La bête
(Beersel, Belgique, 17 novembre, 19h 30)
Il est arrivé au petit matin. Un monstre rouge qui mange la terre autour de sa maison. Un monstre qui gronde et fait trembler les murs. Oscar n’ose pas sortir, il a peur des dents de fer, de la bête qui se dresse avant de plonger sur sa proie. La bête va et vient, sa mâchoire claque quand elle s’abat sur une pierre. Pour l’instant elle n’entre pas dans le jardin. La barrière de bois ne résistera pas longtemps. Oscar se souvient des consignes de son tuteur. En cas de problème tu appelles ce numéro écrit en grosse lettres blanches près du téléphone.
- Allo, monsieur Jean, il y a un dinosaure en bas, j’ai peur.
- Ne crains rien Oscar, ce n’est qu’une machine, ils font des travaux dans la rue. Je viendrai te voir
demain.
Alors Oscar se recouche, se cache sous la couette jusqu’à ce que cessent le bruit et les tremblements.
À la nuit tombée, il n’entend plus rien. Il se lève, va à la fenêtre. Le monstre est là, immobile. Il dort. Oscar sort. Le portail du jardin grince horriblement. Oscar attend sans bouger. Tout va bien, la bête dort toujours. Oscar s’approche, tout doucement. Il murmure les mots doux que chantait tante Julia quand ça n’allait pas, des mots au parfum de rose, des mots qu’il ne comprend pas mais qui sentent bon.
Oscar est à quelques centimètres du museau de la bête. Aucun souffle. Elle est peut-être morte?
Il tend la main. La peau du monstre est froide et rugueuse. Oscar s’enhardit, il frappe avec son poing. Ça sonne creux, il rigole.
Soudain la bête se dresse et l’avale, d’un seul coup, d’un seul.
Pauvre Oscar ! et moi qui voyais une contrebasse s'échapper de terre !
RépondreSupprimerI love the picture-- and perhaps Oscar was devoured by his imagination.
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