jeudi 31 août 2023


No deal

Une aventure de Rick Delaveine, batteur de jazz de renommée internationale et surfeur.

(Exposition Motion Auto Art Architecture, musée Guggenheim Bilbao, 24 mai 2022, 11h 40)

Le ciel a craché toute la journée.

Une pluie sale, une pluie sans illusions.

Rick est allé au cinoche. Mission Impossible. Pour ne pas penser, pour se faire mener par le bout du nez.

2h 40 c’est long quand tu as la prostate gonflée. Le rythme était assez trépidant pour qu’il tienne.

Il s’est étonné de ne jamais voir Tom Cruise pisser. Pourtant il commence à faire son âge. Ça donne une nouvelle saveur au film. Peut-être bien que Rick a pensé un peu malgré tout.

En sortant il avait la musique tonitruante du générique qui tournait dans la tête.

Il s’est précipité aux toilettes. Il pissait par à coup, avec la musique.

De retour il n’ y avait que le tempo et la voix de Mélanie de Biasio pour lui ôter cet air des méninges, et de la vessie.

Il a écouté en boucle l’album No Deal jusqu’à ce qu’il tombe de sommeil.

Il s’est couché avec un violent désir de couleurs et l’espoir de retrouver la chanteuse dans sa nuit.

Elle a ce geste léger de la main, un geste hypnotique qui donne la mesure, le geste qu’il faut à Rick pour s’abstraire de la violence du monde.

Mais à peine endormi, c’est le générique de Mission Impossible qui est revenu.

Une blonde armée d’un sabre le poursuivait. Le sabre étincelait. Il ne savait plus dans quel film il était. Kill Bill ou Mission impossible?

Il cavalait dans les ruelles étroites de Bilbao. La fille ne le quittait pas d’une semelle.

Il courait en levant haut les genoux, balançant ses bras  repliés comme le héros, Ethan Hunt.

Une course mécanique, renversant tout sur son passage, sautant par dessus les tables des terrasses, il devenait coureur du cent mètres haies dans un stade olympique, on l’applaudissait. la fille était toujours à ses trousses, le sabre flambait toujours plus près.

Soudain il trébuche sur la laisse tendu d’un caniche blanc vêtu d’un  ciré jaune. À l’autre bout de la laisse la reine d’Angleterre, ou Brigitte Macron, ou Margaret Tatcher, il ne sait plus, elle change de visage à chaque seconde.

Il roule sur le bitume.

Dans un crissement de pneus, une Pegaso Z 102 Cùpula freine à quelques centimètres de son crâne en surchauffe.

Trois coup de feu claque dans la nuit.

Le caniche, Tatcher, la Blonde au sabre explosent dans des gerbes de sang écarlate.

Je croyais Tatcher morte depuis longtemps se dit-il.

Il est là, étendu sur l’asphalte, à deux pas de la voiture jaune. Les pneus rouges et noirs fument.

Il voit descendre de longues jambes, une femme. C’est Mélanie.

Elle se penche sur lui, sourit et dit, d’une voix si douce:

No deal….

Il se réveille avec une nouvelle envie de pisser.


 

mercredi 30 août 2023


Mue

(Travaillan, 18 juillet, 18h 20)

Exuvie de cigale accrochée à l’écorce dans un trait de lumière qui perce l’ombre du feuillage.

Plus haut dans l’arbre la cigale adulte cymbalise.

Et le vieil acteur se demande s’il peut abandonner ses costumes pour enfin dire, chanter et danser sans artifices.

Longtemps la mue restera collée à l’arbre.

Les seuls habits qu’on ne peut délaisser sont ceux de l’enfance. 

mardi 29 août 2023


Voyage sur les branches d'un rosier

(Vaucresson, 18h 40)

De retour à Vaucresson.

Le jardin est extraordinairement vert, d’une herbe grasse où flânent quelques limaces brunes.

Je suis à la maison et voilà qu’il faut que je reparte aussitôt.

Mon esprit est flottant, ne trouve le repos que dans le mouvement, aussi infime soit-il.

Je m’en vais voyager sur les branches du rosier. 

J’y découvre un paysage minéral, terres volcaniques sur des eaux marécageuses.

Une divinité née de l’amour de quelques insectes et d’une rose non éclose veille sur ce pays.

Il me faudra des mois pour en explorer les contours.

Ce soir je bivouaque sur les berges d’un fjord en compagnie de pucerons géants à qui je fais part de mon excitation devant ce nouveau monde.

Pour l’instant aucune trace humaine.

Si vous ne recevez plus de mes nouvelles, cherchez moi sur le rosier.

Il se trouve au fond du jardin du 5 Grande rue, pris dans un bosquet de bambous, au dessus d’un dragon de bois et d’os. 


(18h 50)


lundi 28 août 2023


Couleurs

(Hendaye, 27 août, 7h 35)

Accrochée à un clou noir

La blouse de William Turner

Et quelques bouts de ciels 

dimanche 27 août 2023


Miniatures éphémères

(Hendaye, 25 août, 16h 35)

Laisser filer le temps 

samedi 26 août 2023


Le chien, la pluie et la philosophe

(Hendaye, 8h 30)

Il a d’abord senti la pluie venir.

Puis il l’a entendue. Une pluie fine mais continue. Un petit ruisseau dans la gouttière.

Il a rentré sa langue et s’est dressé sur ses pattes.

Emil, c’est son nom, son nom de chien, s’est approché de sa maitresse.

Elle avait cessé de faire la tête. Son front était lisse.

Il lui a léché le visage. Elle a souri et lui a gratouillé le menton. Puis elle a dit:

L’essentiel n’a jamais exigé le moindre talent*.


*Emil Cioran in De l’inconvénient d’être né 

vendredi 25 août 2023


Le garçon de plage et la baigneuse à la peau blanche

(Hendaye, 8h 45)

La mer est ridée comme une vieille peau qui a eu trop chaud.

Le ciel a retrouvé ses nuages.

Le garçon de plage n’a pas pris sa casquette ce matin.

Il a hésité à venir travailler. Sûr qu’il ne louera pas un transat aujourd’hui.

Il est venu quand même. 

Pour sentir la fraicheur dans ses cheveux. 

Pour voir le sable lisse, sans autres traces que les siennes.

Pour voir la baigneuse à la peau blanche qui ne vient que quand il pleut. 

jeudi 24 août 2023


Canicule

(Hendaye, 19h 05)

Il faisait si chaud.

Une vieille dame sur sa chaise gardait la tête baissée, les yeux mi clos, depuis plusieurs jours.

Quichotte avait déposé lance et bouclier pour s’immerger dans la baie de Txingudi.

Le marchand de glace voyait gonfler à vue d’œil son chiffre d’affaire.

Un nuage noir a surgi comme une vague derrière le Jaizkibel.

Il a dévalé la montagne, soufflé la chaleur et secoué la mer.

Le marchand de glace a rangé ses cornets.

Quichotte a repris le combat.

Et la vieille dame a relevé la tête. 

mercredi 23 août 2023


Au bout d'une terre

(Cap du Figuier, Cabo Higer, Higer lurmuturra, Espagne, 18h)

Le Cap du Figuier, le bout des Pyrénées.

Une pointe battue par la houle de l’Atlantique.

Sous un soleil de plomb quelques jeunes gens refont le monde entre deux plongeons.

Combien de basques sont partis vers les Amériques!

Dès le XVI ième siecle on traversait l’océan pour faire fortune.

Il y eut les jeunes gens sans héritage, droit d’ainesse prévalant. 

D’autres ont fuit les guerres et les famines.

De l’Alaska à la Patagonie on trouve des basques.

Il y eut ces bergers du nord venus dans la pampa Argentine.

Ils ont fait fortune. 

Ils ont conservé leurs traditions. 

L’élite argentine leur doit beaucoup.

Simon Bolivar était basque d’origine, les parents de Che Guevara étaient basques.

Juan de Zumarraga, premier évêque du Mexique et défenseur des droits indiens était basque.

Ainsi se font les civilisations, de migrations en migrations.

Il faut aller au bout d’une terre, regarder la mer et espérer... 

mardi 22 août 2023


Ce qui compte...



(Vallée des Couleurs, Jaizkibel, Espagne, 19 août, 11h 35)

J’ai longtemps marché, 

Les mollets écorchés par les ronces.

Je me suis reposé dans un creux.

Un creux dans la pierre rugueuse.

Dans la falaise rouge et jaune.

Un ruisseau coulait à mes pieds, impatient.

La mer était si proche.

Je regardais la falaise et la falaise me regardait.

Elle me parlait.

Elle sentait ma fatigue.

Elle me parlait de ce qu’on oublie et de de ce qu’on n’oublie pas.

De ce qui compte et de ce qui ne compte pas.

Elle me parlait d’amour. 

lundi 21 août 2023


Couleurs

(Vallée des couleurs, Jaizkibel, Espagne, 19 août, 11h 30)

Un jour de gros temps

La terre a montré ses dents

La mer a montré son cul

Et la falaise a rougi 

dimanche 20 août 2023


Miniatures éphémères

(Sur le Jaizkibel, Entre Antaztimotz et Amestueta, Espagne, 19 août, 13h 40)

Angélique… 

samedi 19 août 2023


Un regard

(Sur le Jaizkibel entre la Vallée des Couleurs et la Plage des Fossiles, Espagne, 12h 30)

J’ai d’abord vu la croix.

L’ombre d’un arbuste et la fissure dans la pierre.

Ce n’est qu’après avoir fait la photo que j’ai vu le visage, en haut.

Comment échapper à la douceur de ce regard.

Là est ma foi. Dans la pierre, dans l’arbre, dans la mousse, dans le pottok, dans le berger, dans l’écume, dans le nuage, dans le ruisseau, dans tout ce qui fait que le monde est monde. 

vendredi 18 août 2023


Rosalia funebris

(Sur les bords du Clain, Poitiers, Vienne, 17 août, 11h 25)

Il y avait un insecte sur le mur. Un grand longicorne peint en noir. Rosalia funebris, le Perce tige de l’aulne.

Il y avait les reflets de l’eau sur la voute du pont.

Il y avait le train qui passait sur le pont, un train de passagers.

Il y avait un pêcheur et son fils qui pêchaient à la mouche un peu plus loin.

Et nous étions là sous le pont, trois générations, grands-parents, parents et petit-fils, chantant à tue tête, lançant nos voix contre la pierre, expérimentant l’écho, faisant sonner le pont. À l’instant où nous fûmes à l’unisson, nous avons vu s’envoler le coléoptère géant, s’en aller vers l’amont, avaler les deux pêcheurs, et filer à la poursuite du train. 

jeudi 17 août 2023


Couleurs et dessins

Une histoire d'Arthur et le Vieux 

(Sur les bords du Clain, Poitiers, Vienne, 10h 50) 

Il y a de la magie à se promener en compagnie d’Arthur sur les bord du Clain.

Le Vieux voit partout des histoires, des histoires qu’il pêche à la mouche, à la bouche, à la louche dans les trous d’eau.

Les trous des bombes allemandes de la dernière guerre qui peuvent atteindre six mètres de profondeur, six mètres d’obscurité où vivent bien plus que les quelques brèmes, carpes et brochets qui attirent les pêcheurs.

  • Vois, Arthur, sur l’autre rive, cette porte bleue gardée par un chat géant, un chat des profondeurs, une boule de poils dont on fait les pinceaux. Cette porte donne accès à un jardin qui monte en escaliers jusqu’au plateau de Poitiers. À l’époque où je suis né, il y avait un peintre qui ne peignait que des étendues d’une seule couleur. Il s’appelait Yves Klein, comme le nom de la rivière. Une couleur, en peinture s’obtient en mélangeant différents produits naturels et chimiques. Avec le charbon tu peux te faire des moustaches noires, les mûres dont tu te régales font de belles taches violettes sur ton t-shirt… Yves Klein a inventé une couleur qui porte son nom, le bleu Klein, un bleu comme la partie ombrée de la porte. Derrière la porte se trouve les secrets des couleurs. Un jardin à étages. À chaque étage une  bête à poils, écureuils, martres, belettes, visons, blaireaux, putois, loups, cochons (hé oui eux aussi ont des poils, même si ça se voit moins), des poils à peindre. À chaque étage une bête qui te  raconte les plantes, les produits, les mélanges pour une couleur.
  • Tu as la clef de la porte?
  •  Non, il faut la dessiner.
  •  Et comment on traverse la rivière.
  •  En dessinant un pont, ou un bateau, ou toi en train de nager….
  •  Et le chat?  
  • Quoi le chat?
  • Le chat géant, il me laissera passer?
  •  Tu  lui dessine de quoi manger, un beau poisson par exemple, il te laissera tranquille. En passant tu peux aussi dessiner quelques poissons pour le pêcheur de tout à l’heure qu se plaignait que plus rien ne mord que ce n'est plus comme avant.

Depuis ce jour Arthur dessine beaucoup, sur tout ce qu’il trouve.

Surtout il répète sans cesse à sa mère de ne pas jeter ses dessins, ses dessins magiques.

Et quand une grande personne râle en disant c’est plus comme avant, il fait un dessin…


mercredi 16 août 2023


Le ciel et le nénuphar

( Sur les bords du Clain, Poitiers, Vienne, 11h)

Le ciel a laissé quelques grains de bleu dans le ruisseau

Séduit, aussitôt le nénuphar tente une envolée 

mardi 15 août 2023


Signe

(Buxerolles, Vienne, 16h 40)

Dans un buisson de verdure une feuille sèche prise entre graines et brindilles me regarde.

Un masque chamanique de l’archipel Kodiak*, au sud de l’Alaska.

Dans un buisson de verdure, dans le jardin de notre fille, dans le jardin de notre petit fils.

Et cette sensation, très concrète, que de tels signes dans les fourrés, au bord des sentiers, en forêt, dans les jardins, abolissent la solitude, relient passé, présent, futur, les anciens et les nouveaux.


*La collection Alphonse Pinart de masques de l’archipel Kodiak est visible au Château-musée de Boulogne-sur-Mer. 

lundi 14 août 2023


Amours de vacances


(Hendaye, 19h 10)


Lui:  Si je fais trois ricochets, ça veut dire que tu es amoureuse, mais tu ne le sais pas encore.


Elle: Si tu tiens sur les mains, tu peux m’embrasser.



 

dimanche 13 août 2023

samedi 12 août 2023


Joie

(Hendaye, 8h 10)

Une ligne de nuages

Une ligne de houle

Une ligne de lumière

Prémices de la joie

Les vagues grossiront toute la journée

Belle session en fin d’après midi

Trois heures dans l’eau

Un vrai jeune homme

Pour les courbatures on verra demain 

vendredi 11 août 2023


Un pont

(Massif des Trois Couronnes, Aiako Harria ou Peñas de Haya, Espagne,  9 août, 17h 20)

Un pont

La possibilité d’un abri

Avant toute chose 

jeudi 10 août 2023


Avenir

(Hendaye, 8 août, 21h 55)

Incertitude


Photo floue

Couleurs forcées

Silhouettes statiques

Hauts-parleurs d’alerte

Attente

 

mercredi 9 août 2023


Elurzuloen bidea

(Chemin des Neiges, Elurzuloen bidea, ou El camino de los Neveros, Massif des trois Couronnes, Espagne, 17h)

Sur le chemin des neiges

La respiration des fougères

mardi 8 août 2023


The Belly Botton of the World

(Hendaye, 21h 20)

Une cavalcade

Une envolée

Une ligne d’Hébreu

Dans le ciel du soir raisonne la musique endiablée de Goran Brégovic

The Belly Botton of  the world, titre du dernier album, cordes, cuivres, percussions, chœurs, de la mélancolie, de la rage, de la joie, pour un monde uni, aller à la source de toutes les musiques, Balkans rime avec volcan…

Nous étions emportés il y a quelques jours au festival de Marciac.

Après l’entrée fracassante de l’orchestre des mariages et enterrements, Goran Brégovic raconte cette histoire en début de concert :


Une jeune journaliste avait entendu parler d’un vieux juif qui venait deux fois par jour depuis des années prier au Mur des lamentations.

Pensant tenir un sujet elle vient à sa rencontre.

L’homme est là, vouté, face au mur. Après une longue prière, alors qu’il s’éloigne à petit pas, elle l’interpelle, se présente et l’interroge:

  • Comment vous appelez vous?
  • Moshe.
  • Depuis combien de temps venez vous prier ici?
  • Plus de cinquante ans.
  • Quelle foi! et pourquoi priez vous?
  • Pour la paix entre les juifs et les musulmans, pour la fin de toutes les guerres, pour que nos enfants deviennent enfin des adultes responsables et pacifiques…
  • Et que ressentez vous après cinquante ans de prières?
  • J’ai l’impression de parler à un mur…

 

lundi 7 août 2023


Le jour où...

(Urrugne, Pyrénées-Atlantiques, 17h 50)

Une dame en noir à sa fenêtre

Une vieille dame

Une vieille dame aux yeux sans fond

À sa fenêtre

À l’heure où les ombres se posent

En bas sur les pavés

L’ombre du platane

Le platane centenaire

L’ombre du monument aux morts

Les morts de toutes les guerres

À l’heure où les ombres se mêlent

L’arbre et le monument

Sur les pavés en bas

Le monument arbre

L’arbre monument

Un poilu un fusil des branches des feuilles

Qui s’agitent dans le vent

Et la dame en noir qui se souvient

À sa fenêtre

Le jour où… 

dimanche 6 août 2023

samedi 5 août 2023


Chagrins d'amour

Une histoire d'Arthur et le Vieux 

(Couple de Corées marginées, Domaine du Mons, Vitrac-sur-Montane, Corrèze, 29 juillet, 18h 40)

Arthur et le Vieux rendent visite à Raphaëlle, éleveuse au Domaine du Mons.

Dans le jardin sauvage et fleuri, les insectes s’en donnent à cœur joie.

  • Regarde une bête à deux têtes.
  • Non, Arthur, ce sont deux punaises accouplées.
  • Accouplées?
  • Oui, elles font des petits, elles font l’amour.
  • Comme ça, collées au cul?
  • Oui, comme ça. Il y a trente six mille façon de s’accoupler…
  • Elles ont des chagrins d’amour?
  • Peut-être, qu’en sait-on?
  • Et les escargots aussi?
  • Pour eux c’est plus simple, ils sont hermaphrodites, c’est à dire à la fois fille et garçon.
  • Ils peuvent faire des petits tout seuls?
  • Non, il faut être deux malgré tout.
  • Alors eux aussi il peuvent avoir des chagrins d’amour. Comme Claudine, elle pleure tout le temps à cause de Georges qui est parti au Canada, et le Canada c’est très loin. Les escargots ils ne peuvent partir aussi loin… Moi j’ai une amoureuse, elle est à côté de moi à l’école. Elle s’appelle Charlotte, je lui raconte tes histoires, elle me dit que c’est n’importe quoi, alors des fois j’ai un peu de chagrin. 
  • Tu sais, le chagrin, on peut le laver, avec l’eau du ciel, de la mer, des rivières, on peut le frotter au soleil, le lustrer avec des feuilles, avec des chansons, on peut le poncer, et le garder au fond de la poche comme un beau caillou. Après on pleure moins, ou si on pleure ce n’est pas si désagréable.
  • Je comprends pas bien tout ça. Ce qui est est sûr c’est qu’à la rentrée, quand je verrai Charlotte, je dirai rien, mais alors rien du tout, et on se frottera le derrière…

jeudi 3 août 2023


Deux

(Hendaye, 8h 20)

Le ciel répond à la terre

La mer n’en fait qu’à sa tête

Deux, dans la tempête 

mercredi 2 août 2023


Voyage

(Domaine du Mons, Vitrac-Sur-Montane, Corrèze, 28 juillet, 17h 40)

Au Grand Bazar Merveilleux du Mons 

j’ai troqué ma solitude contre une robe rouge

En compagnie de Romain Gary

je me suis fait de nouveaux amis

La lune presque pleine éclairait nos voix

Je l’ai suivie les valises pleines jusqu’à Marciac

Un accroche cœur sur une épaule de rousseur 

M’attendait

Nous nous sommes égarés 

Aux sonorités du quartet Peirani, Sissoko, Segal, Parisien

Accordéon, Kôra, violoncelle, saxophone et lune pleine

À nouveau j’ai suivi la lune 

Jusqu'à la mer

Je l’ai vue sombrer entre les vagues enragées

Je l’ai vue offrir  sa clarté aux crêtes d’écume 

mardi 1 août 2023


Un dessin

(Travaillan, 22 juillet, 20h)

Une feuille de murier

Au soleil du soir

Avant la chute

Tous ces chemins qu’on n’a pas pris

Tous ces chemins qu’on on aurait pu prendre

Tous ceux qu’on a suivis

Se croisent et se recroisent

Un dessin sur la peau

Avant la chute