas un sport à risque lui disait-il, c’est un art de vivre.
Rick et Madison firent le chemin du retour ensemble. Il s’arrêtèrent boire un verre au bar El Faro. le bar était plein. Il parlèrent des tarots, Rick s’y était intéressé dans sa jeunesse, il avait assisté à des rencontres au quartier latin à Paris avec Alexandro Jodorowsky, maître de tarots. Souvent on lui avait tiré les cartes, lui même s’y était essayé sans grand succès. Les cartes l’avait parfois rassuré dans ses jeunes années. Madison lui proposa un tirage. Rick refusa, ce n’était plus l’avenir qui l’intéressait, il savait que de toute façon il mourrait et  sans doute dans pas si longtemps. Il avait 60 ans, 60 plus 20 ça fait 80, 10 de plus et c’était l’âge de son père et 20 c’est pas beaucoup par rapport à 60. Alors fallait surtout profiter. Par contre le passé l’intéressait de plus en plus, l’avant dont il percevait parfois des traces, ce qui parfois guidait sa musique et venait manifestement de bien plus loin que son enfance. Madison, lui son boulot c’était l’avenir, le passé aucun intérêt, il ne pouvait rien pour Rick. Les deux hommes se séparèrent en riant, passablement ivres. Madison trouva en la patronne du bar une proie parfaite pour ses exploits de voyant. Rick regagna son hôtel en titubant.
Le voilà qui tangue dans les rues étroites de Fontarrabie. Oui, il y a des trucs qu’il aimerait bien comprendre: pourquoi il aime tant boire du vin rouge en Espagne, pourquoi ces voix rauques le bouleversent… Une vie antérieur peut-être?

jeudi 16 novembre 2017


En compagnie de J.M.G. le Clézio


(Lac de Charpal, Lozère, 26 juillet)

Il  y avait un lac, des montagnes, un vieux couple qui dormait dans une 4L fourgonnette aménagée.
C’était aux environs de Gap, dans les Alpes. J’avais moi aussi une 4L fourgonnette, rouge, chargée du décor d’un spectacle que je jouais dans les écoles.
J’étais assis devant ma tente, une canadienne bleue, sur l’herbe sèche. La pente descendait jusqu’au lac, la vue portait loin, nous étions fin mai, la soirée était douce, j’avais 25 ans.
Je lisais « Désert » de J.M.G. Le Clézio. C’était le premier livre que je lisais de lui.
« Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. » C’est la première phrase du livre. Il y a le paysage, puis les hommes.
Je fus happé par la grâce de ce moment, les mots de Le Clézio qui m’emportaient bien au delà des sommets, ces gens à quelques pas, qui préparaient leur bivouac après m’avoir salué, le paysage, la lumière qui baissait lentement.
J’ai lu jusqu’à  ce qu’il fasse trop sombre, puis j’ai dormi comme un bienheureux, avant de descendre au petit matin dans la vallée pour jouer mon spectacle.
Le Clézio n’a cessé de m’accompagner; l’homme autant que l’écrivain me touche.
En refermant son dernier livre, Alma, il me semble entendre à côté les pas furtifs de Dodo, l’un de ses personnages. Je repense à cet instant dans les Alpes en compagnie de l’auteur.
Sans doute s’inscrivait sur ces pentes herbeuses tout ce qui avait été et allait être.

mercredi 15 novembre 2017



2050


 (La Défense, 7 février 2016)

Ils ne marchent pas, ils glissent, 
Un léger chuintement sur le sol dur,
Leur tête est un triangle isocèle.
Ce n’est pas le vent entre les murs,
Ce sont eux qui murmurent,
HTML, XML, LaTeX, LilyPond…

mardi 14 novembre 2017


Les islandais


 ( Chapelle Notre-Dame-De-Grâce, Honfleur, 5 octobre 2016)

…Ouais, 14 ans et j’suis parti. J’savais où j’allais parce que j’écoutais tout chez moi, j’écoutais mon père. C’était à table qu’y parlait  l’plus, assis toujours à la même place, là, face à la fenêtre, des fois que quelqu’un ou quelque chose passerait.
N’empêche que la place elle restait vide six mois de l’année. Et après ,c’était celle du fils qui restait vide pareil. Et puis celle du deuxième, vide, pareil. Et du troisième, pareil. Et même que des fois, y’avait des maisons où la mère elle se retrouvait seule devant sa soupe… face à la fenêtre, des fois que…
Ici, on parlait que d’Islande dans les maisons,  c’est pour ça que j’avais peur. Tous les hommes étaient pêcheurs, y’avait qu’ça pour vivre, on les appelait les islandais.

(Écrit en 2009 pour le spectacle "L'islandais")


lundi 13 novembre 2017


L'Automne


(Vaucresson, 12 novembre)

Quelle belle idée de colorer les feuilles quand tout s’assombrit!

dimanche 12 novembre 2017


Miniatures éphémères
Étreintes


(Jaizkibel, Espagne, 1er novembre)

Leur chambre est au premier étage. Il se lève le premier, sort le chien, donne à manger aux lapins, prépare le petit déjeuner et attend son épouse au pied de l’escalier de chêne. Réveillée, celle ci l’écoute s’affairer. Lorsque c’est le moment, elle descend, s’arrête à la dernière marche. Là, ils ont la même taille. Ils se serrent longuement dans les bras l’un de l’autre sans un mot, puis chacun vaque à ses occupations.

samedi 11 novembre 2017



C'est un dimanche en Italie


C’est un dimanche en Italie, les portables ont disparu du paysage, 
Au verger les arbres donnent des livres et des oranges.
On aimerait se rendre invisible pour lire par dessus les épaules,
Ou faire connaissance pour cueillir ensemble mots et brindilles.
C’est un dimanche en Italie, le monde semble tourner comme il faut,
Le soleil est à sa place, on ne dit rien mais on est là sur le pas de la porte.




(Villa Doria Pamphilj, Rome, 9 avril)

vendredi 10 novembre 2017


De très loin


(Hendaye, 1er novembre)

Elle est apparue comme ça, d’un coup, penchée sur l’eau. J’ai d’abord pensé qu’elle tentait  de saisir un poisson, puis je me suis dit qu’elle priait. Je l’ai vue se redresser et avancer lentement vers la plage. Elle était en jean et soutien-gorge, son visage n’avait plus d’expression. Elle semblait venir de très loin.

jeudi 9 novembre 2017


Périphérique


(Paris, Périphérique Sud)

Coincé sur le périphérique, je rêvais d’un lever de soleil au Zimbabwe en me curant le nez avec volupté quand, sentant une présence, j'aperçus à ma droite trois gamins hilares le nez collé à la vitre d’une Panhard, commentant le moindre de mes gestes.

mercredi 8 novembre 2017



"Le Bel Oiseau"


(Paris, 13ième, 7 novembre)

Me voilà au 124 avenue d’Italie, dans un quartier qui a bien changé, répétant un spectacle joué il y a trente sept ans dans les écoles. Les articulations sont un peu rouillées, la voix est plus grave, le souffle plus court, l’enthousiasme est intact.
C’est l’histoire* d’un homme, Louis, qui fabrique une marionnette, un oiseau. Nous le voyons enfant, puis adulte et enfin vieillard. Il consacrera sa vie à faire voler cet oiseau. Celui ci  ne s’envolera qu’à l’instant où le vieil homme s’éteindra. Le temps passe, la ville s’étend, les arbres poussent, Louis travaille.
J’avais 25 ans. À l’issue d’une représentation une institutrice me dit avec une rare violence: « Ce n’est pas pour les enfants votre spectacle, c’est pas bien, c’est de la merde… » Immédiatement je sens quelque chose qui cloche. Le spectacle s’est très bien passé, adultes et enfants semblaient ravis, et cette femme tremble légèrement. Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle s’effondre et me fait cet aveu: « Et puis d’abord, ça fait trente sept ans que j’essaye de le faire voler mon oiseau, je n’y arrive toujours pas… »
Je n’ai pas su quoi dire, j’étais bouleversé. Peut-être, maintenant saurais je lui répondre.

(* « Le Bel Oiseau » de Jean-Pierre Idatte)

mardi 7 novembre 2017


Ce jour là


 (Vaucresson, Hauts-de-Seine, 26 octobre)

Josiane vend des chapeaux rue de la Muette. Chaque matin elle prend le train à Vaucresson, elle monte dans le wagon de tête et s’assoit toujours à la même place en face de Cyprien qui vend du vin rue de la Pompe.
Ce jour là, le brouillard était tel que la voie ferrée disparaissait au  bout du quai.
Josiane s’imagina  louper Saint-Lazare, filer dans les grandes plaines jusqu’au lac Baïkal, et s’arrêter à Oulan Bator boire une tasse de thé avec Cyprien. Le service serait de porcelaine de Valentine et ils porteraient des Chapkas de lapin blanc.
Cyprien s’imagina s’envoler sur une nappe de dentelle grise, survoler le pacifique, et boire une bouteille de Pouilly-Fuissé sur le Mont Fuji. Les verres seraient de cristal Baccarat et ils porteraient des bottes de lapin blanc.
Ce jour là, le brouillard était tel que Josiane et Cyprien se parlèrent pour la première fois.

Le moment de la paix


(Au pied du Jaiskibel, Espagne, 1er novembre)

Quand Antonio est arrivé au fond de la crique, la mer était si calme qu’il y régnait un silence étrange. Le ciel avait mangé la mer et quelqu’un avait éteint la lumière. C’était la première fois qu’il accompagnait son oncle Pablo. Il avait eu du mal à le suivre jusqu’ici. Pablo courait sur le sentier des douaniers, dansait sur les pierres, connaissait le chemin par cœur, c’était son territoire. Antonio, lui, ballotté de ville en ville par sa mère et ses amants, n’avait jamais eu de « territoire ».
Il avait tenu bon derrière Pablo, il ne voulait pas s’en séparer.
Là, au fond de la crique, où la mer pénètre l’obscurité des falaises, épuisé, il avait senti une promesse de paix.
Et puis Pablo, sans un mot, avait noué une fourchette au bout de son bâton, puis scruté l’eau sous les pierres. Très vite il avait déniché un poulpe, l’avait piqué d’un coup sec. Antonio avait vu l’eau noircir, devenir plus noire que les pierres. Il avait  vu Pablo brandir fièrement le poulpe au bout de son bâton fléchissant sous le poids du céphalopode, il avait vu Pablo battre violemment l’animal sur la pierre noire.
Non, ce n’était pas encore le moment de la paix.

dimanche 5 novembre 2017


Miniatures éphémères
Corps céleste


(Hendaye, 30 octobre)

Le 28 octobre un « corps céleste » étranger à notre système solaire aurait été identifié.
L’objet spatial baptisé A/2017U1 pourrait être le premier d’une provenance extérieure à notre système solaire, selon l’analyse de sa trajectoire (Sources: L’Express, 28/10/2017).

samedi 4 novembre 2017


Le Rocher


 (Au pied du Jaiskibel, Espagne, 1er novembre)


C’est un rocher au fond d’une crique.
Quand la lumière l’effleure,
Le marcheur s’y adosse.
La pierre console, à sa manière,
Discrète et douce.


D’une fissure roule un caillou rond,
Parfaitement rond.
Le marcheur le glisse dans sa poche
Et repart,
Tandis que sur le rocher la lumière
S’efface.

vendredi 3 novembre 2017


Je ne fais que passer


(Ziburu Mendi, Pyrénées-Atlantiques)

Un arbuste tordu sur le bord du sentier
Un paysan penché sur sa terre
Quelques gouttes de sueur
Les sonnailles dans les fougères
Les murs de pierres sèches
Le vent, toujours le vent
Je ne fais que passer

jeudi 2 novembre 2017


Aucune vague


(Hendaye)

Aucune vague, un infime ressac, il régnait ce matin une incroyable sensation de paix sur la plage.
Tout être, toute chose se détachait comme un point sur une feuille blanche. Une de ces feuilles sur lesquelles, enfants, nous reliions au crayon des points numérotés pour voir apparaître un animal, un paysage, un personnage, ou une histoire. 

mercredi 1 novembre 2017


Le jour des morts


(Hendaye)

Un ami me disait que les morts ne disparaissent pas, ils sont toujours là qui dansent quelque part.