Le poisson
(Plage des Chevrets, Saint-Coulomb, Ille-et-Vilaine, 15 novembre,11h)
Le voilà qui remonte sa barque sur la plage déserte, le pêcheur solitaire. Un poisson tressaute sur le fond, un seul, pas bien gros, sa queue tape sur le bois, pas bien gros mais vigoureux, le pêcheur a failli le rendre à la mer, mais il fallait bien rapporter quelque chose, pour la petite, pour celle dont il est le héros. La barque est lourde, il a le ventre vide. Il s’arrête de temps en temps pour souffler, les roues du chariot s’enfonce dans le sable humide, il faut redoubler d’efforts, il est encore loin de la limite, la ligne d’algues sèches et de bois flottés, là où la barque sera en sécurité.
Il est parti à l’aube, à marée haute. Il aime ces moments où à chaque coup de rame l’air du large petit à petit prend la place du parfum du cou de l’enfant endormi, ce bout de peau chaud de la nuit, ce bout de peau blanche de celle à qui il a juré qu’il serait toujours là depuis le départ de la mère. Elle se réveillera seule, elle se débrouillera, elle l’attendra, il reviendra, elle a confiance, il a confiance, c’est ainsi, un pêcheur doit pêcher. Plus tard elle l’accompagnera. Pour l’instant c’est encore trop tôt. Il lui faut le large pour lui tout seul, il lui faut sa liberté, c’est comme ça, c’est un marin breton, une tête de bois flotté. Il tire sa barque sur le sable, le poisson s’est tu, enfin, la petite est là haut sur la berge, elle l’attend, il expulse avec bonheur l’air du grand large dans un dernier effort. Il revient, avec un poisson.
Another meaningful tale--- I could see most everything. I knew a Breton fellow once in Southern California. He looked like an Irishman. He played rugby like an Irishman. I think his name was Girard.
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