Firmine et la lune
(Vaucresson,5h 55)
Sur le quai de la gare de Vaucresson, Firmine attend le train de six heures, le train des trimards qui rabiotent quelques minutes de sommeil dodelinant de la tête le temps du trajet. Firmine regarde la lune pleine entre les arbres de l’autre côté des voies. Sacré lune, Firmine n’a pas fermé l’œil de la nuit, c’est chaque fois pareil, la lune l’asticote, la fait se tourner et retourner dans son lit, jusqu’à ce qu’elle se lève pour la regarder par la fenêtre. Firmine et la lune, c’est une vieille histoire, Firmine est née un jour de pleine lune dans une salle de bain carrelée de jaune. La lune prenait toute la place dans la lucarne au dessus de la baignoire. Quand elle était gamine, elle se levait quand la lune était suffisamment grosse pour éclairer tout le minuscule appartement. Elle défiait l’astre. Tu t’en ira la première, lançait-elle à la lune, et elle restait debout jusqu’à ce que la lune disparaisse, fière d’avoir tenu tête à la planète. Maintenant c’est elle qui doit quitter le face à face, faut bosser, il y a des horaires strictes, elle ne peut plus attendre comme ça que la lune s’échappe. Le train ne va pas tarder. Firmine fixe la lune prise dans le feuillage. Elle aperçoit un petit homme assis dans l’arbre, un petit homme qui regarde descendre la lune. Restera-t-il sur sa branche jusqu’à ce que la lune s’en aille? Il faut qu’elle voit ça, quitte à laisser passer le train…
An important decision! I vote for waiting.
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