Dans le port de Pasajes
(Pasajes, Espagne, 25 août, 22h 30)
Dans le port de Pasajes, il y a un marin qui dort
Il a posé son sac sur un grumier
Ça sent le poisson, la résine et le gasoil
Sa couchette est étroite, ses rêves sont larges et insolents
Dans le port de Pasajes, il y a une fille à sa fenêtre
Elle cherche sa voie dans l’eau noire
C’est une fille de rien, elle a la langue nouée par une sale histoire
Son lit est défait, sa chemise est tachée
Dans le port de Pasajes, il y a une vieille qui attend
Elle ne compte plus les jours, elle a fait son temps
C’est la marée haute, ça clapote sous son crâne
La chaise est usée, la lumière éteinte, ça ne vaut plus la peine
Dans le port de Pasajes, il y a un chien qui veille
Le menton sur les pattes, le regard amoureux
C’est un chien de bateau, un chien de matelot, un chien des tempêtes
Un chien sans laisse, son maître n’est pas très loin
Dans le port de Pasajes, il y a un enfant qui prie
Il tient le drap serré contre sa poitrine
C’est un enfant qui veut juste devenir grand, plus grand que son père
Son cœur bat trop vite, ses yeux sont immenses
Et puis il y a la nuit, dans le port de Pasajes
La nuit qui étreint, chacun en son cœur, la nuit qui retourne et retrouve
La nuit qui caresse les corps et les navires
Et à fleur d’eau, lents dans la nuit, il y a les poissons chats qui nous regardent
Vivid images from your words--- and a beautiful night picture.
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