En voie de disparition
(Paris, Les Halles, 27 octobre)
Souvent je photographie des arbres, des feuilles, des fleurs, des insectes, comme on fait des photos de famille. Garder trace de ce qui nous est cher, de ce en quoi on se reconnaît.
Dans ces moments, je n’envisage pas la disparition un jour ou l’autre de ce qui m’enchante. Ce n’est qu’après, abreuvé des nouvelles du monde, que sourd l’inquiétude d’une prochaine extinction.
Ce jour là, je me trouvais au cœur de la fourmilière qui grouille dans le trou des Halles à Paris.
Je n’aime pas trop les villes, même si je ne suis pas insensible à leurs charmes. Je photographiais la façade de verre, un aquarium de poissons exotiques. C’était beau, c’était joyeux, les jeunes filles parlaient fort, l’opulence dévalait les escalators. Pourtant je me sentais étranger à ce monde, jusqu’à me demander si je ne faisais pas partie des espèces en voie de disparition.