mardi 31 janvier 2017


Pestacle 


Ce matin, Nasser, Moussa, Rachid, Samira, Kevin, Shaima, Jennifer, Abou,  et Labiba  sont arrivés à l’heure. L’école est au pied des immeubles, mais les réveils sont souvent difficiles, les nuits trop courtes pour ces petits bouts. Aujourd’hui, il y a « pestacle », alors on a fait fissa. Il n’y a que  Dylan qui est parti en chouinant, lui il n’aime pas les « pestacles », il a peur.
Le monsieur du spectacle, ou monsieur des marionnettes, c’est moi. J’ai eu du mal à me lever, mais je suis là, en avance, le temps de faire quelques images.
Dès que j’ai commencé à parler, Dylan a cessé de chouiner et ne m’a plus quitté des yeux.
Pendant la représentation, j’ai eu quelques soucis techniques mais personne n’a rien vu. Tout le monde était ravi, enfants et adultes. Les imprévus évitent de ronronner.
Après le spectacle une petite fille m’a dit  « t’es beau monsieur », tandis qu’un gamin de trois ans  venait se coller à moi puis me tapotait avec sa petite main, comme s’il voulait s’assurer que j’existais vraiment. Alors oui, je peux dire qu’à cet instant précis, j’existais, pour de vrai.

(Bayonne)

lundi 30 janvier 2017


Un cheveu sur la langue


 Il a un cheveu sur la langue et un poil dans la main. Il parle le moins possible, se tient à l’écart et garde les yeux baissés. Ce n’est pas de la peur ou de la honte, non, c’est simplement qu’il observe tout ce qui est au sol. Là est son bonheur.

dimanche 29 janvier 2017


Miniatures éphémères
Les chasseurs de peine


 
Ne méprisons pas les lichens
C'est là que vivent les chasseurs de peine


samedi 28 janvier 2017


Une Chaise


Aucun rendez-vous ce soir
Mais une chaise
En attendant la nuit

(Hendaye)

vendredi 27 janvier 2017


Une Antenne et quelques Étoiles


Tiens, il n’ont pas pris l’antenne, se dit Franck, allongé sur son lit. C’est tout ce qui reste, le lit, sous le Velux givré. Les huissiers viennent de partir. la dernière chose qu’ils ont emmenée, c’est la télé. De toute façon, il s’en fout. Les dernières images lui donnaient la nausée: un président grimaçant avec un nom qui sonne comme un pet, un candidat à la présidence qui tente de justifier l’indécent salaire de sa femme qui n’a d’autre fonction que d’être sa femme, des politiciens incapables de donner des chiffres sans les manipuler, des jeux à la con, des publicités à tout bout de champ, bref, sans regrets. Ou peut-être un seul, l’émission sur les bouquins, la Grande Librairie, il aimait bien ça. Surtout qu’ils ont aussi embarqué sa bibliothèque avec tous ses beaux livres reliés.
Bon, il reste le lit, l’antenne, et…. Franck regarde le ciel sans bouger. C’est beau ces étoiles de givre, se dit-il. Un instant il se demande combien il y a d’étoiles sur le drapeau des États Unis d’Amérique, puis il se souvient de Jimi Hendrix jouant l’hymne américain à Woodstock.
Alors il se dit qu’il y a deux possibilités: soit il continue de regarder les étoiles et toutes ces petites choses merveilleuses qui ne coûtent rien, soit il fait la révolution…

(Vaucresson, 21 janvier)

jeudi 26 janvier 2017


Les Pages Cornées


Il a ses petites manies. Quand dans un livre une phrase lui plait, il la lit à voix haute, n’hésitant pas à déranger ceux qui sont à ses côtés. Il voudrait tellement que tout le monde en profite. Comme celle ci, lue dans le Livre de Yaak de Rick Bass: « Je crois qu’il se trame sans cesse une alliance entre ces deux choses: ce qui est présent en nous et ce qui, en nous, est absent. »
S’il est seul, il la lit quand même à haute voix, plusieurs fois. Puis il corne la page. Tant de livres, tant de petites cornes.
Avec  les instants et  les paysages, c’est pareil. Il ne peut s’empêcher de  faire un petit mmmm ou dire à voix haute « regarde! », qu’il y ait quelqu’un en sa compagnie ou non.  Et la petite corne se fait toute seule dans sa mémoire. Comme cette fois où il vit un tatou géant traverser sous son nez une piste de latérite au fin fond de la forêt guyanaise. Tant de paysages, de visages, de moments, tant de petites cornes.
Il est comme un enfant qui pointe du doigt toute nouveauté. Puissent ces petites cornes résister au grand âge.

(Hendaye, 14 janvier)

mercredi 25 janvier 2017


Sur la crête de Buros


Givre et montagnes
 son cœur est au chaud 
cuir laine et coton 
le froid caresse 
son histoire apparait 
posée à l’aquarelle
 Sur la crête de Buros
 il lance en murmurant
 le prénom de son aimée 
vers le pic du Midi d’Ossau 
au centre du paysage

mardi 24 janvier 2017



Les Vagues



 Ils se tiennent à distance. Le fils, la mère, le père. De toute façon, on ne s’entendrait pas. Le vent et la mer savent laisser libre cours à leur rage, eux non. Le fils retient dans sa gorge nouée sa révolte adolescente. Tout son corps semble tétanisé par l’injustice, même la fuite est impossible.
Le père, lui, ne sait plus quoi faire de ses peurs, de son incompréhension face au mystère de ce fils qui va de travers, il s’en veut, il s’en fait, il bouillonne. Au centre la mère voudrait que le père ne cherche plus à comprendre, mais regarde, simplement, regarde son fils et lui parle avec douceur.
Il faut être patiente se dit-elle, ils sont déjà là tous les trois, à distance certes, mais là, ensemble, c’est déjà ça.
Et les vagues battent la pierre tandis que la digue résiste.

(Socoa, 14 janvier)

lundi 23 janvier 2017


Potron-minet


C’est l’heure des boiteux et des penchés
C’est l’heure des trimars et des crotteux
De ceux qui s’acoquinent avec les ombres
De ceux qui cueillent la lune comme un fruit mûr
L’heure des égarements et des naissances
Où l’on se regarde en silence
Dans la beauté de l’aube

(Arthez-de-Béarn)

samedi 21 janvier 2017


Un Morceau de Lune


Enfant, il avait un visage d’ange. On disait de lui qu’il était toujours dans la lune. Un peu à côté, un peu derrière. On le découvrit dyslexique puis épileptique. Il sait à merveille contourner les écueils et avance coûte que coûte malgré les doutes. Quand il fait une crise, c’est un petit trou noir, un petit morceau de sa vie qui lui échappe, dit-il. À son réveil, rien ne transparait; ni la migraine consécutive, ni les morsures à la langue n’altèrent sa beauté sauvage. Ce soir un morceau de lune est tombé à terre et pourtant l’astre n’a rien perdu de son éclat et il semble ne rien y manquer…

(Ricarville, Seine-Maritime, 13 décembre 2016)

vendredi 20 janvier 2017


Sur les bords du Lac d'Arjuzanx


Dans le matin froid
J’ai vu passer une geisha
Un crapaud la suivait de près

jeudi 19 janvier 2017


Une Ombre


Il a beaucoup roulé. Chambre n°1. C’est le seul client ce soir dans cet hôtel. Il entre, pose son sac et s’assoit sur une chaise. Une chaise, une minuscule table noire et un lit. Il n’y a rien d’autre. Si, il  y a ces ombres sur le mur, l’ombre d’un rideau comme antidote à la lassitude. Il reste là, sans bouger, il regarde le mur. Puis il prend son smartphone et photographie le mur, dix fois de suite, il s’en amuse. Soudain il se dit que l’ombre d’un visage serait du plus bel effet. Il le voit bien s’inscrire en bas à droite dans le grand rectangle lumineux. Oui, il le voit bien ce profil féminin, il le voit de plus en plus précisément, si précisément que la mélancolie le gagne…

(Pontonx-Sur-L'Adour)

mercredi 18 janvier 2017



Les Grands Arbres





Il cherchait une branche pour s’y pendre. Il ne trouva que de grands arbres bienveillants, réunis immobiles comme pour une cérémonie de gala. Certains étaient en bande, d’autres solitaires, en habit ou dévêtus, bras ouverts, têtes hautes, tous ayant survécu aux tempêtes. De chacun, des parfums, quelques craquements et chuchotements, ni reproches ni promesses mais des souvenirs: les eucalyptus des Îles du Levant,  les chênes moussus de Nazareth, les grands pins de la rue des Aubépines, l’arbre de Clayrat, des arbres à escalader, à y construire des cabanes et y graver des cœurs. Et puis au bord du chemin, il y eut ce peuplier blanc pour son amoureuse qui si souvent regardait vers le nord. Il en oublia totalement pourquoi il voulait se pendre et repartit d’un pas léger retrouver les siens

(Arjuzanx, 11 janvier)

mardi 17 janvier 2017


Au Casino 


Sur la jetée, Rick Delaveine va piano. Tant pis si l’averse le chope à nouveau, il a déjà niqué ses pompes de daim bleu. Là bas, offerte au luisard, c’est la boite à pépètes. Il avait promis juré craché sur la tête de Zoa qu’il y poserait plus un nougat. Alors là il freine des arpions, mais putain qu’ça scintille. C’est brodé maousse sur le flanc: La Pergola, Casino. Il a beau faire du deux à l’heure il y va direct. C’est l’pétard à Zoa qui lui harponne les mirettes et  l’trimballe à perpète. Et puis aujourd’hui on est samedi 14, le lendemain d’un vendredi 13, c’est p’t-être un jour à s’refaire…

(Saint-Jean-de-Luz, 14 janvier)

lundi 16 janvier 2017


L'Homme à la Bobine


Il a déroulé ses rêves jusqu’au Cap Nord, alors il revient au port sa bobine sur le dos, pour l’ hiver durant en filer à nouveau dans la maison familiale.

dimanche 15 janvier 2017


Miniatures éphémères
Haïku


" Ce monde de rosée
est un monde de rosée
pourtant et pourtant"

(Issa)

samedi 14 janvier 2017


Autoportrait et Salut


Cette image me rappelle une époque où j’étudiais les mathématiques,  lisais  H.P.Lovecraft et gribouillais des croquis surréalistes. Je ne savais pas trop où était ma place, j’avais une grosse barbe et naviguais entre mutisme et excès. C’est aussi à cette époque que je commençais le théâtre après avoir suivi Elisabeth qui m’avait immédiatement plue dans sa grande robe mauve. Je m’étais assis à ses côtés dans une salle de cours, il me semble qu’il s’agissait de  topologie - mais les fragrances de Patchouli sont bien plus présentes que les figures mathématiques -, et très vite le théâtre fut notre seul sujet de conversation.
Nous nous retrouvions chaque semaine au gymnase de Jussieu. Sous la direction de Didier et Jean-Luc, nous improvisions des heures, nous étions algues agglutinés les uns aux autres, nous nous enfoncions dans le sol, nous traversions des jungles au ralenti, nous devisions en gromelot, nous étions cerfs, loups ou grenouilles, nous naissions puis vieillissions quelques minutes plus tard en écoutant L’Apocalypse des Animaux de Vangelis ou Libertango de Astor Piazzolla.
Puis nous allions refaire le monde à la Mercerie, rue des Canettes. J’habitais en banlieue, alors, tard dans la nuit, si au moment de nous séparer il n’y avait pas de lit pour m’accueillir, je marchais solitaire dans Paris, attendant le premier métro, les sens en éveil.
Il y avait Elisabeth, bien sur, et Laurent, Yves, Caroline, Agnès, Lionel, Bruno, Hélène, Franck, et d’autres dont j'ai oublié les noms. Certains sont restés des amis chers, très peu sont devenus et restés comédiens. Et puis il y avait Arnaud, qui bricolait des images à la photocopieuse et collectionnait les cartes postales les plus ringardes. C’est un peu grâce à lui que ce blog a vu le jour.
Alors, de Saint Jean de Luz, un salut l’ami  - je crois que tu aime les reflets - et face à un avenir qui n’est pas des plus réjouissant, la nostalgie n’est pas regrets, mais un terreau joyeux  pour alimenter nos utopies.

vendredi 13 janvier 2017


Les Grues Cendrées

 
 Au dessus de ma tête, par milliers les grues cendrées trompettent et craquettent. Et si c’étaient elles qui avaient donné à nos lointains ancêtres l’idée de dessiner sur les parois des grottes…


(Arjuzanx, Landes, 11 janvier)

jeudi 12 janvier 2017


La Dame Blanche


 On la croirait sortie d’un tableau de Renoir, longue robe blanche et chapeau à larges bords, elle vient là quand la mer se retire. À ne plus embrasser, ses lèvres gercées égratignent la douceur de son visage. Elle vient là quand la mer se retire. Comme on lit le marc de café, elle vient y lire la plage découverte. Obstinément, elle y cherche des nouvelles de son homme parti à la guerre, la Dame blanche.
(Yport, 13 décembre 2016)

mercredi 11 janvier 2017

mardi 10 janvier 2017



Sous les Pins


 Le ciel est gris, et pourtant les couleurs sous les pins sont celles d’une course légère, à s’attraper, à s’embrasser, à jouer à cache-cache, à soudain s’immobiliser et écouter le pic vert en se regardant droit dans les yeux…
(Escource, Landes)

lundi 9 janvier 2017


Le Lotissement


 Chaque jour à heure fixe des silhouettes identiques se présentent aux fenêtres des pavillons alignés. Elles s’échappent  dans le ciel rouge, se posent sur les branches noires, échangent quelques histoires puis retournent à leurs tâches quotidiennes dans les maisons froides.
Parfois un grain de sable,  et quelque part les volets ne s’ouvrent plus.
Quelqu’un d’autre viendra, prendra la place, et le cœur du lotissement battra à nouveau sans accroc.

(Jonquières, 29 décembre)

dimanche 8 janvier 2017


Miniatures éphémères
Le Marin à Terre


Quand repartira-t-il le vieux marin encalminé au fond de son jardin, une bouteille vide de Cutty Sarck à la main?

samedi 7 janvier 2017


Une Maison


Parfois, des inconnus nous sont immédiatement sympathiques, avant même  le premier mot échangé. Dans certaines maisons, on aimerait y habiter avant même d’avoir franchi la porte.
Est-ce seulement la lumière du soir qui se pose sur les murs en touches légères, ou l’architecture aux apparences banales mais dont quelques détails, la porte à l’étage, le décalage entre les deux bâtiments créent un infime mouvement, ou encore l’énergie tellurique des lieux aux vertus apaisantes, qui me rendent cette maison si sympathique. Sans doute les trois à la fois.
J’y vois des enfants courir autour, j’y vois une fillette qui commence à peine à marcher, se précipiter dans les bras de son père de retour du travail en criant papa, j’y vois un bol de café au lait fumant sur la toile cirée à carreaux bleus, j’y vois une femme à la fenêtre, j’y vois un vieil homme penché sur son potager, j’y vois  dans un lit à barreaux un bébé qui dort les genoux repliés sur la poitrine, les fesses en l’air, le visage sur le coté, ravi, j’y vois un adolescent qui pleure dans sa chambre, j’y vois un homme et une femme qui lisent, côte à côte, en silence, j’y vois un vieux téléviseur carré qui diffuse « les histoires sans paroles », j’y vois une jeune fille qui étudie sur la table de la salle à manger, j’y vois un père qui fait la sieste, allongé sur le ventre, sa petite fille sur son dos, elle aussi dormant sur le ventre, tétine dans la bouche, j’y vois le porte manteau à l’entrée où pendent les vieilles vestes à carreaux que l’on ne met que pour le jardin, j’y vois un homme qui éteint la lumière en disant bonne nuit mon amour...
L’espace d’un instant, j’y habite.

jeudi 5 janvier 2017


Les Haut-parleurs


En été les haut-parleurs annoncent les dangers, appellent les parents des enfants égarés ou interpellent les trouble-fêtes.
Je me prends à rêver qu’en hiver ils diffusent pour les marcheurs solitaires des poèmes d’amour,
comme celui ci de Pablo Neruda:
Tes pieds

Quand je ne peux regarder ton visage
je regarde tes pieds.
Tes pieds. Leur os cambré.
Tes deux petits pieds durs.
Je sais bien qu’ils te portent
et que sur eux se dresse
le doux poids de ton corps.
Et ta taille et tes seins,
le pourpre jumelé
de leurs pointes dressées
et l’écrin de tes yeux
envolés depuis peu,
le grand fruit de ta bouche,
ta rousse chevelure,
petite et mienne tour.
Mais je n’aime tes pieds
que pour avoir marché
sur la terre et aussi
sur le vent et sur l’eau
jusqu’à me rencontrer.


(Hendaye, 27 octobre 2016)

mercredi 4 janvier 2017


Le Camion


L’enfant est accroché au grillage. Il refuse de lâcher le métal froid tant qu’il fait encore jour,  tant qu’il peut voir les camions immobiles. Derrière lui sa mère attend, elle sait qu’il ne sert à rien de le brusquer. Elle tient dans sa main le petit camion rouge que le père a offert à son fils à Noël. Le précèdent était jaune. L’enfant l’a à peine regardé, ce qu’il veut c’est un vrai camion, pour rejoindre son père, un camion comme celui qu’il fixe depuis dix minutes, les doigts pris dans le grillage.
Le père, lui, dine seul sur une aire d’autoroute. Il est assis sur un tabouret pliant devant la trappe ouverte du petit coffre situé sous le flanc gauche de la remorque de son 35t. Il s’est fait réchauffer une boite de cassoulet et mange lentement. Les dimanches sur les aires d’autoroute sont longs, il faut prendre son temps pour la moindre chose. Parfois on retrouve des connaissances, alors on parle - beaucoup d’histoires de cul - on joue aux cartes, ou on regarde ensemble les matchs sur de minuscules téléviseurs. Aujourd’hui, personne, et il n’a pas prononcé un mot. Mais ça lui va bien, il n’était pas trop d’humeur. Un moineau vient picorer sur sa table improvisée. Il lui sourit. À 22h précise il repart.
Il va bientôt faire nuit. La mère attend patiemment. Un moineau se pose sur une branche nue. Elle lui sourit.
(Jonquières, Vaucluse, 29 décembre)

mardi 3 janvier 2017


Le Pot


Quand il n’y a pas de fleur, on met dans les pots toutes les petites choses qui ne servent pas mais qui serviront un jour: cailloux, épingles, clous, cartes de visite, lime à ongle, taille crayon, porte clef, horaire des marées, boite de cachous, pochette d’allumettes, lacets,  pièce de métal qui doit bien venir de quelque part, bouchon, pince à linge, numéro du plombier, boite de Doliprane qui sera périmée lorsqu’on en aura besoin, élastiques, boutons, pièces de un centime, boucle d’oreille orpheline…
Quand ils sont dehors, à côté des portes ou des fenêtres,  on y cache les clefs, dedans ou dessous. Les clefs pour l’ami qui viendra en notre absence, les clefs pour l’étourdi, les clefs pour celui qui nourrira le chat pendant les vacances. On sait que ce n’est pas une bonne cachette, mais ce n’est pas grave. Plus on craint le voleur plus on l’attire.
Quand j’étais enfant, il y avait sur la table de la salle à manger un grand pot de céramique décoré de jaune, orange et vert - je ne me souviens que des couleurs, pas des motifs - coiffé d’un couvercle, comme ces anciens pots de pharmacie. À l’intérieur, il  y avait un trésor. Trop petit, je ne pouvais pas l’atteindre, et même en montant sur une chaise, le pot était trop lourd. Alors je demandais et solennellement maman ouvrait le pot et en vidait le contenu sur le tapis. C’était des bobines de fil vides en bois de toutes tailles, le plus merveilleux des jeux de construction.

(La Martelière, Vaucluse, 29 décembre)

lundi 2 janvier 2017


Demande en mariage


Au premier jour de l’année, ils sont allés danser dans le bois de Saint Cucufa,
il  a posé une parure de diamants sur sa gorge brûlante,
elle a dit oui avant que le givre ne fonde.

dimanche 1 janvier 2017



Miniatures éphémères
Les gardiens des vieux murs


 
Echappés des fissures, 
ils prennent le soleil et nous rafraichissent la mémoire,
les gardiens des vieux murs.



 (La Martelière, 28 décembre)