samedi 30 juin 2018


S'accrocher


(Blayac, Aveyron, 8 juin)

Après une journée passée à ne rien faire, j’ai une grande tendresse pour ce misérable insecte qui s’accroche à sa brindille.

vendredi 29 juin 2018


L'intérieur des terres


(Hendaye, 24 juin)

Longtemps, j’ai regardé au large. Vieillissant, je me tourne plus souvent vers l’intérieur des terres.

jeudi 28 juin 2018



Paysages nocturnes


(Vaucresson, 27 juin)

Un rayon de lune t’éclaire
auprès de ta fenêtre;
Ta figure illumine, 
D’un autre, le rêve nocturne.


Tu te tiens seule sur le pont
contemplant le paysage;
Tu es dans le paysage
Qu’admire un autre du balcon


(Deux poèmes de  Pien Chih-lin, extraits du recueil Entre Source et Nuage de François Cheng, édition Albin Michel)

mercredi 27 juin 2018


Un Geste


(Hendaye, 23 juin)

On lui reproche souvent ce geste, un geste du revers de la main quand quelque chose ou quelqu’un le contrarie, un geste sec, un geste sans égards, un geste hérité de son père.
Il lui faudra du temps pour en venir à bout.

mardi 26 juin 2018


Quartz


(Hendaye, 22 juin)

C’était un Quartz fumé, une pierre brune translucide avec trois ou quatre pointes aux formes géométriques qui tenait dans le creux de la main.
Elle est longtemps restée sur une étagère dans ma chambre d’adolescent à coté d’une petite médaille triangulaire grise, le test de bronze. Sans doute la seule médaille que j’ai jamais obtenue, un test de ski.
Nous étions en colonie dans les Alpes avec ma sœur aînée. Je devais avoir douze ou treize ans. Je ne sais plus où c’était. En Suisse peut-être. Mes seuls souvenirs sont ceux de quelques camarades qui m’avaient affublé d’un surnom peu reluisant, d’une nuit passée dans le foin d’une grange après avoir fait le mur, de la descente à l’aube glissant et riant dans la pente le cul sur des sac en plastique, et de cette pierre, ce trésor que m’avait offert le moniteur de ski en me remettant la modeste médaille.
Chacun d’entre nous ayant réussi le test avait sa pierre. Le moniteur courait la montagne en quête de gemmes. Il disait aux enfants: ce sont des morceaux de soleil pris dans les grottes.
Il les libérait pour nous les offrir.

lundi 25 juin 2018


Le coucher de soleil


(Hendaye, port de Sokoburu,  24 juin)

Pas un souffle sur le port de Sokoburu. Par la moindre vibration de hauban. Edmond est toujours à quai*. Deux ans déjà. La cabine est remplie de livres, les livres qu’il achetait à Héloise parce qu’il la trouvait jolie. Héloise n’est plus là, il continue d’acheter des livres ici ou là.
Le voilier n’est plus en état de naviguer, Edmond non plus. Il a basculé dans un autre monde, il sort de moins en moins. Le plus souvent il lit allongé sur sa couchette. Le léger roulis du bateau les jours de gros temps lui suffit. Déplacements, gestes et paroles sont réduits au stricte nécessaire.
C’est encore calme, la saison d’été démarre à peine. On entend juste le ronron du moteur d’une embarcation de retour au port.
Edmond a de nouveaux voisins. À tribord, un anglais sur un cotre breton, qui vit avec un cochon noir et un chiot. Le soir il les promène en laisse sur la jetée face à la mer. À l’aube Edmond est souvent réveillé par les grognements du cochon. Cela ne fait que l’éloigner davantage du grand large. À bâbord, une norvégienne  sur une vedette baptisée Calice. Elle semble seule, elle aussi. Peut-être pourrait-il faire un peu plus connaissance? Il y a bien longtemps qu’il n’a pas touché une femme. Cela lui effleure à peine l’esprit, de même que l’idée d’un prochain départ. Il se replie dans sa coque, comme l’escargot qui se rétracte, les livres sont l’épiphragme qui obture la coquille. Deux ans qu’il lit sans cesse, après avoir navigué des années sans ouvrir un bouquin, ni même un journal, une revue, un guide, un programme ou un mode d’emploi. Il ignorait les mots, maintenant il ouvre un livre comme on prend la mer.
« Mon travail de la journée achevé, le soleil se couchait presque. le diner serait bientôt prêt à Pensemort.
J’étais impatient de voir Pauline et de goûter ce qu’elle avait préparé et de la voir au diner et peut-être que je la verrais aussi après. On ferait une longue promenade, peut-être près de l’aqueduc.
Ensuite on irait peut-être jusqu’à sa cabane pour la nuit ou bien l’on resterait à Pensemort ou bien on reviendrait ici, si Margaret n’enfonçait pas la porte à sa prochaine visite.
Le soleil baissait derrière les pylônes de l’usine oubliée. Ils remontaient bien au delà de tout souvenir et ils étincelaient dans le soleil couchant. »
Le coucher du soleil dans Sucre de Pastèque de Richard Brautigan, page 21, édition 10/18.
C’est à vingt et un an qu’Edmond s’est embarqué pour la première fois, une goélette avec vingt sept personnes à bord. Le capitaine avait quelques dents en moins, ça lui donnait un drôle de sourire.
Edmond aime bien Richard Brautigan. Il aurait aimé naviguer en sa compagnie. Mais peut-être celui-ci n’avait-il pas le pied marin.
Edmond pose le livre, s’étire, regarde par le hublot. La lumière décline. Il sent  quelque chose bouger à l’intérieur de lui, c’est tout petit, très profond. Il se lève, se regarde dans le miroir fendu accroché au dessus du lavabo. Il est barbu, hirsute, de longs cheveux châtains, une barbe longue, quelques poils blancs. Tiens, il y a même quelques longs poils qui ont poussé sur ses sourcils, de longs poils qui rebiquent, comme pour souligner sa surprise. Sans doute l’immobilité accélère-t-elle la pousse.
il monte sur le pont. La lumière vient de s’allumer sur le Calice. Il s’étire à nouveau. L’escargot se réveille, l’épiphragme se fissure.
S’il allait voir sa voisine, lui parler de Richard Brautigan et des couchers de soleil?
Il se souvient aussi avoir lu que les escargots ne peuvent reculer, ils ne peuvent qu’avancer…ou dormir.

*Publication du 20/10/2016, « Plume »

dimanche 24 juin 2018

samedi 23 juin 2018


Feux de la Saint-Jean


(Hendaye)

À Fontarabie on fête la Saint-Jean. L’odeur des feux, le son des pétards et de l’accordéon saute la frontière. Il y a une trentaine  d’année une petite fille dansait seule autour d’un grand feu sur le pont de Solignac, en Limousin. Son petit frère dormait à poings fermés dans sa poussette, ses parents n’avaient d’yeux que pour elle. Elle dansait, elle était totalement libre, et n’avait aucune crainte du feu.

vendredi 22 juin 2018


Le Poncho


(En Aveyron, 5 juin)

C’était un matin de juin, un matin pâle, sur une route étroite et sinueuse, quelque part entre Baraqueville et Villefranche-de-Rouergue.
Je me suis arrêté pour photographier un nuage.
Je suis reparti lentement, il était encore tôt, j’avais tout le temps.
Le paysage me rappelait un poncho de carrés de laine au crochet. Des carrés colorés.
Je voyais précisément le poncho mais pas celui ou celle qui le portait. Il me semblait que c’était une femme. L’une de mes sœurs, une amoureuse, Joan Baez?
La journée entière j’ai pensé à ce poncho, sans pouvoir y associer un visage.
La laine était douce.

jeudi 21 juin 2018


Le parfum de l'océan



(Sur la route de la Corniche entre Saint-jean-de-Luz et Hendaye, Pyrénées-Atlantiques)

C’est le jour le plus long
je viens de faire huit cent kilomètres
pour sentir le parfum de l’océan

mercredi 20 juin 2018


Cailloux

 

(Les Enfrux, Aveyron, 9 juin)

Elle s’appellerait Suzanne. Il la trouverait un soir endormie devant la porte, le dos contre le bois, la tête penchée, les jambes repliées, les mains sur les cuisses, des mains blanches, offertes. Un visage doux, deux petites joues rondes à croquer, un sourire, les paupières légèrement tombantes, marque des chagrins anciens, une égratignure au dessus de la lèvre, sans doute le coup de patte d’un jeune chat. Elle porterait une robe de coton rouge à pois blancs, des godillots noirs, un gilet de laine jaune pâle. Elle aurait des taches de rousseur, au front quelques gouttes de sueur.
Il revient de la montagne, il la trouve là devant sa porte. Il lui tapote l’épaule, elle ne répond pas, il la prend dans ses bras avec délicatesse, ouvre la porte, la dépose sur le lit. Il allume un feu, met de l’eau à chauffer, prend un bout de tissu propre dans le coffre de châtaignier.
Il humidifie le chiffon et le passe sur le front de la jeune femme. Elle se réveille, le regarde, dit: je m’appelle Suzanne. C’est tout, un nom, le reste est à réinventer.
Il lui dira son nom, Cailloux, Il lui parlera de ses brebis, des loups, des prairies en fleurs, du chant du ruisseau. Il lui apprendra à soigner les bêtes. Ils mangeront des myrtilles, ils auront la langue bleue, ça les fera rire. Elle lui frottera le dos dans la bassine de zinc, il se retournera le sexe dur, il dira: là aussi; ils riront encore.
Il faudra agrandir le lit, descendre dans la vallée acheter quelques étoffes,  un deuxième couvert, un vase pour les fleurs. Ils iront danser à la Saint-Jean, il sautera par dessus le feu, elle applaudira, ils rentreront la nuit, elle aura peur sur le chemin, il lui tiendra la main, sa petite main blanche, offerte.
Cailloux, c’est bien comme ça que je m’appelle se dit-il en ouvrant la porte, même s’il n’y a que moi qui le sait. Il pose son bâton contre le mur, s’assoit sur le lit étroit, se déchausse.
Je suis sûr que ça lui plairait à Suzanne, Cailloux…



mardi 19 juin 2018


La lettre


(Lys oriental, Vaucresson, 17 juin)

Dans un jardin, assis sur un banc de bois usé, un homme lit une lettre. Il plisse le front, son corps se raidit, il froisse la lettre, il en fait une boule qu’il garde serrée dans son poing.
Il lève les yeux. Un rayon de soleil se fraye un chemin entre les feuilles d’un opulent platane pour se poser sur un bouquet de lys.
L’homme déplie la lettre froissée, l’étale sur sa cuisse, passe et repasse sa main sur le papier…

lundi 18 juin 2018


Chimie


(Escargot des jardins et chardon sec, Blayac, Aveyron, 8 juin)

Il pleurait du matin au soir, atteint d’un mal dont il ignorait la source. Parler, écrire, lire, agir, rien n’y faisait. Il ne dormait plus, il se sentait fondre. Bientôt il ne resterait de lui qu’une flaque, puis un mince filet d’eau salée s’en allant dans la pierre fissurée.
En dernier recours, il fit appel à la chimie. Les larmes cessèrent. L’oeil restait sec, l’émotion présente mais légèrement de côté.
Ses nuits s’apaisaient. Il refit surface, une joie discrète chassa la mélancolie. Il revint au monde, côtoyant son mal comme on apprivoise une bête sauvage.
Il allait mieux, beaucoup mieux, disait-on. Bientôt il pourrait se passer des médicaments.
Les larmes couleront-elles à nouveau? Quelle sera leur saveur?

dimanche 17 juin 2018

vendredi 15 juin 2018


À la folie


(Blayac, Aveyron, 8 juin)

Enfant, il effeuillait les marguerites, courant après l’amour en massacrant les fleurs.
Bien des années plus tard, il se contente de regarder tomber les pétales . Au dernier, il appelle sa femme, lui montre la fleur et lui murmure dans le creux de l’oreille: À la folie…

Rendus par la montagne


(Pic de Bure, Hautes-Alpes, 17 juillet 2017)

L’été dernier un ami me racontait l’histoire d’un jeune alpiniste retrouvant  sur un glacier son père disparu en montagne, le corps parfaitement conservé. Le fils découvrait son père plus jeune que lui.
Quelques jours après avoir entendu cette histoire, je suis en balade dans les alpes et je lis ce fait divers: Le glacier des Diablerets, fondant à la chaleur exceptionnelle de ce mois de juillet 2017, vient de rendre les corps intacts de Francine et Marcellin. Elle était institutrice, lui cordonnier, ils habitaient Savièse dans le Valais Suisse, ils avaient six enfants. Il y a soixante quinze ans, ils étaient partis nourrir des bêtes en montagne, on ne les a jamais revus; les enfants furent tous placés.
Les deux corps ont été retrouvés côte à côte avec un sac, une bouteille et une montre.
Le 25 juillet 2017  la vieille Marcelline, la seule des six enfants encore vivante, enterrait ses parents, bien plus jeunes qu’elle.
J’ai longtemps gardé cette histoire en tête, me disant que j’en ferais sûrement quelque chose, une histoire romantique, fantastique, une histoire qui parlerait d’amour et de relativité.
Et puis, il y a quelques jours, en juin 2018, je lis dans le Monde, que la fonte des neiges découvre les corps de migrants morts de froids au cours de leur périlleuse traversée entre l’Italie et la France. Aucun fils, aucune mère n’assistera à leur inhumation.
j’aurais tant voulu écrire une histoire d’amour.

jeudi 14 juin 2018


Rum and Coca Cola

 
(Viaduc de Millau, Aveyron)

Hambourg, Montpellier, c’est son dernier trajet, il transporte des machines à laver. Demain, René décharge, laisse le camion au dépôt et raccroche. Rum and Coca Cola, Calypso Rose, la radio à fond sur le viaduc. Il bouge les épaules, ses doigts tapotent le volant, vitesse bloquée, cent dix, le pied droit se détend. En pilote automatique vers Trinidad dans la cabine d’un A320, A330 ou Boing 737, altitude 39000 pieds. 63 ans, 35 ans de bitume, René a les yeux qui piquent, le dos qu’est plus d’accord, il est temps de raccrocher.
Fini les week-ends sur les aires d’autoroute, les douches dans les stations service, les attentes aux frontières, les files bloquées sur les bords des routes verglacées, les nuits dans la cabine, les filles qu’on retrouve aux mêmes escales, les hallucinations juste avant de s’arrêter, les parties de cartes avec les collègues, les infos en boucle, les galères de moteur, les pneus éclatés, le cœur qui bat à cent à l’heure lorsque l’on vient d’éviter la catastrophe, les contrôles qui n’en  finissent plus, le corps qui refuse de se déplier, le café brûlant dans le gobelet de plastique, les coups de fil quotidien à celle qu’il aime, les fulgurances d’un paysage en parfaite harmonie avec la bande son radiophonique. René raccroche.
Rum and Coca Cola, il s’occupera d’elle, ils iront à Trinidad, ils danseront dans les bars, ils auront vingt ans.
Rum and Coca Cola, sur le viaduc René profite, un dernier verre, pas si facile de raccrocher.



https://www.youtube.com/watch?v=iKt9G7ardCc

mercredi 13 juin 2018


Novis


(Novis, Aveyron)

Aujourd’hui,
c’est là que je suis.
Le vent souffle.

mardi 12 juin 2018


B.O


(Sur la D45 entre Saint-Saturnin-de-Lenne et Saint Laurent-d’Olt, Aveyron)

Sur la route
le brouillard
la B.O d’Ascenseur pour l’échafaud
on lève le pied
on voudrait s’allonger dans l’herbe
elle est mouillée

lundi 11 juin 2018

dimanche 10 juin 2018

samedi 9 juin 2018


Feu de jardin


 (Saint-Chely-d’Aubrac, Aveyron)

Après une longue marche solitaire dans l’Aubrac - j’aime ces hauts plateaux où rien ne semble troubler la sérénité des vaches - je redescends vers Saint-Chely-d’Aubrac. Sur le sentier bordé de pierres moussues une odeur lointaine de feu de jardin me picote le nez, et la mémoire. Une image apparait immédiatement: Une palissade de piquets de bois gris couverte de liserons. Elle borde le jardin de mon grand-père le long de la Sente de la Folie à Vaucresson, une sente raide parcourue en son centre par une rampe métallique.
Voilà Pierre, mon grand père, nous portons le même nom, qui lentement monte vers sa maison, s’accrochant à la rampe. Il est penché vers l’avant, le béret légèrement rejeté en arrière, l’effort lui fait froncer les sourcils; ou n’est-ce pas plutôt la rage de se sentir de plus en plus faible? Il porte ce pull marron troué par les mégots qui s’échappent de ses lèvres lors de ses siestes.
Ce n’était pas un homme très loquace. L’une des rares choses que je sais de lui c’est qu’il rêvait d’être paysan. Il avait fait fortune en Indochine, était rentré à l’arrivée des japonais et n’avait quasiment plus jamais travaillé. Il gérait ses économies et s’occupait de son jardin.
Je me souviens des groseilliers, des framboisiers, du potager, de la tonnelle de métal rouillé, des groseilliers à maquereaux, que j’appréciais particulièrement, prés de la palissade de bois gris.
Nous parlions peu, n’étions pas particulièrement proches, et pourtant souvent je pense à lui.
Si ce léger parfum de feu de jardin le convoque immédiatement, c’est que nous ne mesurons pas tout ce qui nous est transmis à notre insu. De lui me vient le plaisir de mettre mes mains dans la terre, et sans doute beaucoup plus que cela.
Je continue ma descente vers Saint-Chely en compagnie de mon grand-père. Le chemin est étroit, en sous bois, la lumière est belle, j’entends des sonnailles sans pouvoir distinguer le troupeau entre les branches. Un peu plus tôt j’ai fait quelques jolis photos de vaches, l’une d’elles pourrait accompagner ces pensées, pour celui qui se rêvait paysan.
En entrant dans le village, ma première vision est celle de cet homme alimentant un feu dans son jardin. C’est donc de là que vient l’odeur de végétaux brûlés. Et cette banale image d’un homme occupé à sa tâche devient soudain extraordinaire. Elle s’offre à moi. Mes pensées se déroulant le long du chemin m’ont conduit à elle, une image de maintenant, une image de tout temps.

vendredi 8 juin 2018


Les canards


(Canard carolin, Parc de Rochegude, Albi, Tarn, 6 juin)

J’aime bien regarder les canards
Ils flottent
ils volent 
ils dorment
Ils se grattent les plumes
Ils ne s’en font pas
c’est tout


(Colverts et peuplier, Caillac, Lot, 1er juin)

jeudi 7 juin 2018


Cœur mouillé


(Saint-Cirgue,Tarn, 5 juin)

Le ciel gronde, la pluie va taper, j’ai le cœur mouillé, les semelles usées et la langue gelée.

mercredi 6 juin 2018


Les matins


(Sur la D53 entre Valence-d’Albigeois et Tanus, Tarn, 5 juin)

Il y a des matins froids, des matins tristes, des matins légers, des matins froissés, des matins fripés, des matins cassés, des matins coquins, des matins fuyants, des matins mouillés, des matins enclins, des matins pour rien, des matins pour rire, des matins pour chien, des matins sans fin, des matins à deux, des matins à boire, des matins perplexes, des matins en boucle, des matins inquiets, des matins guerriers, des matins chantés…
On dit que les inuits ont une cinquantaine de mots pour dire la neige, il m’en faudrait autant pour dire le matin.

mardi 5 juin 2018


Envie d'apprendre


Aujourd’hui représentation à la salle des fêtes de Foissac dans l’Aveyron, juste en face de l’école.
Une école comme un jouet, une école qui donne envie d’apprendre.

lundi 4 juin 2018


Le viaduc


(Tanus, Tarn, 2 juin)

Albertine n’a jamais quitté son hameau sur les berges du Viaur. Autrefois il arrivait que des voyageurs passent par là, lui donnant des nouvelles de là-haut. Au cours de la construction du viaduc, beaucoup d’ouvriers sont venus, des étrangers, Albertine étaient contente.
Un jour plus personne n’est descendu.  Maintenant les seules nouvelles du monde d’en haut sont les incessants claquements des roues sur les joints du pont.

dimanche 3 juin 2018


Miniatures éphémères
Arachnophobie


(Saint-Cirgue, Tarn)

L’homme était né dans un jardin un jour d'été. Il était arachnophobe. Il avait pris la mer, fuyant ses frayeurs.  C’était sans compter sur les araignées qui colonisaient les moindres recoins du navire.
Il ne lui restait alors plus qu’à faire face, ou se jeter par dessus bord.


(Saint-Léons, Aveyron, 22 mai)

samedi 2 juin 2018


(Sérénac, Tarn, 27 mai)

Bois mangé, cœur ouvert.



(Tanus, Tarn, 2 juin)

vendredi 1 juin 2018




À six heures


(Saint-Cirgue, Tarn)

À six heures  ce matin j’ai vu trois arbres dans le brouillard et un homme qui ramassait des pierres. Je ne savais plus où j’étais. C’est bon parfois de ne plus savoir.
À six heures ce soir, au dessus des rivières, je sais cela: mon amour est loin et la route me tient.