Le grand déménagement
(Villeneuve-les-Avignon, 9h)
L’orage tourne autour de la ville,
nuages noirs, ciel zébré, quelqu’un déménage,
sans précaution, faut s’tirer, ça part en vrille.
Deux jeunes femmes, témoin de Jehova,
m’ont dit il existe, on en a la preuve.
Elle m’ont montré leur Iphone, fallait lire un texte du prophète Isaï.
Ah oui, la preuve, sur un Iphone, aï aï aï.
C’est le marché, c’est lui, c’est sûr, il existe,
la ville est couverte de banderoles à son effigie,
il gueule sur les platines, il chie sous les platanes,
si Jésus revient, il n’y pourra rien,
il finira dans une boule à neige.
L’orage gronde, les nuages n’ont plus de nom
Au tir au pigeon, à la pêche au canard, y a rien à gagner,
qu’un geste dérisoire, le souvenir d’un lot à faire rêver les mômes.
Elles y croyaient, le ciel a craqué, elle se sont fait saucer.
je leur ai dit Noe vous attend, au Mont Ventoux,
elles souriaient toujours, la foi agrafée au corsage.
C’est beau ces sourires, quand ça part en vrille,
Je leur ai dit une caresse, une étreinte, l’herbe couchée,
voilà ma preuve, une preuve de vie, une preuve d’amour,
elles souriaient encore, sans comprendre.
l’orage tourne autour de la ville,
nuages noirs, ciel zébré,
j’irais bien donner un coup de main
pour le grand déménagement.