Une sensation de déjà vu
Antoine est arrivé il y a quelques jours. Il cherchait le calme, un ciel pour ses obsessions. Ses hôtes sont charmants, un couple âgé avec un léger accent britannique. Dans la maison blanche on boit le thé dans de la porcelaine de Sèvres, les serviettes de tables sont pliées en forme d’oiseau et une douce odeur de cannelle s’échappe de la cuisine.
Pourtant, au moment même où il descendait du train, Antoine eut cette sensation de déjà vu alors qu’il venait ici à Pornic pour la première fois. Les jours qui suivirent furent épuisant, tout lui semblait familier, jusqu’au son de ses pas sur le ponton de bois qui longe le port. L’impression d’être passé là, au même endroit, à la même heure; alors il cherchait dans ses souvenirs, il puisait, sentait que quelque chose lui échappait, la migraine revenait, ainsi que cette ride profonde entre les deux yeux.
Il vient de s’endormir dans sa chambre au deuxième étage, assis sur un fauteuil de rotin. Il est pied nu, la tête légèrement penchée, le menton sur la poitrine. Son costume de lin clair est froissé, ses cheveux noirs en bataille. Sur ses genoux un livre ouvert, La Métamorphose de Kafka. Au pied du fauteuil est tombée une petite boussole au boitier de cuivre dont le verre s’est brisé.
Parfois Antoine tressaille, le livre glisse.
Dans son rêve ses hôtes sont ses parents qui crient tandis qu’il fuit sur le ponton de bois…
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