Ni fleur, ni oiseau
(Vaucresson, 29 septembre, 19h)
Les fleurs ont leur moment.
En septembre ce sont les hélianthus, les soleils vivaces.
Dimanche, ils dansaient au pied du figuier.
Au bout de leurs longues tiges, ils oscillaient entre l’ombre et la lumière.
Après la pluie le ciel offrait un peu de clarté.
À dix-neuf heures le soleil est bas,
quelques traits filaient à travers la glycine droit sur les fleurs jaunes.
Je n’étais quasiment pas sorti de la journée,
je profitais de cet instant, quelques minutes de bonheur,
dans le seul coin du jardin où parvenait la lumière.
L’an dernier (billet du 24 septembre 2018) déjà ces fleurs m’avaient charmé.
La photo était plus contrastée, plus sauvage et les mots plus animés.
Ce soir, c’est une danse douce, bras ouverts,
on n’ose pas les refermer,
il ne faut rien brusquer dans le balancement du soir.
Une danse douce
une danse jaune
tandis qu’au delà du jardin sourd la violence.
Les fleurs dansent, les brutes frappent.
Quelque chose se passe dans notre pays que je n’aime pas,
nos libertés sont mis à mal.
Je sais que cela a déjà eu lieu,
et aussi que l’hélianthus renaît à l’automne.
Je sais que l’homme a plus que sa part d’ombre,
et aussi que le rouge gorge est le premier oiseau
qui chante au matin.
Et je sais que je ne suis ni fleur, ni oiseau.