vendredi 20 septembre 2024


Les ruisseaux

(Travaillan, 19 septembre, 18h 45)

L’une des dernières images que je ferai à Travaillan, le ruisseau l’Alcyon, ancien canal d’irrigation. Ici le territoire était parcouru de canaux, les anciens savaient gérer les eaux, un savant jeu de vannes dites martelières permettait d’irriguer les champs à heures précises. L’Alcyon passe derrière la maison bien nommée la Martelière, la maison que nous quittons définitivement dimanche. Le petit bruit de l’eau, les araignées d’eau (Gerris lacustris ou patineuses), la lumière du soir, il me semble que toutes les enfances heureuses ont leur ruisseau. Le mien était en Ariège en bas d’un bois, nous y péchions les écrevisses. Nous remontions fièrement le bois en fin d’après-midi, nos prises dans un pot au lait, notre diner. Les ruisseaux où on lance des bateaux de papier ou de bois voilé de feuilles, les ruisseaux où on se rafraîchit les pieds en été, les ruisseaux que l’on traverse en équilibre sur les pierres, les ruisseaux qui nous désespère quand ils sont secs, qui nous effraient lorsqu’ils débordent et nous apaisent lorsqu’ils sont sages, les ruisseaux où viennent boire les bêtes qui laissent leurs traces sur les berges, les ruisseaux chantent la vie qui passent et les histoires de celles et ceux dont ils ont irrigué les terres.

1 commentaire:

  1. I am filled with longing to once again visit so many places I will never see again. A sweet sadness in this one, Pierre.

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