La Pie
On l’appelle La Pie. Il est grand, gros, hirsute avec des mains immenses et les ongles noirs.
Il a une voix aiguë et ramasse tout ce qui brille. Avec du fil de chanvre, il en fait des mobiles qu’il accroche un peu partout. Le premier était au dessus de son lit, puis quand il n’y eut plus de place aux plafonds de sa petite maison, il les pendit aux arbres autour de chez lui, de plus en plus loin, en cercles concentriques.
Ses bizarreries et son aspect font un peu peur. Ici, à Cesseras en Minervois on l’aime bien mais on préfère se tenir à distance.
Alors La Pie se sent un peu seul. Il aimerait bien une copine. Il n’a jamais posé ses grandes mains sur qui que ce soit. La seule femme qui ne l’eut jamais touché ce n’est même pas sa mère, c’est l’infirmière du centre social. C’était doux.
Depuis quelques jours, il y a ces hollandais qui se sont installés au camping naturiste du Mas de Ligniéres. Ils ont l’air de beaucoup s’intéresser à ses suspensions, ils n’arrêtent pas d’en faire des photos.
la Pie les observe, de loin, caché dans l’ombre des arbres. Ils les regardent aller et venir, nus, autour de leur caravane. Souvent, ils se touchent, s’embrassent. La Pie aimerait bien être leur ami.
Aujourd’hui il a trouvé tout un lot de petits moules à gâteaux en métal rouillé. Il les a poncés minutieusement, poissons, poules, lapins, étoiles, et en a fait un joli mobile qu’il s’apprête à leur offrir…
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