mardi 30 juin 2020


La minoterie


(Aurice, Landes, 21 juin, 17h 05)

La minoterie ne marche plus.
Les machines ont été démontées.
Un grand hangar vide, quelques tuyaux courent encore d’un étage à l’autre, ici et là de vieux tamis, des sacs de jute, les traces d’un hibou dans la poussière.
La nuit le pas de l’oiseau raisonne comme un pas d’homme.
Dans le regard du hibou, les yeux du vieux meunier.
Un meunier qui rêvait que jamais ne cesse le son des cylindres.
Personne n’a repris.
Le vieux est mort, la fille du meunier est revenue habiter ici.
C’est son moulin, c’est son bief, c’est son bois, c’est son enfance.
Les machines se sont tues, mais la famille est toujours là, au dessus du vieux moulin.

Et puis, il y a le voisin qui  gare son camion devant le bâtiment de tôle désaffecté.
Le voisin qui est toujours sur la route.
La femme du voisin qui n’en plus des absences répétées.
Le fils du voisin qui voudrait plus que tout devenir camionneur comme papa, qui voudrait conduire le camion rouge et s’en aller comme un roi solitaire arpenter la terre entière.
Le voisin qui ne voudrait pas que son fils se crèvent les yeux et le dos à manger du bitume.
La femme du voisin qui voudrait ne plus voir ce foutu camion, qui voudrait garder son homme avec elle, rien que pour elle, son homme et son garçon, sans ce foutu camion.

La minoterie ne marche plus.
C’est le domaine du chat, du hibou, des souris, des hirondelles qui reviennent chaque printemps nicher sous les poutres.
La chatte a fait des petits. Elle veille sur eux. Puis ils partiront mener leur vie de chat, tout simplement.
Les hirondelles s’en iront à la fin de l’été quand les hirondeaux seront grand. Elles reviendront au printemps prochain.
La fille du meunier sera toujours là, le voisin peut-être pas

lundi 29 juin 2020


Mue


(Exuvie de Coccinelle sur feuille de Coquelourde, Vaucresson, 17h 15)

Les grandes villes passent aux mains des écologistes
les insectes s’écrasent sur les pare-brises 
le président bat des ailes mais peine à ralentir
tandis que je découvre la mue des coccinelles

dimanche 28 juin 2020



Miniatures éphémères


(Travaillan, Vaucluse, 15 juin, 12h 05)

Étude de mouvement

samedi 27 juin 2020


Une lueur


(Hendaye, 5h 30)

La houle est tombée.
Le soleil paresse.
Je reprends la route.
Aube solitaire.
Le phare du cap du Figuier tourne encore.
Sur la mer étale chaque barque a son fanal.
Pêcheurs de la nuit,
une lueur veille sur leur silence.
Je reprends la route
sous la protection d’un éclat
qui résiste à la nuit et à tous les naufrages,
mon amour au regard bleu,
la mer et le ciel au fond des yeux.

vendredi 26 juin 2020


L'araignée bois


(Aurice, Landes, 21 juin, 13h)

L’araignée bois est sortie des fourrés.
Chaque été, au solstice, au même endroit.
Elle a mangé les enfants du fermier qui se disputaient pour quelques arpents de terre.
Il n’avaient qu’à pas passer par là.
Il y a quelques années elle a mangé une troupe de parachutistes égarés.
Elle s’est régalée.
Elle mange ce qui passe quand c’est son heure.
Vaches, chevreuils, militaires, promeneurs, écoliers, tout ce qui va en troupe.
Elle mange une fois par an.
Rassasiée elle est douce comme la Maman de Louise Bourgeois.
Elle niche au bord du bief qui alimente le moulin de Lagastet, à l’ombre des accacias, dans des taillis de ronces et d’orties.
Alors surtout, au solstice d’été, n’allez pas en troupe sur le chemin du moulin.

jeudi 25 juin 2020



Ce pays


(Le Jaiskibel vu de la plage de Cenitz, Guethary, 23 juin,21h 30)

Deux silhouettes sur les pierres.
Le soleil se couche sur les derniers surfeurs un peu plus au large, à l’écart des rochers.
Je voudrais inviter tous mes amis à s’assoir ici au crépuscule.
Au petit matin nous irions sur les montagnes.
( Certains sont déjà venus, ils connaissent la rengaine…)
Il y a trois montagnes:
La Rhune, la plus haute, celle que je salue le matin de ma fenêtre.
Elle retient le soleil levant et roule la lune sur ses pentes.
On y monte à pieds ou par un petit train à crémaillère.
Au sommet on peut se désaltérer et acheter des souvenirs.
Les Trois Couronnes, trois petites dents rondes côte à côte au dessus d’Irun en Espagne.
La pente est raide mais la vue est belle sur Hendaye et la baie de Chingoudy.
Combien de fois l’ai-je gravie, avec mes parents, avec mes enfants!
Sonnailles, pottoks et moutons, là-haut nous avons touché les nuages.
La troisième, le Jaiskibel au dessus de Fontarrabie également en Espagne.
Il accroche les nuages noirs annonciateurs du coup de vent local au doux nom d’Embata.
L’Embata qui emporte les parasols et retourne les voiliers.
Il y a sur le versant ouest une route qui rejoint Fontarrabie à Saint-Sébastien.
Le paysage est somptueux. Autrefois chaque nouvelle amoureuse avait droit au circuit
Jaiskibel jusqu’aux délicieuses sardines grillées dégustées sur le vieux port de Saint-Sébastien.
Nous irions sur les montagnes, puis nous irions jouer dans les vagues.
( Certains se sont essayés au surf, on ne les y reprendra plus, pour les autres il y a des planches à disposition…).
J’inviterai tous mes amis.
Je leur montrerai ce pays comme un enfant montre sa chambre.

mercredi 24 juin 2020




(Plage de Cenitz, Guethary, 23 juin, 21h 45)

la monnaie du surfeur
un brin d’écume 
au crépuscule

mardi 23 juin 2020


"Nous, on a beaucoup marché!"
(pour Florence)


(Hendaye, 22 juin, 20h 25)

Ce soir nous sommes allés au cinéma, le Variété à Hendaye. Le film à l'affiche était le documentaire The Great Green Wall sur le projet de faire pousser un mur d'arbres de 8000km du Sénégal à l'Éthiopie pour lutter contre la désertification. C'était la réouverture du cinéma, des musiciens étaient là pour l'occasion. Le projecteur, en sommeil depuis trois mois, est tombé en panne. Pas de film. Alors les musiciens ont joué pendant une heure. Une petite dame, soixante dix ans passés, chétive et gracieuse est venue danser devant l'écran blanc. Dans un silence entre deux morceaux, la petite dame essoufflée a inviter les plus jeunes à la rejoindre: "Allez, la jeunesse, venez, si vous ne savez pas on vous montrera les pas, nous on a beaucoup marché!"

lundi 22 juin 2020


Salut


 (Hendaye, 11h 45)

Premières vagues d’été,
repousser la couette d’un coup de pied,
saluer l’océan tête première dans l’écume.
Hier Marie-Hélène m’a raconté l’histoire de son arrière grand-père
ancien terre-neuvas  basque qui chaque matin chantait  fortissimo un salut au soleil
sur la place du village, un marin qui s’était enfoui trois jours sous la neige
pour se débarrasser d’une mauvaise fièvre.
Premières vagues d’été, premiers cris dans l’eau fraiche, salut.

dimanche 21 juin 2020


Miniatures éphémères


(Travaillan, Vaucluse, 17 juin, 12h 20)

Le voyage de Mr. Tête d’Ail

samedi 20 juin 2020


La piscine de Saint-Girons


(Saint-Girons, Ariège, 19 juin, 13h 20)

Un navire échoué dans une prairie,
des souvenirs à fond de cale recouverts de graffitis,
le cri de la buse, là-haut, minuscule trait d’encre noire, net,
l’oiseau a survolé le temps.
Vacances d’été, années 60, nationale 20, nous partions vers 4h du matin de Saint-Cloud.
Il y avait cette sensation d’un réveil difficile, d’une nuit trop courte, mêlée à l’excitation du départ, et plus que tout le goût singulier de l’aube, saveur nouvelle pour l’enfant qui se levait le plus tard possible pour aller à l’école.
Nous partions pour Bareille, petit village d’Ariège où ma grand-mère avait un « château », maison magique au bout d’une route sur les contreforts des Pyrénées.
800 km, dans une 404 bordeaux. Maman conduisait. Mon père n’était pas du voyage, il travaillait.
Souvent je me tenais debout à l’avant les mains sur le tableau de bord. Mes sœurs étaient derrière.
Nous allions passer tout le mois de juillet dans cette magnifique campagne qui m’a tant donné.
Une grande part de ce que je suis s’est façonnée ici, sur les pentes herbeuses, dans les chemins creux et les sous bois, sur le tracteur de Joseph, dans l’étable à l’heure de la traite.
Le cri d’une buse haut dans le ciel, ou le parfum de la bouse de vache sont d’incontournables madeleines.
Il y a aussi le goût de la limonade que nous buvions glacée en rentrant de la piscine.
Ah, la piscine de Saint-Girons! Nous y allions tous les matins. Il n’y avait jamais grand monde. Nous pouvions sauter et plonger à loisir. Je passais des heures à plonger du plus haut, saut de l’ange, saut carpé. Le gamin raillé pour ses rondeurs s’affirmait dans les airs et dans l’eau.
Il achèverait sa métamorphose en surfant tout le mois d’août les vagues de l’atlantique.
Aujourd’hui c’est le premier jour d’été. Nous sommes partis depuis une semaine, faire le tour des amis et parents déconfinés, une boucle sur les routes de France jusqu’à Hendaye ou je vais enfin pouvoir surfer un peu. Saint-Girons est sur la route bien sûr, du sud-est vers le sud-ouest, nationale 117.
Nous y sommes passé hier. Impossible de ne pas m’arrêter devant la piscine abandonnée à la sortie de la ville.
Elle est belle aussi comme ça cette vieille piscine. D’autres gamins s’y sont exprimés et affirmés, d’une autre façon.

vendredi 19 juin 2020


Coucher de soleil sur le Cap du Figuier

 
(Hendaye, 21h 30)

Voilà six mois que je n’avais pas vu le soleil se coucher sur le Cap du Figuier
je saute dans le ciel comme un enfant dans les flaques

jeudi 18 juin 2020


Miniatures éphémères
L'Appel


(Travaillan, Vaucluse, 14 juin, 11h 20)

Ici, L’Aygues, ici l’Aygues
La confiture de myrobolans est faite…

mercredi 17 juin 2020


Un cheval de paille


(Travaillan, Vaucluse, 14h 45)

Ils nous ont dit qu’on pouvait partir
aussi loin qu’on voulait, à condition de ne pas dépasser les frontières.
Quelles frontières? Reclus dans le jardin j’ai rapetissé.
Je passe sous les portes et navigue sur les gouttières.
Je m’éloigne du monde des hommes où l’on s’insulte trop souvent.
Nous sommes partis dans le Vaucluse,
chez des vieux qu’on oublie un peu,
chez des vieux qui ont la mémoire voilée et les oreilles bouchées,
des vieux qui ne sortent plus souvent depuis longtemps.
L’herbe a poussé haute autour de la maison.
J’ai trouvé un cheval de paille
pour prendre le vent en compagnie des papillons.
J’ai rencontré le Mylabre inconstant et le Lipture porte cœur.
Ils m’ont raconté l’histoire de la prairie,
ils m’ont dit de ne pas la garder pour moi.
Il y avait autrefois à la place des herbes sèches
des cerisiers et des abricotiers,
les arbres croulaient sous les fruits, les mains se tendaient
pour remplir les paniers.
La vieille qui n’était pas encore très vieille chantait
et faisait des confitures.
Elle chante encore, c’est ce qu’il reste, le temps des cerises.
Il y avait un tracteur et sa remorque plateau.
Le vieux qui n’était pas encore très vieux conduisait.
Derrière lui cinq petits enfants criaient de joie sur la remorque.
Et avant les deux vieux, il y avait une autre vieille.
Elle marchait pliée en deux d’avoir tant travaillé la terre.
Il y avait dans la maison un cheval, un cochon et des moutons.
Un vrai cheval, pas un cheval de bois ou de paille,
pas un cheval pour faire la guerre,
un cheval pour tirer la fouilleuse et le tombereau,
un cheval avec une grande queue pour chasser les insectes.
Et moi je vais sur mon cheval de paille
cueillir les histoires pour les vieux qu’ont les poches trouées.

mardi 16 juin 2020


Un bijou navajo


( Taïga bleuet ou Cœnagrion resolutum, Balloy, Seine-et-Marne, 29 mai, 18h 50)

Un bijou navajo,
une pierre qui n’aurait plus le poids de la pierre,
ces mots de Jim Morrison:
« Nous roulions à travers le désert, à l'aurore, et un camion plein d'ouvriers indiens avait soit percuté une autre voiture soit seulement - enfin, je ne sais pas ce qui s'était passé - mais il y avait des Indiens qui gisaient, éparpillés sur la route, agonisant, perdant du sang.[…] Ce fut la première fois que je goûtais la peur. […] Ma réaction aujourd'hui en y repensant, en les revoyant - c'est que les âmes ou les esprits de ces Indiens défunts... peut-être d'un ou deux d'entre eux… étaient en train de courir dans tous les sens, paniqués, et ils ont tout simplement sauté dans mon âme. Et ils sont toujours là. »

lundi 15 juin 2020




Délicatesse


  

( Demi-deuil ou Melanargia galathea, Travaillan, Vaucluse, 13 juin, 18h)

Comment nourrir de tristes desseins
quand une telle délicatesse nous est offerte?

dimanche 14 juin 2020

samedi 13 juin 2020


On the Road Again
Le johnny de Molphey


(La Croix-de-Molphey, Côte-d’Or, 11 juin, 16h 20)

On the road again.
Tracer, tailler la route, à pas de tortue, toujours.
Ciel ouvert au dessus d’un patchwork jaune et vert.
L’ombre des nuages sur les collines. Voir loin.
Les insectes sur le pare-brise.
Le camion qu’on ne dépasse pas; à pas de tortue.
Le regard à l’affût. Des bordures naîtra le poème.
Nationale Six. Première halte. Faire le plein.
Chez Johnny. Ce n’est qu’en descendant de voiture qu’on prend conscience du lieu.
Un temple. Tout ici porte la marque de l’idole.
Pascal lui a consacré sa vie. Pascal le mécano, le pompiste, le marchand de fuel.
Un grand gars claudiquant le ventre en avant de la tendresse plein les poches.
À vingt quatre ans il s’est endetté pour un disque d’or. Il a déjeuné avec l’idole.
Pascal a suivi Johnny partout. Los Angeles, New York, Las Végas, Montréal…
Pascal a une moto, Johnny y est écrit. Pascal a un camion, Johnny y est écrit.
Le Johnny de Molphey. C’est ainsi qu’on appelle Pascal.
C’est Sophie la boulangère de Saulieu qui me l’a dit. Elle ressemble à Pascal.
Dans ses galettes elle met des fèves en forme de guitare.
Toute la musique que j’aime. Il y a un portrait de l’idole dans sa vitrine.
Plus petit que celui qui orne le mur de la station service.
Le Johnny de Molphey. C’est Sophie la boulangère  qui me l’a dit. On le connait bien au delà de Saulieu.
Celui qui roule en Harley Davidson nationale six fera halte chez Johnny. Forcément.
Johnny Hallyday est mort il y a trois ans.
Le Johnny de Molphey est allé sur sa tombe à Saint-Barthélémy. Il est resté là-bas quinze jours.
C’est lui-même qui me l’a dit en me rendant les clés du réservoir.
Je venais de faire un plein de blues et de tendresse.
On the road again.


vendredi 12 juin 2020


Un dragon bienveillant


(Travaillan, Vaucluse, 19h 30)

Hier soir chez mon ami Hervé nous écoutions la nuit à la fenêtre.
Ni lune, ni étoile, mais le chant des grillons ponctué de celui d’un oiseau que nous ne pouvions identifier. Nous parlions peu, attentifs à la nuit, à la douceur de sa main noire.
Nous parlions de paix, de soin. C’est cela que je voudrais partager, disais-je, les bienfaits d’une nuit d’été. Quelques animaux minuscules se frottent les ailes et c’est un enchantement, l’effacement discret du moindre souci.
Ceux qui ne peuvent entendre ces derniers mots, seront-ils sensibles au chant des insectes si je les invite à nous suivre au bord de la nuit?
Alors ce soir quand j’aperçois au bout d’un champ d’herbes folles un dragon bienveillant, je nous rêve des milles et des cents survolant sur son dos des terres renaissantes tandis qu’au loin  s’enfuit un guerrier sur un tigre titubant.

jeudi 11 juin 2020


Couleurs

 
(Vaucresson, 7 juin, 20h 15)

Par la fenêtre, au sommet du bouleau, le petit théâtre des oiseaux.
Les perruches vertes sympathisent avec les perruches jaunes.
La tourterelle grise se tient à l’écart mais tolère les perruches vertes et jaunes.
La pie noire et blanche ne tolère ni la tourterelle ni les perruches.
Le pic épeiche taché de rouge reste solitaire et ne vient pas si haut.
Les mésanges bleutées ne fréquentent pas les gros oiseaux.
Les martinets noirs préfèrent  ne pas se poser.
Le rouge gorge sympathise avec le jardinier.
Pour chacun d’entre eux les cerises rouges, le ciel noir, gris ou bleu.


(Vaucresson, 8 juin, 20h 20)


(Vaucresson, 10 juin, 9h 10)

mercredi 10 juin 2020


Rencontre


(Vaucresson, 9 juin, 19h 50)

- Xbrzgrzzdrdzzx.. Ga!
- Oui?
- Xbrzgzzdrdzzx.. Ga! Ga!
- Ah,oui… Bonjour.
- Xbrzgzzzzzzdrzzzzzzx…Gon?
- Heu… Par là, peut-être….
- Xbrzg… le chat!
- Quoi, le chat?
- Xbrzgrzzdrdzzzxxxx..Bli!
- Ah… Le chablis…. ben oui.

mardi 9 juin 2020


Jean qui pleure et Jean qui rit


(Vesce des haies ou Vicia sepium, Vaucresson, 20 avril, 12h 30)

Jean qui pleure et Jean qui rit
au sommet d’une tige
qui s’agrippe au voisin
James Ensor, J.R.R. Tolkien
et Voltaire
du jardin à la bibliothèque
pile et face
quelques fleurs minuscules
compagnes de beuveries
pour les grands feux
de la Saint-Jean

lundi 8 juin 2020



La révolution


(Villiers-le-Morhier, Eure-et-Loire, 1er juin, 13h 50)

C’est un adolescent trop timide qui se met à l’écart pour qu’on le voit mieux.
C’est un adolescent qui a des idées noires et un cœur d’artichaut.
Il a fait sienne cette cabane de pêcheur sur les bords de l’Eure.
C’est sa place avec les oiseaux, les grenouilles et les lézards. Il le dit et le répète.
Là, il prépare la révolution, il fourbit ses armes contre l’injustice et il attend une fille qui tarde, qui tarde vraiment trop…

dimanche 7 juin 2020




Miniatures éphémères


(Vaucresson, 15 avril, 17h)

Voyages en grande Garabagne 


(Vaucresson, 23 avril, 11h)

samedi 6 juin 2020



Le sculpteur


(La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir, 31 mai, 18h 25)

Il y a si longtemps qu’il n’est pas sorti.
Le bleu de l’eau et du ciel le fait vaciller.
Deux mois d’inactivité ont fait fondre ses muscles.
Le vieil homme s’accroche au banc de pierre.
La main se souvient, le manche du ciseau, la peau du granite, dure, rugueuse.
La main se souvient comment elle apprivoisait la pierre, blanche de Quimper ou rouge d’Egypte.
La main d’un sculpteur qui a bâti des mondes inébranlables.
La dernière sculpture fut une chouette, la dernière avant que la vue faiblisse et que le bras tremble.
L’homme se souvient de la piqûre d’un éclat de granite sur sa joue au dernier coup de ciseau.
Son regard se brouille, la main serre plus fort la pierre blonde. Dans l’arbre une chouette hulule.
L’homme sait qu’il va être difficile de se lever, de revenir sur ses pas. Il sait que ce sera de plus en plus difficile.
Il rêve d’une gigantesque sculpture en granite de Kersanton, ce granite gris bleuté de la rade de Brest: Sous un grand arbre un vieil homme de dos assis sur un banc.

vendredi 5 juin 2020


La voie lactée


(Torilis japonica, Balloy, Seine-et-Marne, 29 mai, 16H 10)

Je suivais une mouche
je me suis retrouvé
au cœur de la voie lactée

jeudi 4 juin 2020


Un grand oiseau de nuit


(La Ferté-Vidame, 31mai, 17h 45)

Il y avait dans le parc du château
un grand oiseau de nuit aux larmes de lierre.
Les enfants des maîtres venaient en cachette
lui offrir à boire et à manger
en échange de quelques vérités
qu’aucun adulte ici ne leur apprendrait jamais.

mercredi 3 juin 2020



Un frisson


(La Ferté-Vidame, 31 mai, 17H 50)

Le long de l’eau
ils vont côte à côte
la vie devant eux
ils ont l’amour hésitant
l’amour maladroit
l’amour ignorant
elle pose sa main
sur son épaule
et l’onde
se propage

mardi 2 juin 2020


Route de la joie
vers la Demi-lune de Feularde


(Forêt de Senonches, Eure-et-Loir, 1er juin, 9h 50)

Route de la Joie
vers la Demi-Lune de Feularde
trois biches
un ours
et le poème
écrit sur le chemin


(10h 25)



(10h 05)

lundi 1 juin 2020


Une jeune femme s'en est allée
Pour T.


(La Ferté-Vidame,  Eure-et-Loir, 31 mai, 18h)

Une jeune femme s’en est allée
c’est son âme qui s’en va
légère
au dessus des nénuphars
qui tantôt fleuriront
sur un océan de chagrin