mercredi 19 février 2025

 

Lianes


(L’île de la Folie, entre Chaumont-sur-Loire et Rilly-sur-Loire, Loir-et-Cher, 13 février, 10h 30)


La liane se courbe, serpente, bifurque, s’accroche et grimpe, sa fantaisie adossée au tronc épais.

Je me souviens des brins de lianes que nous fumions enfants dans des terrains vagues où nous jouions aux grands et de Tarzan volant de liane en liane dans ces bandes dessinées bon marché que je dévorais.

Je me vois d’abord minuscule, lassé de l’humanité, en équilibre sur la mousse, puis accroché aux  fibres grimper vers la lumière, plus haut, plus loin…. Et puis non, je serais Tarzan jaillissant des bois, hurlant, brandissant un lasso de lianes, saisissant au cou Trump et consorts pour nous en débarrasser une fois pour toute…

mardi 18 février 2025


Être ou ne pas être 

(Chaumont-sur-Loire, Loir-et-Cher, 13 février,11h)

Le courant est puissant

Le héron est patient

Être ou ne pas être?

lundi 17 février 2025

 

L'oreiller

(Réserve Trésor, Guyane, 23 mars 2019, 8h 40)

Il enfouit son visage dans l’oreiller de plumes

Chaque soir

S’enfoncer

Retrouver la forêt dont il est fait

dimanche 16 février 2025

 

Miniatures éphémères

(Vaucresson, 14 février, 12h 40)

Réconfort

samedi 15 février 2025

 


(Chaumont-sur-Loire, 12 février, 14h 50)

Murmures

En haut de l’escalier




vendredi 14 février 2025

 

Le Zango


(Macouria, Guyane, 12 avril 2019, 17h 55)


Nous dinons ce soir au Zango, rue du Cygne dans le 1er arrondissement.

Le Zango, l’arbre du voyageur, l’arbre providentiel, variété de bananier en éventail. L’orientation sur un axe est-ouest de ses branches et l’eau dans les écailles de son tronc ont sauvé la vie à plus d’un voyageur égaré.

Avec Florence nous parlons des dictateurs, de l’argent qui brûle tout sur son passage, de la résistance, de la lutte armée, de la fin d’un monde, des forêts, de survie, de la confiance perdue comme un oiseau sans une branche où se poser, de la difficulté d’envisager l’avenir. 

Le constat est terrifiant, mais  nous sommes heureux de nous retrouver, nous buvons, nous mangeons, la conversation se fait  plus légère. Le Zango est un bel endroit.

Et Florence nous raconte cette histoire, un souvenir de jeunesse, un souvenir d’Italie. Il pleut des trombes,  c’est le soir, elle marche sur le trottoir, elle marche sous la pluie, tête baissée, une  voiture  s’arrête à sa hauteur, un homme descend, il laisse sa voiture au milieu de la rue, derrière ça klaxonne et ça gueule, à l’italienne, l’homme ne dit rien, il ouvre un parapluie et accompagne Florence en silence un bout de chemin en  la protégeant de l’averse, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il a laissé sa voiture au milieu de la rue et fasse demi tour. 

La beauté d’un geste, un geste sans attente de retour, le temps d’une histoire nous oublions les monstres au pouvoir.

jeudi 13 février 2025

 

L'île de la Folie

(L’île de la Folie*, entre Chaumont-sur-Loire et Rilly-sur-Loire, Loir-et-Cher, 10h 20)


Une vieille dame échevelée, les pieds dans l’eau, un manteau couvert de perce-neige, des bêtes sauvages plein la tignasse et plein les poches, une vieille dame mal coiffée qui chante avec les oiseaux, qui chante la liberté quand  l’eau file entre ses doigts de pied.



(10h 25)



(10h 35)
*Forêt alluviale sur les bords de Loire.

mercredi 12 février 2025

 


(Chaumont-sur-Loire, Loir-et-Cher, 15h 30)

Pour ne pas se perdre en chemin

mardi 11 février 2025

 


(Forêt de Rambouillet, 20 novembre 2024,12h 05)

Jamais je n’ai entendu un arbre mentir.

lundi 10 février 2025

 

Jeunesse


(Forêt de Rambouillet, 17 février 2024, 15h35)


Que fait ce jeune pin?

Courbe-t-il l’échine sous les reproches?

S’apprête-t-il à se redresser tel un ressort giflant les grands arbres?

S’incline-t-il dans un élan de dévotion?

Où a-t-il simplement décidé de ne pas faire comme les autres?

dimanche 9 février 2025

 

Miniatures éphémères

(Forêt des Flambertins, 27 janvier, 15h 50)

Chrysalide

samedi 8 février 2025

 

La chute du ciel


(Saül, Guyane, 15 mai 2023, 4h 55)


« La forêt est vivante. Elle ne peut mourir que si les blancs s’obstinent à la détruire. S’ils y parviennent, les rivières disparaîtront sous la terre, le sol deviendra friable, les arbres se rabougriront et les pierres se fendront sous la chaleur. La terre desséchée deviendra vide et silencieuse. Les esprits xapiri qui descendaient des montagnes pour venir y jouer sur leurs miroirs s’enfuiront au loin. Leurs pères, les chamans, ne pourront plus les appeler et les faire danser pour nous protéger. Ils seront incapables de repousser les fumées d’épidémie qui nous dévorent. Ils ne parviendront plus à contenir les êtres maléfiques qui feront tourner la forêt au chaos. Nous mourrons les uns après les autres et les blancs autant que nous.Tous les chamans finiront par périr. Alors si aucun d’entre eux ne survit pour le retenir, le ciel va s’effondrer. »


Davi Kopenawa (La chute du ciel, Paroles d’un chaman yanomami, Davi kopenawa, Bruce Albert, edit. Terres Humaines, 2010)


Le combat des Yanomani, tribu de l’Amazonie brésilienne, pour préserver leur territoire, ne cesse pas. Le film de Eryk Rocha et Gabriela Carneiro da  Cunha, inspiré du livre  de Bruce Albert et Davi Kopenawa, porte haut leur lutte. Il faut écouter la parole sans détours du chaman Davi Kopenawa, écarquiller les yeux devant ces images parfois sombres et floues, écarquiller les yeux pour sortir de notre cécité. Nous assistons à une fête funéraire en l’honneur d’un chaman, les communautés se retrouvent pour danser et parler. C’est une fin. La fin d’un monde? Parfois le bruit d’un avion perce l’envoutante musique de la forêt. L’orpaillage, les épidémies, la déforestation, la menace est constante. Vers la fin du film des  images d’archives interrompent les chants et les danses, avalanches, éboulements, tempêtes, effondrements de bâtiments, archives en noir et blanc, brouillées, puis c’est un long silence, écran noir, puis la lumière à nouveau, gros plan sur une radio, c’est ainsi qu’ils communiquent entre communautés éloignées, quelqu’un annonce une naissance, et reviennent à l’image les danses et les chants, les enfants frappent le sol de leurs pieds nus, une machette se tend vers le ciel. La lutte continue.

vendredi 7 février 2025

 

Le Hêtre

(Forêt des Flambertins, 27 janvier,15h 20)

Le ciel chancelle

et l’arbre suinte

jeudi 6 février 2025

 

L'eau monte

(Arborétum de Chèvreloup, 1er février, 15h 30)

L’eau monte inexorablement

Les troncs lisses

Brillent comme des os blanchis

mercredi 5 février 2025

 

Salutations


(Arborétum de Chèvreloup, 1er février, 15h 20)


Cheminant parmi les arbres, je vois dans la forme des branches mille et une façons de se saluer. Ici,  on pencherait la tête à gauche et on lèverait haut le bras droit pour l’abaisser d’un geste sinueux accompagné d’un léger mouvement du poignet.  Ce que je me suis empressé de faire en croisant une dame chic qui allait bon train le long de l’étang du Héron. Elle m’a répondu en se dressant sur la pointe des pieds, tenant ses bras en cercle au dessus de la tête. Pas de mots inutiles, l’esquisse d’un sourire, et nous continuons notre chemin.

mardi 4 février 2025


Un dimanche ensoleillé


(Jardin des Tuileries, Paris 1ier,  2 février, 18h 10)


En contrebas la foule est encore dense. Un dimanche ensoleillé après des jours pluvieux, on sort, seul, en couple, en famille, à pied, à vélo, en skate, en patins, en poussette, on sort prendre des nouvelles, ça fourmille sur les quais, dans les allées, autour des bassins, ça fourmille, ça papote, tandis que sous les ponts des hommes et des femmes cherchent un peu de sommeil et de chaleur dans de petites tentes collées les unes aux autres. On sort prendre des nouvelles, on voudrait qu’elles soit bonnes, le regard s’attarde sur ceux qui se tiennent par la main, sur les façades rougies par le couchant, sur les courses tout en déséquilibre des tous petits, on attrape la moindre bribe de joie, mais on ne se fait pas d’illusion, sous chaque pont les tentes sont là, à touche touche.

lundi 3 février 2025

 

En espérance

(Arborétum de Chèvreloup, 1ier février, 15h 20)


Le tempo mélancolique d’un pâle paysage hivernal, ainsi bât mon âme après avoir vu  ce soir l’hypnotique film de Fredi M. Murer, L’Âme Sœur (1985). Dans les montagnes suisses, à l’écart du monde vivent un couple de paysans et leurs deux enfants adolescents, Le Bouebe, le fils sourd et muet, et Belli, la fille, l’ainée. Le Bouebe est imprévisible, déroutant. Après avoir fâché son père par un acte irrationnel, du moins pour les autres, il s’éloigne quelques jours sur les  hauteurs. Sa sœur vient l’y retrouver. La tendresse l’un pour l’autre est telle qu’ils y vivent une nuit d’amour. Belli se retrouvera enceinte et leur père ne le supportera pas. Des acteurs magnifiques, peu de mots, le rythme des saisons, la montagne avec ses pentes raides et ses déséquilibres dans l’image et cette étrange sensation d’une immense liberté autant que d’un monde clos, oui ce film est hypnotique. Mais il y a une chose que je n’oublierais jamais. Ici, dans ce peu de mots, pour  dire être enceinte on dit être en espérance. Belli est en espérance, et c’est ce qui mènera au drame.

dimanche 2 février 2025

 

Miniatures éphémères

(Arborétum de Chèvreloup, 1ier février, 15h 40)

Une poussière dans l’œil

samedi 1 février 2025

 

Chimère


(Arboretum de Chèvreloup, 15h 20)


Tempêtes et pluies, depuis plusieurs  jours les promeneurs ont délaissé le parc  de Chèvreloup. La faune sauvage quitte ses cachettes. Cette après-midi nous avons aperçu des faisans, des ragondins au bord de l’étang, quelques chevreuils filant dans la prairie et surtout cette chimère survolant la terre détrempée, son petit sur le dos, monstre de carnaval, figure pariétale évadée des gouffres.

vendredi 31 janvier 2025


Un fil


(Forêt de Coatlhoc’h, Finistère, 12 novembre 2024, 14h  55)


Quelqu’un tourne les pages d’un livre

Ça fait chchch…

La pluie sur les carreaux floute le dehors

Je tire un fil de mon vêtement

Je tire, comme  celui qui gratte

Méthodiquement

Je tire, je tire, jusqu’à me trouver nu

Le fil fait un tas à mes pieds

Un tas de spaghettis

Ce qui surgit alors de la fenêtre fermée

C’est l’esprit de la forêt

Il entre comme chez lui

Prend la place, les pieds sur la table

Et bouffe les spaghettis


jeudi 30 janvier 2025


Une porte pour s'échapper

(Artzuportu, au pied du Jaiskibel, Pays Basque sud,16 décembre 2024,14h 25)


Des platanes et quelques bambous

Dans le ruisseau qui va à la mer

La pierre est noire, l’eau est claire

C’est au fond d’un vallon où je viens souvent

Artzuportu, au pied du Jaiskibel

Une porte pour s’échapper

mercredi 29 janvier 2025

 

Histoires drôles

(Vaucresson, 27 janvier,11h 15)

Il aime raconter des histoires, des histoires drôles. Que ce soient  ses collègues, sa famille, ses compagnons de comptoir, rares sont ceux qui rient. Alors il les racontent aux perruches et aux pies qui se disputent la place sur le vieux cerisier devant sa fenêtre. Leurs jacassements qui sonnent comme des éclats de rire lui donnent raison, ses histoires sont drôles. Alors il persiste.

mardi 28 janvier 2025

 

Mikado

(Étang des Flambertins, Yvelines, 27 janvier, 16h 05)

Jouer au Mikado les pieds dans l’eau

lundi 27 janvier 2025

 

Une petite rivière


(Forêt des Flambertins, Yvelines, 15h 35)


La rumeur court en haut des grands arbres

Un tronc tortueux fait la nique à ceux qui s’élèvent sans détours

Sur l’étang la risée fait valser les reflets

Le vent taquine la forêt des Flambertins

Mes bottes aspirées par la terre détrempée couinent de plaisir

L’écorce d’un bouleau à moitié mort se décolle en masques rituels

Une feuille en sursis se cambre entre ciel et terre

Trois grands chiens courent sur le chemin

Je vais solitaire dans les bois d’hiver 

Une petite rivière coule dans mes veines

Je ne sais pas si elle va du dedans vers le dehors

Ou du dehors vers le dedans

dimanche 26 janvier 2025

 

Miniatures éphémères

(Hendaye, 12 décembre 2024, 10h 45)

La traversée du désert

samedi 25 janvier 2025

 

Un collier de perles

(Scaër, Finistère, 12 novembre 2024, 10h 30)

Pour honorer les morts la nuit portait un collier de perles

Au matin, chassée par un jour vigoureux, son collier s’est rompu

Eclaboussant de perles les allées du cimetière