lundi 31 mai 2021

 

En ouvrant les volets

(Viennay, Deux-Sèvres, 17 mai, 6h 45)

Les murs gris

les camions sur la route

les voisins fantômes

le linge qui ne sèche pas

Il se dit que la vie ne vaudrait rien

s’il n’y avait le soleil à l’est

et le coq de Lucien

dimanche 30 mai 2021


Miniatures éphémères

(Parthenay, 28 mai, 19h 05)

Dans la galaxie du Pentatome italien

(ou Punaise arlequin, ou Graphosome rayé) 

samedi 29 mai 2021


l'œil de l'iris

(Pougne-Hérisson, Deux-Sèvres, 22 mai, 15h 40)

Dans l’œil de l’Iris

la promesse

d’une folle saison 

vendredi 28 mai 2021


Sous l'escalier

(Parthenay 28 mai, 21h 40)

Oubliée sous l’escalier

détachée du buste

posé là à quelques pas

dans l’obscurité du réduit

elle écoute chaque  pas  sur les marches

elle attend celui qui lui rendra son corps

jeudi 27 mai 2021


Un peu de pluie sur la mariée


( Cercope sanguin - Cercopis vulnerata - sur iris blanc, 

Pougne-Hérisson, Deux-sèvres, 22 mai, 15h 30)


De l’iris blanc perlaient quelques souvenirs.

J’ai vu l’œil de l’homme à bretelles penché sur la fleur.

Un œil plein d’eau, de soleil et d’oiseaux.

Un peu de pluie sur la mariée, une goutte de sang sur ses chaussures, du sable dans les ourlets,

nous nous sommes tant aimés, m’a-t-il dit.

Il ne savait plus son nom, il ne savait plus où, ni comment,

seulement la pluie, le sang et le sable,

et une joie immense. 

mercredi 26 mai 2021


Un bout d'enfance

(Parthenay, 22 mai, 11h 25)

Pour quelques pièces

j’ai retourné mes poches

j’y ai retrouvé un bout d’enfance

à déguster en société 

mardi 25 mai 2021


Des amis 

(Parthenay, 23 mai, 22h 30)

Les arbres aux remparts les grenouilles aux nénuphars

Savait leur parler mais pas les hommes aux maisons

Trop boiteux qu’il était le cœur en papillote

L’est passé  porte de l’Horloge au dessus du Thouet

L’est entré dans la nuit pour se faire des amis

lundi 24 mai 2021


Miniatures éphémères

(Pougne-Hérisson, Deux-Sèvres, 22 mai,15h 15)

Le passager de la pluie 

dimanche 23 mai 2021


Miniatures éphémères

(Le Nombril du Monde, Pougne-Hérisson, Deux-Sèvres, 22 mai, 13h 35)

Pause

sur le Nombril du Monde 

samedi 22 mai 2021

 

Conversation avec le  Bouddha

(Parthenay, 11h 30)

Il a fait une longue route.

Il arrive dans la ville au petit matin.

Il n’y a personne pour lui indiquer le chemin.

Il ne trouve qu’un Bouddha  de plâtre à qui se confier.

Il sait qu’il va lui falloir du temps pour comprendre la ville.






vendredi 21 mai 2021


Autoportrait du moment 

(Pavot de Californie, Parthenay,19h 30)

Voici une photo de mon âme

après avoir perdu quelques pétales

jeudi 20 mai 2021


Regard

(Parthenay, Deux-Sèvres, 19 mai, 20h15)

Assis sur un banc au centre d’une terrasse fleurie,

il attend à l’ombre des ramparts.

Il regarde les façades des maisons tournées vers l’ouest.

Les maisons de ses amis, les maisons de la ville où il a grandi.

Il guette le premier qui ira à sa fenêtre voir se coucher le soleil.

Il guette son regard, alors bien plus beau que le crépuscule. 

mercredi 19 mai 2021


Le ciel de Parthenay

(Parthenay, Deux-Sèvres, 20h 20)

C’était un homme de la pluie et du vent

on venait d’ouvrir les terrasses

ils avaient trinqué il avait dit santé

pour mon enterrement je veux

le ciel de Parthenay

la mer sur la canopée

des chevaux sauvages

une guitare électrique

et l’œil de l’arrière grand-père

puis il était reparti titubant

cueillir des tétons de Vénus

sur les vieux murs 

mardi 18 mai 2021


Le dernier 

(Parthenay, Deux-Sèvres, 21h 20)

Le soleil s’est arrêté sur le clocher

la ville est déserte et de guingois

il en reste un qui grimpe sur le pavé humide

un homme qui va remplir son seau

tout en haut

lundi 17 mai 2021


Les vieux arbres

(Parthenay, Deux-Sèvres, 13h 15)

On construit des châteaux forts pour que les vieux arbres dansent sur les ramparts 

dimanche 16 mai 2021


Miniatures éphémères

(Vaucresson, 7 mai, 10h 55)

Divagations d’un représentant de commerce 

samedi 15 mai 2021


C'est si simple

(Forêt de Rambouillet, 14h 50)

l’herbe avec l’arbre

l’arbre avec l’eau

l’eau avec le ciel

le ciel au dessus

c’est si simple

et pourtant… 

vendredi 14 mai 2021


La Nuit/1 

(Orval, Belgique, 8 mai, 21h 30) 

Il y a ce moment où la nuit qui vient interrompt la lecture d’un livre.

À la fin d’une phrase, d’un chapitre, on pose le livre ouvert côté pages contre la table pour être sûr de ne pas perdre le fil. 

Avant d’allumer la lumière, on va à la fenêtre, on regarde le ciel. 

S’il est en accord avec les mots qui viennent d’être lus, ceux-ci gonflent, s’envolent, prennent leur place entre les nuages, et font paysage. Alors on s’attarde, on laisse agir la phrase jusqu’à ce qu’il fasse noir. 

Si dehors ne vaut rien en regard des derniers mots, on allume la lumière sans attendre, le livre à la main, avant de reprendre la lecture avec gourmandise.

Ce soir, je suis à la page 88 d’un livre vers lequel je reviens souvent, Le Livre des Étreintes de Eduardo Galeano:

La Nuit/1

Je n’arrive pas à dormir. J’ai une femme en travers des paupières. Si je pouvais, je lui dirais de partir, mais j’ai une femme en travers de la gorge.

jeudi 13 mai 2021


L'orage

(Vaucresson, 18h 20)

Au premier coup de tonnerre, elle sut qu’elle était trop loin de chez elle. Que le ciel se perce et se déverse, sa course de tortue nonagénaire ne la mettrait jamais à l’abri. Alors elle s’est assise sur  un banc face aux genets éclatants, elle a fermé sa veste jusqu’au col et le dos droit comme un i, le visage offert aux premières gouttes, elle a écouté l’orage.

Poussé par des vents d’ouest celui-ci tournait autour d’elle comme un grand fauve, elle frissonnait, elle attendait l’assaut, elle était au centre, et plus elle était attentive et offerte, plus elle avait la certitude d’être épargnée. Elle se sentait profondément vivante. 

mercredi 12 mai 2021


Mr. Pierre

(Vaucresson, 11 mai, 19h)

C’est un homme sans âge qui va un mouchoir à la main.

On le dit confus, perché, siphonné, un peu zinzin.

C’est qu’il a dans la tête une cascade de glycine

où les mésanges aiment se cacher pour leur déjeuner. 

mardi 11 mai 2021


Une cane

(Marnes-la-Coquette, 4 mai, 18h 05)

Sur le vieil étang

une cane se repose

douce insouciance 

lundi 10 mai 2021


Aurore boréale

(Abbaye d’Orval, 8 mai, 19h10)

C’est un songe au couchant

devant deux petites fenêtres

et une vigne vierge

sur un mur de grès jaune.

Le foyer au centre de la tente,

la fumée qui s’élève

par le trou entre les perches,

le manteau de peau

posé sur un banc, 

la main qui tourne le bouillon

dans la marmite de fer blanc,

l’enfant sur le dos  d’un renne,

son bonnet à pointes,

l’homme qui vient au loin,

chargé d’une bête,

la longue trace des skis,

et l’aurore, aurore boréale,

les feux du renard,

ce que dit la légende,

la poussière lancée dans le ciel

par la queue du renard polaire

qui court sur la neige.

C’est le songe au couchant

d’un vieux moine

qui suit la migration des rennes

sur la piste d’une vigne

le long d’un mur 

qu’il regarde chaque jour

depuis qu’il a prononcé

ses vœux perpétuels.

 

dimanche 9 mai 2021


Miniatures éphémères

(Abbaye d’Orval, Belgique, 7h 40)

Conversation matinale avec la Cymbalaire des murs 

samedi 8 mai 2021


Les martinets


(Abbaye d’Orval, Belgique, 20h 55)

Portés par le vent du sud

les martinets sont arrivés

une caresse sur le visage 

vendredi 7 mai 2021


Petit détour

(Sur la D 980 entre Berru et Epoye, Marne, 16h 05)

Pour aller en Belgique

suis passé par le Texas 

jeudi 6 mai 2021


À la proue des grands pins

(Forêt de Rambouillet, 5 mai, 14h 05)

J’ai vu là à la proue des grands pins

un homme fatigué  pensées roulées

comme une fougère naissante

chagrins cachés dans un mouchoir noué

tête oscillant au gré du vent

pieds plantés dans l’herbe sèche

un homme fatigué qui attendait 

qu’un navire l’emporte au bal des pompiers 

mercredi 5 mai 2021


Là ou tu es venu

(Forêt de Rambouillet, 14h 40)

Reviens là où tu es venu, il y a toujours quelque chose à voir que tu n’as pas vu.

Ce pourrait être une phrase de détective, ou d’archéologue.

Non. C’est celle d’un raconteur d’histoires, d’un amoureux,

fidèle aux arbres et aux étangs, qui revient là au printemps.

Il ne cherche rien, il prend ce qu’on lui donne,

un brin de ciel tombé dans l’eau, une mésange à l’envers,

une flaque de lumière qui fait battre son cœur. 

mardi 4 mai 2021


On se dit...

(Marnes-la-Coquette, 18h)

À six heures je suis allé au bord de l’eau pour regarder le ciel et les oiseaux.

Il y a quelques jours Thomas Pesquet s’est envolé pour l’espace.

On en a beaucoup parlé. Sans doute avons nous besoin de voir loin, besoin de rêves et de héros.

Plus que tout, ce sont quelques mots à la radio, ou plutôt la façon de les dire qui m’ont bouleversé. Deux secondes à peine, quelques mots de son frère, quelques mots contenus, presque étouffés, d’une infinie pudeur.

À la question du journaliste sur leur dernière conversation téléphonique avant le départ, le frère de l’astronaute répond: « On se dit à bientôt, on se dit bon voyage, rapporte nous de belles photos, on blague un peu, on se dit…qu’on s’aime…. on se dit… »

Il y avait ce  « qu’on s’aime » glissé furtivement, un ton plus bas, presque chuchoté, mais bien là, chargé d’autant d’amour fraternel que de pudeur.

C’est cela que je retiens de ce départ, et non le panache de la fusée qui s’élève, la discrète façon de dire l’essentiel, qui en dit tant sur ce que nous sommes. 

lundi 3 mai 2021


De l'amour

(Vaucresson, 2 mai, 8h 55)

On nous apprend la fleur

racines, bulbe, gaine, feuilles, tige, calice, nectar, réceptacle, sépale, androcée, pollen, gynécée, style, stigmate, pétale, corolle…

On nous apprend l’eau

un atome d’hydrogène pour deux atomes d’oxygène, état solide, liquide ou gazeux, sels minéraux, oligo-éléments…

De l’amour on nous dit peu de choses

quelques proverbes, des histoires et des chansons, rien sur sa composition…

Je crois que l’amour est fait de fleur et de rosée. 

dimanche 2 mai 2021

samedi 1 mai 2021


Iris

(Vaucresson, 19h 20)

Elle attendait d’être déconfinée

pour déplier sa robe de soirée