mercredi 30 novembre 2022


La visite

(Lamenay-sur-Loire, Nièvre, 12h 40, 16h 15)

Elle a toussé, gigoté, toute la nuit, le repoussant au bord du lit jusqu’à ce qu’il tombe.

Il ne s’est  pas recouché, attendant le jour à la fenêtre. 

Il a entendu le coq, les chiens, puis les bœufs. 

De temps en temps il regarde sa femme étalée en travers du lit. Il ne reconnait pas le visage d’autrefois. Même endormi, ce visage n’est qu’inquiétude, tics, tremblements. La peau flasque semble en mouvement continu. Quelque chose se trame là dessous, quelque chose de moche. 

Il le sait, on ne peut rien faire, c’est la maladie, et la maladie change le caractère, change le visage. L’amour se perd dans des connexions neuronales bousculées.

Elle ouvre les yeux, se racle la gorge, le regarde et brusquement, sèchement:


-  Va me chercher du gui, il en faut sur la porte, au dessus aussi, et sur la cheminée. Ils arrivent aujourd’hui, il faut décorer la maison, il y a longtemps qu’ils ne sont pas venus nous voir.


De qui parle-t-elle? Personne ne vient depuis longtemps, la maladie, ça fait peur. Il ne pose pas la question, il acquiesce. Il enfile sa veste, ses chaussures et sort dans le matin gris. 

Le ciel est comme une lourde cape de mauvaise laine qui voute ses épaules. Il marche lentement dans l’herbe détrempée le long du canal. Il sait où trouver du gui, à deux kilomètres, juste avant les Vanneaux. Encore faut-il qu’il y en ait aux branches basses. Il ne grimpe plus aux arbres.

Soudain, au pont de Jagny, il entend une clameur. Ce sont les grues cendrées qui craquettent et trompettent, elles se sont posées tout autour dans les champs, elles font bombance dans la terre lourde. 

Trois d’entre elles se sont échappées du troupeau, passent à hauteur de trois boules de gui, bien trop hautes.

Alors il se redresse. 


-  Oui! Ce sont les grues, elles arrivent, elles sont là,  ce sont elles, elles viennent nous voir!

   Comme chaque année. Mon amour, mon tendre amour.


Et il grimpe à l’arbre comme un jeune homme pour y cueillir le gui précieux.




(16h 15)

mardi 29 novembre 2022


Décembre

(Lamenay-sur-Loire, Nièvres, 17h 50)

Lamenay-sur-Loire

Une maison au bord du canal

Posée comme une histoire d’amour

Le long de l’eau

À dix huit heures la nuit est bleue

On se prépare pour la nuit noire

Quelques bûches dans le poêle

Un regard par la fenêtre

Une dernière fois

Avant de fermer les volets

Le bois qui grince

Avant que la nuit n’avale

Le canal et les arbres

On choisit un mot

Un mot qu’on aime entendre

Juste un

À se dire ce soir

À faire sonner dans le creux de l’oreille

Comme une goutte tombe dans un bol

Ce sera Décembre

Parce que Novembre se termine

Parce que Sambre, sandre, cendre

Descendre

Au jardin pour les fleurs

À la cave pour le vin

Et les souvenirs

Parce que tu es née en Décembre

Parce que dans Décembre il y a dix

Et dix c’est beaucoup

Très beaucoup quand on est petit 

lundi 28 novembre 2022


Un feu

(Les Gelets, Entre Mézilles et Toucy, Yonne, 13h 35) 

Quand une maison me regarde

Un feu s’allume en mon cœur

Le feu qui rougit les joues de Félicie

Assise sur le tabouret de bois

L’œil sur le chaudron fumant

Les braises qui attisent les histoires

Et font briller l’œil de celui

Qui a vu l’ours, le loup, le renard et l’Ankou

Le feu qui chauffe les corps nus

Des amants de décembre

Un feu que l’enfant maintenant allume

Après avoir vu faire le vieux 

dimanche 27 novembre 2022


Miniatures éphémères

(Arboretum de Chêvreloup, 21 octobre, 14h 05)

Terres brulées 

samedi 26 novembre 2022


Une danse

(Vaucresson, 25 novembre, 15h 05)

Madame

Pâquerette de fin novembre

Fleur tardive sous les feuilles mortes

Veuillez m’accorder cette danse

Une dernière danse

Avant de quitter l’arbre 

vendredi 25 novembre 2022


Au jardin, avec Christian Bobin

(Vaucresson,14h 55)

En ramassant les feuilles mortes, je pense à ce grand poète qui nous a quitté aujourd’hui, Christian Bobin, qui m’a accompagné et inspiré. J’aimais le lire et l’entendre.

Je ratisse. Je laisse quelques feuilles sous l’érable du Japon, pour leur éclat avant la chute.

Le rouge gorge vient à nouveau me rendre visite.

Me reviennent ces quelques lignes, extraites de La nuit du cœur:


Les oiseaux m’empêchent de penser, quel bonheur.


Par l’esprit, je voulais ce matin revenir à Conques. J’ai regardé par la porte fenêtre dans le jardin. Des oiseaux se poursuivaient, forant dans l’air des tunnels de cristal. Les nuages ralentissaient pour voir. Les herbes levaient la tête. Les bûches se félicitaient d’assister au tournoi.


À Conques la même fête était donnée devant la fenêtre de la chambre 14.


Je n’ai pas pris de notes mais je me souviens très bien de ce que disaient les oiseaux: écrire n’est pas penser. Vivre n’est pas vouloir. Aimer n’est pas savoir. Mourir n’est pas perdre.


jeudi 24 novembre 2022


Être un ver

(Vaucresson, 14h 45)

Pour voir ce que ça fait

Que d’être un ver

Il a posé son œil 

Sur le lys des incas

Et mis son âme 

Au compost


 

mercredi 23 novembre 2022


Murs

(Gigondas, Vaucluse, 1ier novembre, 16h 30)

Il y a des murs faits pour y danser en équilibre 

mardi 22 novembre 2022


Le rouge gorge

(Vaucresson, 11h 50)

Chaque fois que je gratte la terre

Il vient

Le compagnon à la gorge rouge

De plus en plus près

Il frémit, il gazouille, il raconte

Aujourd’hui

Les pierres lisses des mers du nord

Le frottement des crayons sur le papier Canson

Les paniers sur la tête des femmes

L’œil d’obsidienne au doigt du père

La douceur des gorges

Il frémit, il gazouille, il m’enchante 




lundi 21 novembre 2022


Mouvement perpétuel

(CNIT, La Défense, 17 Juin, 9h 10)

J’avais une dizaine d’années quand je suis venu ici pour la première fois. le CNIT (Centre des Nouvelles Industries et Technologies) était un immense hall d’expositions.

C’était le salon de la navigation. J’étais avec mon père. Des centaines de bateaux à voiles ou à moteur étaient exposés. Je me souviens des coques blanches des voiliers de toutes tailles qui semblait flotter dans l’air de cette immense bulle. Mon père, féru de technologie, faisait des commentaires sur les dernières inventions. Je ne l’écoutais pas. Je ne voyais là que la possibilité de larguer les amarres, de s’en aller loin devant, toujours en mouvement vers l’inconnu.

Des années plus tard, je repasse par ici. Le CNIT est devenu un ensemble de commerces et de bureau. Il est encore tôt, il n’ y a pas trop de monde, je fais quelques photos.

Et quand je vois cet homme au centre de l’image, j’ai la sensation d’un mouvement perpétuel, pas une ligne droite ou brisée qui coure vers l’infini, mais un cercle, comme si cet homme pris dans son siècle ne faisait que tourner en rond. 

Mais est-ce l’homme qui tourne dans une architecture figée ou est-ce le monde qui tourne autour de l’homme immobile? 

dimanche 20 novembre 2022

Miniatures éphémères

(Hendaye, 11 novembre, 16h 10)

Le voyageur des dunes 

samedi 19 novembre 2022


La nuit qui vient

(Beersel, Belgique, 17 novembre, 16h)

Il trime tout le jour durant

Il tire, il pousse , il porte

Le corps penche à l’effort

Au crépuscule il se redresse

Il tape ses chaussures sur le palier

Pour en faire tomber la boue

Il accroche sa veste à un clou

Il reprend ses couleurs

Rangées sur une étagère

Et il peint la nuit qui vient 

vendredi 18 novembre 2022


La bête

(Beersel, Belgique, 17 novembre, 19h 30)

Il est arrivé  au petit matin. Un monstre rouge qui mange la terre autour de sa maison. Un monstre qui gronde et fait trembler les murs. Oscar n’ose pas sortir, il a peur des dents de fer, de la bête qui se dresse avant de plonger sur sa proie. La bête va et vient, sa mâchoire claque quand elle s’abat sur une pierre. Pour l’instant elle n’entre pas dans le jardin. La barrière de bois ne résistera pas longtemps. Oscar se souvient des consignes de son tuteur. En cas de problème tu appelles ce numéro écrit en grosse lettres blanches près du téléphone.

-  Allo, monsieur Jean, il y a un dinosaure en bas, j’ai peur.

-  Ne crains rien Oscar, ce n’est qu’une machine, ils font des travaux dans la rue. Je viendrai te voir 

   demain.

Alors Oscar se recouche, se cache sous la couette jusqu’à ce que cessent le bruit et les tremblements.

À la nuit tombée, il n’entend plus rien. Il se lève, va à la fenêtre. Le monstre est là, immobile. Il dort. Oscar sort. Le portail du jardin grince horriblement. Oscar attend sans bouger. Tout va bien, la bête dort toujours. Oscar s’approche, tout doucement. Il murmure les mots doux que chantait tante Julia quand ça n’allait pas, des mots au parfum de rose, des mots qu’il ne comprend pas mais qui sentent bon.

Oscar est à quelques centimètres du museau de la bête. Aucun souffle. Elle est peut-être morte?

Il tend la main. La peau  du monstre est froide et rugueuse. Oscar s’enhardit, il frappe avec son poing. Ça sonne creux, il rigole.

Soudain la bête se dresse et l’avale, d’un seul coup, d’un seul.

jeudi 17 novembre 2022


Waterloo

(Beersel, Belgique, 16h)

Ce matin à Waterloo

Entre chien et loup

J’ai vu un hussard

Tout en haut d’un arbre

À contre jour 

Dans le ciel rouge

Le plumet de son schako

Lui donnait un air

D’oiseau triste

Depuis 1815

Je cherche mon ami mon amant

M’a-t-il dit

Nous sommes partis à la guerre

Comme mari et femme vont aux champs

Les cavaliers du général Von Bülow

Nous ont séparés

Les canons du duc de Wellington

Nous  ont déchiquetés

J’ai perdu mon ami mon amant


Ce soir à Beersel

Entre chien et loup

J’ai vu un hussard

Les pieds plantés

dans un champ de betteraves 

Détrempé

Il tenait sous son bras

Un schako sans plumet

Qu’il caressait

Comme un animal de compagnie

Depuis 1815

Je cherche mon ami mon amant

M’a-t-il dit

Nous sommes partis à la guerre

Comme mari et femme vont aux champs

Les cavaliers du général Von Bülow

Nous ont séparés

Les canons du duc de Wellington

Nous  ont déchiquetés

J’ai perdu mon ami mon amant


Je sais où est ton ami ton amant

Ai-je dit

Il est à Waterloo

Perché sur un abre

Il te cherche il t’attend 

Depuis tout ce temps

À minuit je viendrai te chercher

Je te conduirai à l’arbre

C’est un arbre mort

Courbé comme un arc

Où seuls se posent 

Les soldats et les corbeaux

Je te conduirai à ton ami

Ton amant

Vous aurez l’éternité

Pour vous aimer



 

mercredi 16 novembre 2022


La couleur de la nuit

(Braine-l’Alleud, Belgique, 19h)

C'est au nord

Un creux dans la terre

Et le ciel tombé  avec les feuilles

Une chaise m’attend

Flottant dans l’obscurité

Une chaise pour écrire

La couleur de la nuit 

mardi 15 novembre 2022


...

(Hendaye, 6 novembre, 17h 35)

Parfois je ne sais plus où me mettre

Dans l’eau, sur terre ou en l’air

Je préfère me taire

 

lundi 14 novembre 2022


Un autre monde est possible

(Autoroute A 10, Entre Orléans et Étampes, 13 novembre, 16h 55)

Coincé sur la route

Voitures à touche touche

Même pas d’impatience

L’abattement de l’homme moderne

Tourner la tête une seconde

Soudain le réel se fissure

Le ciel envahit la pensée

Un autre monde est possible 

dimanche 13 novembre 2022


Miniatures éphémères

(Hendaye, 11 novembre, 16h 45)

Le marin pêcheur et le chardon des sables 

samedi 12 novembre 2022


File la laine, filent les jours

(Hendaye, 6 novembre, 17h)

File la laine filent les jours

C’est le refrain d’une chanson triste

On y parle des hommes à la guerre

D’une dame à la fenêtre 

Qui pleure sur son triste sort

File la laine filent les jours

On voudrait s’en aller

En mer ou dans les bois

Loin des hommes et des machines

Dans le silence d’une étreinte

File la laine filent les jours

On voudrait couper le son

Effacer les images

Ne s’occuper que des nuages

Et de son jardin

File la laine filent les jours

Que faire d’autre qu’aimer

Quand l’espoir suffoque

Quand la beauté vacille

Et les arbres tombent

File la laine filent les jours

Alors on ne renonce jamais

On écoute le bruit du monde

On garde les yeux ouverts

Et si le cœur se fissure

On regarde danser

Son petit fils



File la laine, filent les jours est la première phrase du refrain d’une chanson de Jacques Douai File la laine

vendredi 11 novembre 2022


Pole dance

(Hendaye, 10h 15)

Je connais une fille libre comme le vent qui chaque jour danse avec son ombre.

Il y a quelques instants elle était là sur le mur, elle dansait accrochée au réverbère.

L’ombre, seulement l’ombre.

Je ne sais pas où était la fille. 

jeudi 10 novembre 2022


La machine

(Hendaye, 9 novembre, 17h 05)

Il écrit face à la mer, sur une vieille machine à écrire Royal.

La machine sur laquelle écrivait Richard Brautigan, l’un de ses auteurs favoris.

La mécanique sonne comme une carriole, un train ou une bagnole.

À chaque ligne ding une station.

Les pauses sont longues parfois. 

Il attend que quelqu’un se présente au guichet. Un gangster, un hamster, une blonde, un capitaine de corvette… Pas de héros, il ne croit pas aux héros. Sauf si ce sont des chiens.

D’autres fois la machine file, pas d’arrêt, la table du chef de gare tremble au passage du train.

Quand il n’y a plus de jus, plus de gasoil, plus de cheval, il regarde  la mer et le ciel, la mer et le ciel qui charrient du rêve, des sentiments et de la vérité.

Il attend la marée haute, il attend que ça coule dans sa gorge et dans ses yeux.

Alors ça repart, la cloche sonne, ça pétarade, ça hésite, ça bringuebale, mais ça roule.

La soute à bagages est pleine, il y a une carte routière du Wyoming dans le vide poche.

Parfois il embarque la blonde qui attend dans la chambre à côté, une blonde d’une patience infinie qui n’a que de la liberté dans le regard. Et là dans l’histoire, il y a forcément de la neige, une bagarre de boules de neige et le plaisir de se coller quand il fait froid dehors.

Le bureau est envahi de cartons pleins de pages noircies. Il garde tout. N’a jamais rien envoyé. À aucun éditeur.

Il veut juste entendre la mécanique, aller aussi loin qu’elle l’emporte. 

Peut-il se perdre? Non. C’est comme un rêve. Quand ça tourne mal, on se réveille.

Quand la nuit vient, il ne voit plus la mer.

Il ralentit, jusqu’à ce que la machine s’arrête après quelques hoquets. Inutile d’allumer les lumières. 

Il referme le capot de la machine et va dans la chambre à côté. 

mercredi 9 novembre 2022


Qu'est ce que je peux faire...

(Hendaye, 16h 10)

Un oiseau égaré s’écrase sur la baie vitrée.

Rick se réveille en sursaut. Mal au crâne, mal au pied.

Une journée qui s’engage de travers.

Il pleut. Ploc ploc il y a une fuite quelque part. Il faut aller voir.

Il faut monter sur le toit. Non, c’est glissant, et il n’est pas couvreur.

Rick se sent inutile, bon à rien, couard, même la musique l’ignore.

Un bail qu’il n’a pas composé un morceau qui souffle comme le vent d’autan, un morceau qui soulève les jupes des filles et fait marcher les gars sur la tête.

Assis sur le lit, il pense à Anna Karina, les pieds dans l’eau, dans Pierrot le Fou, qui répète: Qu’est-ce j’peux faire, j’sais pas quoi faire…

Elle était jolie Anna…

Il pleut toujours. L’oiseau sur la terrasse bouge encore. Il est sonné mais pas mort. 

Rick le ramasse. Bon dieu, il n’est pas vétérinaire. Il reste là comme un con, pieds nus sur les carreaux mouillés, l’oiseau qui tressaute dans ses mains. Il ne sait même pas ce que c’est, pas un oiseau de mer c’est sûr, mais quoi? Il est si petit.

Il commence à sentir la pluie qui coule sur son visage, dans son cou. Faut rentrer, faire quelque chose pour cet oiseau. Mais celui-ci déjà ne bouge plus. Il a rendu l’âme dans ses mains.

Sa gorge se serre. Il ne va pas chialer quand-même…

Elle était jolie Anna…

C’est une journée qui ne tourne pas rond.

Il commence quelque chose et passe à autre chose. 

En sortant de chez lui, il marche dans une flaque. Il sent l’eau froide qui mouille ses chaussettes, des chaussettes en cachemire. La laine fait éponge.

Le ciel s’éclaircit.

Elle était jolie Anna…

Anna Karina qui dit aussi à Jean-Paul Belmondo: Y’a des idées dans les sentiments…

Il a pris son parapluie, ça ne sert à rien. Il le rapporte et voilà qu’il se remet à pleuvoir. Décidément.

Rick n’a pas le cœur à chanter, jouer, ou surfer. 

C’est une journée qui ne tourne pas rond. Même le vent hésite, sud, sud ouest, ouest…

Quand aux vagues, n’en parlons pas.

À l’arrêt du bus il veut aider une femme qui traine une énorme valise. Elle l’envoie promener.

Le seul sourire qu’il croise est celui d’un vieil homme vouté, un vieil homme qui ne fait plus que ça, sourire.

Rick erre toute la journée le long de la jetée. Il va dans un sens puis dans l’autre, il envie le pêcheur qui sait où poser son regard.

Il lui faut une balise, aujourd’hui il ne s’en sortira pas tout seul. Une balise.

Il va au bout, au bout de la digue. Là il y a une balise, rouge. La lumière est belle en cette fin d’après midi.

Il y a un homme seul face à la mer. Rick s’approche. Il entend alors la voix d’Anna Karina. Qu’est ce que j’peux faire, j’sais pas quoi faire… L’homme regarde le film de Jean Luc Godard sur son smartphone, là sur une digue face à la mer, debout sur les rochers.

 

Pierrot     -  Pourquoi t’as l’air triste?

Marianne -  Parce que tu me parles avec des mots, que moi je te regarde avec des sentiments.

Pierrot     -  Avec toi on peut pas avoir de conversation. T’as jamais d’idée, toujours des  

                    sentiments.

Marianne -  C’est pas vrai, y’a des idées dans les sentiments.


Rick et l’homme se regarde, comme de vieilles connaissances. 

Pour la première fois de la journée Rick sourit, un large sourire, un sourire avec du vent d’autan… 

mardi 8 novembre 2022


Aube dorée

(Hendaye, 7h 30)

Une aube dorée

Un soupir

Cheveux ébouriffés

Et les loups qui courent sur la crête 

lundi 7 novembre 2022



(Hendaye, 6 novembre, 17h 30)


Après avoir confié sa rage à la mer

Le ciel se tait 

dimanche 6 novembre 2022


Miniatures éphémères

(Vaucresson, 29 octobre, 15h 30)

Nils Holgersson 

samedi 5 novembre 2022


Fête foraine

(Hendaye, 8h 40)

Une vilaine crise de goutte le cloue sur une pierre.

Tout est en mouvement, la mer, le ciel, les gens, les chiens, les autos, les vélos, les avions, les camions… Tout.

Rick se dit alors qu’il est au centre, qu’il est l’axe du manège et il fredonne une vieille chanson, Fête foraine de Georges Ulmer…




vendredi 4 novembre 2022


Voyage

(Route de la Corniche, entre Socoa et Hendaye, 16h 45)

800 km dans une Peugeot 404 bordeaux

Le gamin debout à l’avant les mains sur le tableau de bord

Déjà la fascination de la route 

jeudi 3 novembre 2022


N'être rien d'autre qu'un peu d'air

(Gigondas, Vaucluse, 2 novembre, 21h 05)

C’est un soir à danser avec un vieux chat

Courir sur les murs de la terre à la lune

N’être rien d’autre qu’un peu d’air

Qui gonfle les poumons d’une belle de nuit