samedi 30 avril 2016


Élégance


Depuis le décès de sa femme Édouard se laisse aller. Ce matin il n’a pas fait son lit, et a ignoré une tache sur son pull de cachemire jaune. En passant devant la boutique de Loulou, il fut enchanté par l’élégance de cet image. Aussitôt il se ressaisit,  rentra chez lui, nettoya la tache et fit son lit, avant de redescendre saluer Loulou…

vendredi 29 avril 2016


Au Show Case


Au Show Case ça envoie du bois. Le chanteur a une chemise bleue turquoise, le guitariste un chapeau de paille et le trompettiste un chignon. Le bassiste est chauve, le batteur tatoué et le pianiste trop chic.
Wanda tourne sa cuillère dans sa tasse, elle tourne, elle tourne…
 Elle allait prendre un Jack Daniels, mais non fini les conneries ce sera un café…
C’est une grande fille aux cheveux courts, veste de cuir et jean élimé.
Elle a planté son large dos devant un petit gars qui sirote une Caïpi à la paille. Il ne voit plus rien.
 À chaque tour de cuillère Wanda fait le compte de ses gaffes. Ce matin, c’est un rendez vous manqué pour une bière de trop, hier, c’est une porte claquée pour quelques mots de trop .
Elle se dit qu’elle irait bien chanter Satisfaction avec l’homme en bleu, et balancer ses emmerdes à coup de caisse clair.
Elle n’a même pas remarqué le mec coincé derrière elle, pourtant il la trouvait jolie…

jeudi 28 avril 2016


 Corto


 

J’aurais voulu m’appeler Zorro ou bien Corto, mais j’étais un peu trouillard, un peu flemmard,
alors je n’ai jamais lâché mes soldats de plomb. J’ai joué à Avignon, à l’Odéon et à Saint Pol de Léon, j’ai endossé des dizaines de costumes, lu des centaines de volumes,  parcouru des kilomètres de bitume, j’ai changé de voix autant de fois, et à force je suis devenu un peu Corto...



mercredi 27 avril 2016


Une boite à musique


Adeline, frêle et pâle, émue par le spectacle auquel elle vient d’assister,  s'approche timidement.
Elle aimerait voir de près cette boite à musique utilisée dans l’une des scènes. C’est une bouteille de liqueur dans laquelle tourne une danseuse en tutu sur l’air du Beau Danube Bleu. Il y avait la même chez son grand père; elle ne l’a jamais retrouvée.
Elle prends la bouteille avec délicatesse et la garde longuement dans ses mains, fixant la danseuse et les reflets du verre.
J’ai trouvé cette bouteille à Nazareth, en Corrèze, sous un monceau de boites de conserves périmées dans la cave d’une ancienne maison de pierre que m’avait louée à bon prix un vieux et sympathique paysan corrézien.
Je n’ose pas demander à Adeline où vivait son grand père…

mardi 26 avril 2016


 Une photo du fond de ma poche


Dans le fond de ma poche, il y a des pierres, des herbes et des arbres, il y a des femmes dévêtues, des soldats de plastique et des bateaux à vapeur, il y a des couteaux, des mammouths et des bisons, il y a  des coquelicots, quelques  abricots et des cerisiers en fleur, il y a des blés murs, des trains électriques et du linge qui sèche, il y a des avions à réactions, des papillons et des camions, il y a des livres, du papier et un crayon, il y a des villes, de la pluie et des chansons.
Un jour, je jouais de l’orgue de barbarie sur une place de village quand un enfant me demanda les yeux écarquillés: comment tu fait la musique? Je pris alors un carton et lui montrai les trous.
« Tu vois quand je voyage, et je voyage beaucoup, dés que j’entends de la musique je l’attrape avec une épuisette, ou avec les mains si elle n’est pas trop chaude, je la conserve dans des petites boites de bois et à mon retour je la glisse dans tous ces trous. Et quand je passe le carton dans la machine, les trous se mettent à chanter fort. La musique, elle est là, dans les trous, tout entière, écoute. » Je collai le carton contre son oreille et attendis. Il me dit alors avec un grand sourire: « oh oui, j’entends! »
Aussi, quand l’appareil photo s’est déclenché au fond de ma poche, il y a saisi tout ça, les autos, les bateaux, les chameaux, les tuyaux, les ciseaux, les poteaux, les couteaux, les bouleaux, les copeaux, les calots, des calots de verre, chinois et américains…

lundi 25 avril 2016


Issues


                                                           De la pointe du compas
                                                           La vie en balance
                                                           Tu cherches les issues

dimanche 24 avril 2016


Miniatures éphémères
Voyages extraordinaires

 
                                                                     En équilibre
                                                                  De fleur en fleur
                                                                    Ainsi va la vie



 
                                                                     Au mois d’Avril
                                                                Poissons et psilocybes
                                                                    Pour une escapade

 




                                                                       Aller voir
                                                                   Le long des failles
                                                                   Où la pierre gronde

samedi 23 avril 2016


Sept heures trente


Chaque matin à sept heures trente Marguerite apparait sur son balcon. Elle porte un kimono de soie rose bordé de fleurs, ses long cheveux blancs sont relevés en un chignon fait à la hâte tenu par un crayon à papier.
Au même instant, dans le parc, Pierre, le jardinier fait son inspection matinale. C’est un jeune homme un peu bourru à la main verte.
Marguerite s’avance, laisse glisser son kimono sur une épaule blanche, pose ses deux mains sur la rambarde, ferme les yeux,  et murmurant l’air de Lakmé, elle goûte la douceur du soleil et l’odeur des pins.
Alors Pierre s’arrête et fixe l’épaule dans la lumière en murmurant Love Me Tender…

vendredi 22 avril 2016


 Je lève mon verre...


                            Je lève mon verre à la santé des grands-mères
                            Je lève mon verre à la santé des éphémères
                            Je lève mon verre à la santé des infirmières
                            Je lève mon verre à la santé de celle dont l’anniversaire est le 8 janvier
                            Je lève mon verre à la santé de mon cordonnier
                            Je lève mon verre à la santé du petit dernier
                            Je lève mon verre à la santé des pompiers
                            Je lève mon verre à la santé de ceux  qui ont mal aux dents et qui  ne disent rien
                            Je lève mon verre à la santé de Nini peau chien
                            Je lève mon verre à la santé des moins que rien
                            Je lève mon verre à la santé des mérovingiens
                            Je lève mon verre à la santé de celui qui aime sans oser le dire
                            Je lève mon verre à la santé de l’oiseau lyre
                            Je lève mon verre à la santé de tous ceux qui me font rire
                            Je lève mon verre à la santé de ceux qui veulent partir
                            Je lève mon verre à la santé de la poule qui pond
                            Je lève mon verre à la santé de l’homme qui fond
                            Je lève mon verre à la santé de Chet Baker
                            Je lève mon verre à la santé de la poussière...

jeudi 21 avril 2016


Sacré Coeur

 
Je déjeunais avec deux vieux complices sur la terrasse de cet engageant bistrot au pied de la Butte Montmartre quand soudain j’aperçus cet homme derrière l’arbre. Etait-ce le passe-muraille à court de pouvoirs tentant désespérément de se cacher? Je vis alors qu’il écrivait. Je revenais à la réalité me réjouissant malgré tout de l’étrangeté de cette silhouette qui devait être en train de recopier un numéro de téléphone où une adresse en s’appuyant sur le tronc.
Je photographiai l’homme, tandis que mes camarades et les autres clients n’y prêtaient aucune attention.

 
Notre repas terminé nous nous sommes séparés heureux de ces chaleureuses retrouvailles.
Au moment de m’engouffrer dans la bouche de métro, je repensai à cet homme derrière l’arbre. Je réalisai que je n’avais à aucun moment vu de papier dans sa main. C’était sur l’arbre qu’il écrivait.
Aussitôt je revins sur mes pas. Qu’avait -il inscrit sur l’écorce?


Encore une fois, ce fut vraiment une belle journée…

mercredi 20 avril 2016


Une sensation de déjà vu


Antoine est arrivé il y a quelques jours. Il cherchait le calme, un ciel pour ses obsessions. Ses hôtes sont charmants, un couple âgé avec un léger accent britannique. Dans la maison blanche on boit le thé dans de la porcelaine de Sèvres, les serviettes de tables sont pliées en forme d’oiseau et une douce odeur de cannelle s’échappe de la cuisine.
Pourtant, au moment même où il descendait du train, Antoine eut cette sensation de déjà vu alors qu’il venait ici à Pornic pour la première fois. Les jours qui suivirent furent épuisant, tout lui semblait familier, jusqu’au son de ses pas sur le ponton de bois qui longe le port.  L’impression d’être passé là, au même endroit, à la même heure; alors il cherchait dans ses souvenirs, il puisait, sentait que quelque chose lui échappait, la migraine revenait, ainsi que cette ride profonde entre les deux yeux.
Il vient de s’endormir dans sa chambre au deuxième étage, assis sur un fauteuil de rotin. Il est pied nu, la tête légèrement penchée, le menton sur la poitrine. Son costume de lin clair est froissé, ses cheveux noirs en bataille. Sur ses genoux un livre ouvert, La Métamorphose de Kafka. Au pied du fauteuil est tombée une petite boussole au boitier de cuivre dont le verre s’est brisé.
Parfois Antoine tressaille, le livre glisse.
Dans son rêve ses hôtes sont ses parents qui crient tandis qu’il fuit sur le ponton de bois…

mardi 19 avril 2016


Chair à Canon


Rouffart ! Deuxième classe Rouffart !
Je me suis arrêté en Algérie, stoppé net par le sourire figé de mon ami Bernard troué de part en part.
Plaqué au sol, désespérant de ne pouvoir m’enfoncer au plus profond pour échapper aux balles.
Je sens encore le gravier s’incruster dans ma peau.
Bernard m’énonçait la recette du soufflé au crabe.
A chaque expédition, une recette pour évacuer la trouille.
Rompre les pinces très délicatement avec un casse noix afin d’en extraire la chair en un seul morceau.
Le coup de main pour battre les œufs en neige,  c’est important le coup de main…
Safran, curcuma, saupoudrer légèrement…
Bernard… troué au moment de la cuisson, le plus délicat pour un soufflé.
Cuits ! Cernés de toutes part d’hommes aux abois, assoiffés de pétrole, de cuivre et de zinc…
Métaux, pierres précieuses sont extraits à grands coups de boutoir et le vide comblé de chair humaine
Non !
C’est à Smolensk après des jours de marche dans la neige que j’ai dit non.
Blotti dans les entrailles dégoulinantes d’un cheval mort, je profitais d’un peu de chaleur avant que le sang ne se fige.
Il était pourtant beau mon costume de hussard : boutons dorés, cordon à l’épaule gauche, laine des Pyrénées, bonnet à poil qui m’obligeait à baisser la tête en passant les portes…
T’es beau mon grand, qu’elle me disait… J’étais le roi…
C’est le cœur qui reste chaud le plus longtemps, c’est gros un cœur de cheval…
Il paraît qu’on m’a récupéré en train de lui sucer le foi…
Non !
Au chemin des Dames, je n’étais plus qu’une motte de terre aux yeux écarquillés, immobile au fond d’un trou.
Qu’on m’oublie, mais qu’on m’oublie, je n’existe plus, je ne suis qu’une motte,  il n’y a rien, il n’y a personne dans ce trou, que de la boue, passez votre chemin…
Maurice Maury
Charles Paris
René Cublin
Désiré Henry
Lucien legrand
henry Guillard
gaston barret
Elie Coffinet
Non!
Y’a qu’à jouer aux cow-boys et aux indiens, à pour de faux, pour en rire et faire des pieds de nez aux officiers !
Je ne sais plus pourquoi je suis parti, qui j’étais, pourquoi je me suis battu, mais chaque nuit ce même rêve me sauve : je suis face à une multitude de paires de seins et moi, tout petit, je les palpe, je les caresse et je suis bien, mais bien…

dimanche 17 avril 2016


 Miniatures éphémères
Au Jardin


                                              Dans mon jardin, ni herbicide, ni pesticide...


samedi 16 avril 2016


Érosion


       Combien faudra-t-il de temps aux vents et aux pluies pour effacer la tendresse d’un geste?

vendredi 15 avril 2016


Théâtre


 Lucien était cheminot. Quand il a pris sa retraite, ça n'a pas été facile. Il tournait en rond. les bruits  lui manquaient, le grincement des essieux, les sifflements, les crissements des roues sur le rail. Il traînait autour des voies.
Un jour il est entré dans cette station désaffectée où la gare était devenue un théâtre. Il y a entendu la voix des poètes, les corps qui se frottent se cognent et s'enlacent, il y a entendu ses doutes et ses rêves, il y a ri, il y a pleuré, il y a rencontré des frères.
Alors il leur a raconté le rythme des trains, les barrières et les aiguillages et le manque est devenu poème...

jeudi 14 avril 2016


Non, non ma fille tu n'iras pas danser....


                                                                La télévision grésille
                                                     une jeune fille aux longs cheveux noirs
                                                             pleure sur les draps blancs

mercredi 13 avril 2016


La Tortue


Bastien mangeait silencieusement assis sur un billot de bois, une assiette en fer blanc sur les genoux, quand la tortue est entrée. Une tortue charbonnière à pattes rouges. Elle est passée par un trou dans la tôle rouillée et elle a traversé lentement la cabane évitant les détritus sur la terre battue. Alors Bastien a posé sa cuillère et lui a parlé, un flot continu, d’un bout à l’autre de la baraque.
« Ce matin j’ai trouvé un héron mort au pied de la citerne l’herbe est séche ça coupe je l’ai enterré derrière avec une pierre pour marquer l’endroit il va me falloir une nouvelle paire  de botte regarde comme la semelle est usée j’irais samedi chez Lu Lee j’aime bien aller chez Lu Lee elle chante dans mes oreilles j’ai aidé une vache à vêler hier soir il n’y avait pas de lune je peux rentrer les yeux fermés les herbes sont pas pareilles les yeux fermés je reconnais Lu Lee le veau était bien Patrick était content il m’a donné un couteau il coupe bien j’ai fait un dessin avec sur un noyau d’avocat je vais le planter peut être qu’il va pousser avec la forme j’ai changé deux piquets le long de la piste entre le pk10 et le pk11 je crois que c’est une voiture bourrée qui a dérapé fait gaffe quand tu traverse la piste j’aime bien courir dans les hautes herbes quand j’étais petit on m’y retrouvait pas j’ai la peau dure… »
 Arrivée à l’autre bout de la pièce la tortue est ressortie par un autre trou entre les plaques disjointes.
Alors Bastien s’est tu, a repris sa cuillère et s’est remis à manger, silencieusement…

mardi 12 avril 2016


Nosfératu


 Hors champ, l’homme debout dans sa barque regarde la ville épuisée. Aujourd’hui à Fontarabie les tambours ont résonné dans les ruelles, les hommes se sont gorgés de vin et les femmes ont dansé jusqu’au vertige.
L’homme attend la nuit, les canines frémissantes…

lundi 11 avril 2016


 Les Filets


C’est une photo de Sophie, ma compagne. C’était il y a quelques années sur le port de Saint Jean de Luz. Elle avait pris mon appareil pour une de ces compositions dont elle a le secret.
Quelques étés plus tard, nous visitons une exposition de Sebastiao Salgado à Urrugne, à quelques kilomètres de Saint Jean de Luz. Il y a la photo d’un marin endormi sur un tas de filets qui me  touche particulièrement. Cette image me fait penser à « La Sieste », ce tableau de Van Gogh où un couple de moissonneurs se repose au pied d’une meule de foin. Le même abandon, après l’épreuve.
Je me souviens avoir envoyé à Sophie dans notre jeunesse quelques mots doux au dos d’une reproduction de ce tableau.
Depuis quelques jours elle se remet d’une délicate opération. Tout va bien. Nous faisons la sieste.
Et je retrouve cette photo de filets pour laquelle j’avais écrit une histoire de marin rêveur dont je n’étais pas satisfait.
Je regarde la photo, les filets déchirés, les couleurs, et surtout le vert tendre de ces trois feuilles au centre, et j’ai seulement envie de parler de Sophie, de prononcer son nom…

                                                                                       (Photo Sophie Bernard-Carrive)

dimanche 10 avril 2016


Miniatures éphémères
Au creux de l'oreille


                                                 Jusqu’où ira-t-il pour lui dire son amour…
 Miniatures éphémères
Alcools

 
            Abstinent depuis trois mois, il vient de se réveiller en nage à l'instant où il allait sombrer...

 
                                                              Le chant des sirènes..





                                                            A deux, c'est plus facile...

samedi 9 avril 2016


Au 7ième étage


        Dans son petit studio de la rue Vauvenargues, Jocelyne caresse son chat en regardant le ciel...

vendredi 8 avril 2016


Le Gué


Il venait là au bord du gué pour observer les oiseaux, sarcelles d’hiver, nettes rousses, pygargues à queue blanche où faucons pèlerins. Il restait des heures à l’affût, les pieds dans la vase.
Un jour, il aperçut au bout de ses jumelles une jeune femme assise sur une pierre là où le chemin réapparaissait. Elle était blonde, de grands yeux bleus et le visage couvert de taches de rousseur. Elle dessinait au crayon sur un grand carnet. Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, il s’avança, de l’eau jusqu’à la taille, pour rejoindre l’autre rive. Trempé, les bottes pleines d’eau faisant floc, floc, il s’approcha de la jeune femme et lui demanda timidement ce qu’elle dessinait.
Elle le regarda stupéfaite, éclata de rire et lui montra son croquis.
Ils ne se sont plus quittés…

jeudi 7 avril 2016


Frémissements


Un battement d’ailes me sort de ma contemplation. Encore une fois je suis là tout au jour qui se lève dans un lieu que je découvre. En face ce sont les Grands Moulins de Corbeil. Les rides sur  l’eau, la forme du nuage, et je pense à ce frémissement utopique né place de la République qui se propage depuis quelques jours.
Je pense  aussi à cet homme des Moulins de Paris qui m’enseignait les gestes de son métier alors que  je devais interpréter  un boulanger pour une publicité. À la fin de la journée de tournage, il me confia, à moi le saltimbanque: « T’es un artiste, toi,  viens, j’aimerais te montrer quelque chose. » et il me conduisit dans un débarras et là, d’un carton , il sortit une quantité inimaginable de feuillets, une vie d’écriture, un poème pour chaque moment important de sa vie. Il me les offrait à lire, avec une extraordinaire naïveté, j’étais bouleversé.
Je pense à toutes les fois où je me suis levé à l’aube, ai parcouru des kilomètres, puis déchargé et monté mon décor avant de raconter aux enfants une histoire avec quelques marionnettes. Le poids des caisses et des marottes dans les bras, la légèreté du conte dans le coeur.
Je pense au vacarme des machines à l’intérieur des Moulins et, vu de l’autre berge, je les trouve beaux.
Je pense que ça va être une belle journée…

mercredi 6 avril 2016


M. Dhadha


Mardi matin à Champigny sur Marne. Qu’y a t-il derrière cette  triste façade? Une collection de jumelles et casquettes, une télé branchée en continu sur Equidia et un gamin sirotant un diabolo grenadine sur un cheval à bascule…
Ou bien des plumes d’autruche dans des douilles d’obus, un accordéon pendu au plafond, une carte en javanais et une brune avec un oeil de verre et une robe de papier dégustant un Blue Lagoon…
Où tout simplement un tyrosémiophile amoureux chantant une berceuse à une puxisardinophile en jarretelles…

mardi 5 avril 2016

Deux Totems

 
Au jardin du voyageur,  les totems veillent. Ils ont  dans la tête la mémoire des trains, dans les jambes le goût de la terre, et dans les bras le blanc de l’écume.

 
(Métal, bois pierres, dents, coquillages et ficelle. Les têtes viennent d’une voie désaffectée de Mennetou Salon, la langue du grand de Guyane, les dents du petit d’une tête de taureau trouvée dans une cave du quartier latin, les jambes d’une ancienne ferme de Travaillan dans le Vaucluse, les bois, pierres et coquilles des plages basques à l’ouest et d’Argeles à l’est, et la ficelle du BHV.)


lundi 4 avril 2016


 De l'autre coté


Il avait décidé que plus rien n’aurait d’importance, si ce n’est chaque fois d’aller voir ce qu’il y a de l’autre coté du virage…

dimanche 3 avril 2016


Miniatures Éphémères  
Au Bord des Gouffres


Au bord des gouffres, ne pas craindre d’y plonger le regard. Au bout des spirales, au fond de l’eau putride se cachent quelques blanches créatures. Attendre ensuite que les pétales se détachent, que monte la marée pour s’en aller vers d’autres îles.


samedi 2 avril 2016


La Pie


On l’appelle La Pie. Il est grand, gros, hirsute avec des mains immenses et les ongles noirs.
Il a une voix aiguë et ramasse tout ce qui brille. Avec du fil de chanvre, il en fait des mobiles qu’il accroche un peu partout. Le premier était au dessus de son lit, puis quand il n’y eut plus de place aux plafonds de sa petite maison, il les pendit aux arbres autour de chez lui, de plus en plus loin, en cercles concentriques.
Ses bizarreries et son aspect font un peu peur. Ici, à Cesseras en Minervois on l’aime bien mais on préfère se tenir à distance.
Alors La Pie se sent un peu seul. Il aimerait bien une copine. Il n’a jamais posé ses grandes mains sur qui que ce soit. La seule femme qui ne l’eut jamais touché ce n’est même pas sa mère, c’est l’infirmière du centre social. C’était doux.
Depuis quelques jours, il y a ces hollandais qui se sont installés au camping naturiste du Mas de Ligniéres. Ils ont l’air de beaucoup s’intéresser à ses suspensions, ils n’arrêtent pas d’en faire des photos.
la Pie les observe, de loin, caché dans l’ombre des arbres. Ils les regardent aller et venir, nus, autour de leur caravane. Souvent, ils se touchent, s’embrassent. La Pie aimerait bien être leur ami.
Aujourd’hui il a trouvé tout un lot de petits moules à gâteaux en métal rouillé. Il les a poncés minutieusement, poissons, poules, lapins, étoiles, et en a fait un joli mobile qu’il s’apprête à leur offrir…

vendredi 1 avril 2016


Jungle


Sur les rayons surchargés d’une librairie de quartier, je remarque un livre, Jungle de Miguel Bonnefoy. Un titre, et je sens déjà ce parfum si singulier de la forêt tropicale. Alors, forcément je l’ouvre et à la deuxième page de la préface je lis: « Toutes les pages d’une bibliothèque ne peuvent rien devant l’architecture d’une fleur ».
Oh oui, et pourtant c’est bien une phrase qui éclôt là sur mon chemin…