dimanche 31 mai 2020



Miniatures éphémères


 (Balloy, Seine-et-Marne, 29 mai, 17h 20)

Entre vigne et fenouil

samedi 30 mai 2020


Papaver somniferum
(Poème de déconfinement 6)


(Balloy, Seine-et-Marne, 29 mai, 12h 30)

Têtes de pavots somnifères que le vent a dévêtus
le petit peuple de l’ombre s’en va
essaimer sa joie au-delà des murs

vendredi 29 mai 2020



Ophrys abeille


(Ophrys abeille, Balloy, Seine-et-Marne, 19h)

Minuscule orchidée qui tient en son cœur
le vilain petit canard

jeudi 28 mai 2020


Un enfant


(Sur la route des Flambertins, Cespières, Yvelines, 16h 30)


Près la route des Flambertins
c’est un petit étang à hauteur d’enfant.
Je réponds aux grenouilles
posées sur les herbes flottantes.
Je suis ce gamin sur la pointe des pieds
le bras tendu vers la collection de sa maman,
des vases bleus sur une étagère trop haute,
un bleu de nuit, un bleu de rêve, un bleu de grands.
Un éclat dans l’étang,
l’enfant rit avec les crapauds.
Cet enfant, c’est celui des câlins et des bêtises,
des peurs et des désirs,
celui qui touche, qui goûte
et qui court toujours devant,
celui qui veut grandir
pour aller plus loin,
celui qui veut aller plus loin
pour grandir.

mercredi 27 mai 2020


Dans ses bras


(Forêt de Rambouillet, 22 mai, 15h 30)

Quand elle me prend dans ses bras
s’ouvre mon regard

Au-delà du parfum des grands pins
la saveur de la mer

mardi 26 mai 2020


Prescription


( Vaucresson, 23 mai, 17h 05)

Coquelourde
gouttes d’eau 
et araignée courge
éphémère équilibre
concentré de vie
à instiller dans le regard

lundi 25 mai 2020


J'ai voulu voir  Beaubec
(Poème de déconfinement 5)


(Lisors, Eure, 24 mai, 14h 30)

Il me fallait un nom pour un poème un peu con.
J’ai tracé sur une carte un cercle de 100km de rayon autour de ma maison.
J’ai regardé tous les noms de villes et villages.
Au sud il y avait Gland, au nord il y avait Beaubec-la-Rosière.
Le premier faisait sens, mais je trouvais le second plus élégant.
Alors j’ai écrit un poème titré Beaubec-la-Rosière, c’était vendredi.
Je ne savais pas à quoi ressemblait Beaubec-la-Rosière.
Alors dimanche j'ai voulu voir Beaubec et j’ai vu Beaubec.
Il y a la place de l’église, place de la Presle, avec l’église,
une allée d’arbres taillés au carré, un monument aux morts,
un obélisque surmonté d’un coq de bronze aux ailes ouvertes.
Beaubec est un petit village, il y a peu de noms inscrits sur la pierre.
Une plaque de marbre blanc  a été ajoutée au pied de l’obélisque,
pour les victimes civiles, deux noms y sont écrits.
Mr René Gosse et madame, morts le 2 septembre 1944.
Madame n’a pas droit à son prénom, pourquoi?
Jeannine Toudic décédée le 10 juin 1940, Toudic, un joli nom,
un nom qui dit quand on n’est pas d’accord, qui dit tout droit.
Comment est tombée Jeannine? Une balle perdue? Un toit qui s’écroule?
Quelque chose me dit que Jeannine Toudic a vécue libre
et s’en est allée libre.
C’est tout ce que j’ai vu à Beaubec,
la place de la Presle et quelques maisons de brique.
J’ai pensé à tous ceux qui sont morts ces derniers jours.
J’ai pensé aux médailles de pacotilles
que certains veulent épingler aux poitrines des infirmières
pour solde de tout compte.
Alors je suis allé marcher dans la forêt de Lyons,
prendre des nouvelles des grands arbres,
espérer croiser une biche ou un renard,
oublier un peu le monde des hommes.
Je me suis assis sur une large souche,
sous un jeune châtaignier
pour manger un bout de saucisson.
je me suis senti bien là, un peu con mais bien.
L’endroit n’avait rien d’extraordinaire,
il y avait juste ce qu’il fallait de soleil
pour éclairer sa banalité.
La souche était si large que la chute de l’arbre
avait du être fracassante, et maintenant tout était si calme.
Il ne restait de cet arbre qu’une souche
et une trouée dans le sous bois.
là, le silence était tel que je me suis dit
que c’était un bel endroit pour mourir.
Ce n’est pas que je voyais ma fin proche,
Oh, non, j’allais reprendre mon chemin
avec une couronne de feuille sur la tête,
de ces couronnes que l’on tisse enfant
avec des feuilles de châtaigner et quelques bouts de bois.
C’était simplement que là, dans cette banale clairière,
vie et mort étaient en parfaite harmonie.

dimanche 24 mai 2020


Miniatures éphémères


(Vaucresson, 7 mai, 18h 30)

Envoyés sur les roses


(Vaucresson, 21 mai, 16h)


(Vaucresson, 23 mai, 11h)

samedi 23 mai 2020


Beaubec-la-Rosière
(Poème de déconfinement 4)


(Vaucresson, 22 mai, 16h 30)

Le pic épeiche est dans le prunus
les mésanges dans le cerisier
la pie sur le bouleau
et moi à Beaubec-la-Rosière
à cent kilomètres à vol d’oiseau
cent kilomètres  du jardin
exactement

vendredi 22 mai 2020


Une reine
(Poème de déconfinement 3)


(Milon-la-Chapelle, Yvelines, 21 mai, 13h 20)

Il y a trop longtemps.
Il faut sortir, il faut courir, sur des sentiers sauvages, en compagnie d’inconnus.
Elle met sa plus belle robe, une robe d’été, une robe d’il y a longtemps, une robe mangée par les mites. La robe d’une première rencontre, oubliée dans un placard. Les mites se délectent des tissus imprégnés de sueur.
Le ventre tendu, la peau nue sous l’étoffe ajourée, elle va dans le sous bois.
Une reine.

jeudi 21 mai 2020


Sur un Nénuphar
(Poème de déconfinement 2)


(Étang de Saint-Cucufa, 20 mai, 20h 10)

Il était très vieux
il portait un masque bleu
on ne voyait que ses yeux
il marchait un peu penché
avec une béquille couverte de ruban adhésif
il s’est mis à genoux comme ça d’un coup
au bord de l'étang de Saint-Cucufa
il a arraché son masque
ses lèvres étaient sèches
il a plongé ses mains dans l’eau
les nuages ont tremblé
il s’est lavé le visage
puis il s’est envolé sur un nénuphar

mercredi 20 mai 2020


le 17
Un homme et une femme


(Douarnenez, Finistère, 16 septembre 2019)

Un homme et une femme. Caïn regarde distraitement le film de Claude Lelouch à la télévision. Il est avachi dans un fauteuil récemment refait. Le tissu est coloré de vif, trop vif à son goût. C’est Adèle qui a choisi la couleur. Deux fauteuils refaits de neuf. Le deuxième est vide. Adèle est partie il y a deux jours, le 17 mai. Elle n’a rien pris, elle est parti définitivement après deux mois de tête à tête et une énième dispute. À bout il a voulu la gifler, elle s’est écartée, il a cassé un carreau. Une gifle! C’était la première fois, c’est impardonnable, il est d’accord, il l’a regardée partir.
Un courant d’air passe par la vitre brisée, le cendrier est plein, un parfum de terre humide se mêle à l’odeur de tabac froid. Caïn à envie d’un cigare, comme ceux que Jean-Louis Trintignant fume à longueur de film. Plus de cigarettes, rien à fumer dans la maison, trop tard pour sortir. Caïn s’affaisse un peu plus dans le joli fauteuil. Décidément il n’aime pas ce tissu, trop de rouge. Il recouvre le deuxième fauteuil d’un journal qui traine à ses pieds, un journal plein de mauvaises nouvelles qu’il n’a pas eu le courage de lire jusqu’au bout. Il préfère l’absurdité du papier aux couleurs criardes du fauteuil vide.
Soudain une séquence attire son attention. Jean-Louis Trintignant parle de son métier à Anouk Aimée. Pilote de course automobile. Il dit qu’il n’y a jamais de numéro 13 sur les voitures, il ne faut pas tenter le mauvais sort. Le 17 aussi est un mauvais numéro pour les coureurs rajoute-t-il. Le 17!  Caïn réalise qu’au cours de ses dernières déambulations, plusieurs fois il s’est arrêté devant des façades de maisons qui toutes portaient le numéro 17. Des façades qu’il admirait en disant naïvement à Adèle: Regarde, elle a quelque chose cette maison… Adèle se moquait de lui sans comprendre ce qui attirait Caïn. Lui même ne comprenait pas trop, c’était juste qu’il y avait quelque chose. 17. C’était peut-être ça, un pressentiment.  Il n’est pas question ici de voiture,  Adèle est partie à pied,  mais c'était le 17 mai.
Adèle et Caïn se sont connus à Douarnenez il y a quelques années dans un bistrot nommé L’Abri de la Tempête. Il pleuvait des cordes, Caïn trempé s’était réfugié dans le troquet étroit, l’eau accumulée sur les rebords de son chapeau avait coulé dans le cou d’Adèle qui venait à peine d’entrer. Leur histoire avait commencé sur un malentendu, une douche froide. Ils connurent d’intenses moments de bonheur avant que les querelles ne deviennent récurrentes.
Passion, oui, possession, non. Ni l’un ni l’autre n’étaient capables des concessions que réclame la vie commune. On s’aime, on s’engueule, on se rabiboche. Adèle travaillait dans un laboratoire médical, elle faisait des claquettes pour décompresser. Caïn était photographe, toujours dehors, en ballade. Quand il ne pouvait sortir il écoutait du hard rock. Voilà deux mois que Deep Purple in Rock tournait en boucle sur la platine. Adèle détestait le hard rock. Caïn ne supportait pas le bruit des fers sur le plancher chaque soir à dix huit heures. Des chevaux dans la maison, criait-il.  Tant d’autres désaccords, culinaires, ménagers, politiques…C’est à se demander comment leur union tenait. Question de phéromones sans doute.
Cette automne, ils étaient retournés à Douarnenez. Une sorte de pèlerinage après une dispute un peu plus violente que d’habitude. Caïn aurait du s’inquiéter, leurs disputes montaient chaque fois d’un cran. Mais curieusement on s’habitue à ça aussi, peut-être y avait-il même un certain plaisir nécessaire à leur passion. Le bistrot était fermé, la façade décrépie. Caïn l’avait photographié, puis il étaient allés s’aimer un jour entier à la Sardine Joyeuse, un petit hôtel tenue par  une plantureuse bretonne qui avait l’art de la mise en boite.
Caïn n’attend pas la fin du film. Il va chercher la photo. Il aime ces façades délabrées. l’Abri de la Tempête. Joli nom. Numéro 34. Merde, 2X17, ça fait 34. La photo date du 16 septembre, merde la veille du 17.
Caïn est revenu dans le fauteuil, il regarde la télévision éteinte, il s’enfonce de plus en plus dans le fauteuil, il regarde l’autre fauteuil plus vide que jamais, il enlève le journal, le fauteuil est encore plus vide, c’est inimaginable ce qu’il est vide. Caïn parle au fauteuil vide: Dis moi quelque chose, quelque chose de doux, quelque chose sans chiffre, parle moi de ce qui ne se compte pas, ce qui ne se mesure pas, existe-t-il quelque chose qui ne se mesure pas?
Caïn regarde le fauteuil avec le regard d’un poisson qui manque d’air. Il se dit qu’il va falloir aller chercher Adèle, elle doit être chez sa sœur à Dunkerque.
Au moment où il se lève, le fauteuil répond, une voix de velours: Ta voiture est immatriculée DS 217 GG, à ta place je ne prendrais pas la route maintenant.

mardi 19 mai 2020


L'accordéon


(Vaucresson, 15 mai, 8H 45)

C’était cette nuit. J’étais en compagnie d’une comédienne, une jeune femme grande, mince. Je ne me souviens ni de son nom ni de son visage. Sa silhouette  m’était familière. Nous avions trouvé un vieil accordéon et à ma grande stupeur j’étais capable d’en jouer avec virtuosité. Aussitôt j’imaginai la possibilité d’un spectacle. Je serais caché dans un cercueil  jouant les premières notes d’un chant traditionnel roumain. La jeune femme chanterait face public la main posée sur le cercueil de bois quand soudain une tête jaillirait, ma tête à l’envers, deux yeux dessinés sur le menton. Cette tête est le personnage d’un spectacle joué il y a une vingtaine d’années, un personnage qui n’a d’autre outil que son visage, une bouche énorme dont s’échappe une joyeuse logorrhée.
C’est au moment où je commençais à réfléchir aux moyens techniques de ce jaillissement que je me rendis compte qu’il s’agissait d’un rêve. Je n’ai jamais joué d’accordéon, n’en jouerai jamais et les théâtres ne sont pas prêts de rouvrir. J’étais terriblement déçu.
Il m’arrive souvent de rêver à des situations dans lesquelles je suis en danger; chaque fois au moment fatidique la conscience du rêve m’ôte toute peur et je me réveille sauvé et joyeux.  Sans doute est-ce là un signe de mon optimisme. Mais là, la conscience me provoquait une cruelle déception tandis que le rêve était heureux et sans danger. Serait-ce la montée d’un certain pessimisme?
C’est la question que je me pose ce matin en cherchant une photo à joindre à ce récit.
Ors la première image qui se présente est celle de ma cabane au fond du jardin, la cabane où s’entassent outils et bois flottés, une cabane à rêver de lointains.
Je vais  aller voir si dans tout ce fatras il n’y aurait pas un vieil accordéon pour accompagner mes histoires…

lundi 18 mai 2020


Poème de déconfinement


(Feucherolles, Yvelines, 16h 45)

Une ligne de fuite
l’odeur du foin
et une note écrite au crayon
dans un livre de Richard Brautigan:
16 décembre
l’hôtesse de l’air sent bon

dimanche 17 mai 2020


Miniatures éphémères


(Vaucresson, 16 avril, 10h 45)

Les yeux dans les yeux
ou
Le regard de la punaise

samedi 16 mai 2020


Viens ici...


(Forêt de Marly, Yvelines, 11 mai, 17h)

C’était notre première sortie depuis deux mois au delà du kilomètre autorisé jusqu’alors.
Quelle joie de marcher sous les grands arbres! Les premières personnes que nous avons croisées furent une jeune femme avec son fils. Le petit garçon courait après une balle de caoutchouc à picots qu’il venait de lancer en criant: Viens  ici Coronavirus!

vendredi 15 mai 2020


Le Python Cornu


 (Vaucresson, 8 mai, 18h 45)

Depuis deux mois le jardin se peuple d’étranges créatures. Ici le Python Cornu ( bois flotté et pâquerettes vernis). Il se nourrit de bobards qu’il chie en petites crottes fleuries.


jeudi 14 mai 2020


Un rayon de soleil


(Les Vaux-de-Cernay, Yvelines, 13 mai, 16h 45)

Un rayon de soleil sur deux arbres tombés dans le vert tendre du printemps, côte à côte.
Je me souviens d’un fait divers: deux vieux  qui s’aimait depuis toujours croupissaient dans une maison de retraite. Ils voyaient leurs facultés décliner et leurs libertés se restreindre. Un jour ils ont décidé d’en finir, ensemble. Ils se sont enfuis un matin de printemps. Ils ont marché dans l’aube fraiche le long d’une voie ferrée qui courait dans la campagne. Ils ont marché jusqu’à ce que le soleil caresse leurs têtes blanches, jusqu’à ce que le soleil éclaire leurs regards amoureux. Ils ont marché jusqu’à ce que  passe un train dans le matin pâle.

mercredi 13 mai 2020


L'arbre du Japon


(Vaucresson, 13 mai, 18h 45)

Une robe qui tourne au vent
un visage qui prend la lumière
la vie qui coule rouge sur les branches
une fleur dans les cheveux
les cheveux en bataille
le bruissement des feuilles
les pieds nus sur l’herbe humide
le frisson, la chair de poule
l’attente, assis sur la pierre
un soupir, un sourire, un battement de cil
une histoire d’amour
au centre du jardin, au pied de l’arbre
l’arbre rouge, l’arbre du japon
un arbre de vingt ans qui sait se faire remarquer
un arbre  sous lequel viennent lire
les amants vieillissant

mardi 12 mai 2020


Sur le bord d'une feuille


(Feuilles de glycine, Vaucresson, 10 mai, 16h)

Je me suis arrêté sur le bord d’une feuille,
comme on s’arrête sur le bord de la route,
perdu dans le paysage, incapable de choisir un chemin,
la peau frémissante au vent du nord.
À force de regarder, j’en vis d’autres hésitant sur les talus.
Nous nous observions les uns les autres,
sur le bord des feuilles frémissantes au vent du nord.

lundi 11 mai 2020


Le Pavot de Californie


(Vaucresson, 7 mai, 18h 20)

Quelques reflets oranges au pied de la tige
les derniers pétales sont tombés
Degas et  Giacometti se retrouvent au paradis
pour vanter la grâce du pavot de Californie

dimanche 10 mai 2020

samedi 9 mai 2020


Le nom des insectes et des fleurs


La richesse inestimable d’un carré d’herbes folles vaut mieux que toutes les belles paroles.
Céanothe
Arum
Tipule tigre
Pachyrhinus-Lethierry (Son identification m’a pris du temps, j’hésitais entre un Polydrusus Pterygomalis ou un Phyllobius Roboretanus avant d’en trouver le juste nom)
Cétoine punaise
Drap mortuaire
Hanneton des roses
La beauté des formes et des couleurs, la beauté des noms.
Cruauté et douceur.
Les noms d’insectes et de fleurs mis bout à bout raconte le monde mieux que tout.



(Vaucresson,  Tipule tigre ou 
Nephrotoma crocata sur  Céanothe, 6 mai , 11h 40)


(Vaucresson, Pachyrhinus- Lethierry sur feuille morte de Tulipe, 7 mai 11h 55)


(Vaucresson, Cétoine punaise ou Valgus hemipterus sur Céanothe, 9 mai, 12h 05)


(Vaucresson, Cétoine grise ou Drap mortuaire sur Arum, 9 mai, 16h 20)


(Vaucresson, Cétoine dorée ou Hanneton des roses sur Arum, 9 mai, 17h 20)

vendredi 8 mai 2020


Vive les escargots!


(Escargot sur feuille d’Arum, Vaucresson, 7 mai, 18h 30)

Nos voisins ont trois enfants de deux, quatre et six ans, trois petits qui depuis deux mois jouent et babillent dans leur jardin séparé du notre par un grillage posé sur un muret branlant. Parfois l’un d’eux passe sa menotte à travers la grille pour nous offrir une pâquerette. Ils ont été l’une des joies de cette étrange période.
Combien de fois ai-je entendu l’un où l’autre crier: Un escargot, un escargot, regarde, y a un escargot!
Ah, les escargots! Nous aussi  il y a longtemps nous nous exclamions. À quatre pattes dans l’herbe nous pariions quelques bonbons sur de nonchalants gastéropodes lors de courses incertaines.
Qu’il soit de Bourgogne ou de Quimper, de jardin ou d’eau douce, petit gris ou limnée, l’escargot est un animal fort sympathique. Il prend son temps, il est le seul à décider quand sortir, il ne recule jamais, il sait se protéger de toute déshydratation, son hermaphrodisme lui confère une grande ouverture d’esprit,  sa coquille en spirale est le signe d’un riche monde intérieur.
Alors vive les escargots!
Je rajouterais qu’au beurre d’ail, c’est pas mal non plus…

jeudi 7 mai 2020


Le Corona Véloce


(Vaucresson, 17h 10)

Galet
ficelles
Bois flottés
os de poisson
plumes de poules
roue de vélo d’enfant
et la joie de faire des trucs qui ne servent à rien 
avec des trucs  qui ne servaient déjà plus à rien ramassés un peu partout.

mercredi 6 mai 2020


Cinquante et unième jour


(Vaucresson, 3 mai, 18h 30)

Au cinquante et unième jour
j’ai vu passer
deux hirondelles
au dessus d’un dragon chinois

mardi 5 mai 2020


Miniatures éphémères
Variations sur feuilles mortes


Ce matin
je suis comme un gamin
qui ne supporte plus ce que disent les grandes personnes.
Pour ne pas tout casser,
je file au jardin avec mes jouets,
je trouve mon bonheur 
dans quelques feuilles mortes,
pas très loin
de la maison de mon grand-père.

 
(Vaucresson, 10h 37)

La nacelle


 
(Vaucresson, 10h 57)

Miscellanées


(Vaucresson, 11h 07)

Sur la queue du chien

lundi 4 mai 2020


Ruine-de-Rome


(Vaucresson, 3 mai, 17h 50)

Un vieux mur au fond du jardin.
 Un rayon de soleil sur les fleurs minuscules.
Cymbalaria muralis ou Cymbalaire des murs.
Un bal masqué sur un monde branlant.
Ces fleurs sont aussi nommées
Ruines-de-Rome…


dimanche 3 mai 2020


Miniatures éphémères


(Vaucresson, 15 avril, 16h 40)

Dans la gueule du loup

samedi 2 mai 2020


Tout ce qui n'est pas permis


 (Vaucresson, 12h)

C’est une belle journée, une journée pour les abeilles et les oiseaux.
Au delà des grands arbres, la lumière et le relief nuancent les verts de la prairie qui s’étend à perte de vue.
Un couple s’avance dans l’herbe haute, vêtus de dimanche, blanc et noir, frac et dentelles.
Ils s’arrêtent là où chante l’oiseau, là où se dévoile le paysage.
L’homme prend  délicatement la main de la femme, il effleure du bout du nez le creux au bas du pouce à la naissance du poignet, il est saisi par le parfum de muguet, un parfum qui le fait devenir un enfant à la merci de son insouciance.
Alors la femme aussi respire le poignet de l’homme au creux où l’on prise le tabac. Elle reconnait le parfum puissant du fumoir interdit aux femmes.
Elle regarde l’homme intensément, puis regarde l’horizon. Désormais nous ferons tout ce qui n’est pas permis dit-elle.
L’homme répond: Oui, de toute façon nous ne risquons rien, tout cela n’est qu’un rêve!

vendredi 1 mai 2020


1er mai 2020


(Vaucresson, 1er mai, 14h45)

Quoi de plus banal 
qu’un brin de muguet le premier mai,
qu’une main serrée au petit matin,
que de se retrouver sur le pas de la porte?
Ce matin la rue est déserte,
les rideaux sont baissés
les vendeurs de muguet sont absents,
il n’ y a ni fleurs ni croissants.
On est descendu au jardin,
on a regardé
le muguet dans l’herbe mouillée,
on est remontés
on a rallumé la cheminée,
on s’est embrassés.