Les chaises
(Avignon, 26 juillet 8h 50)
Fernando habite au 58, Maria travaille au 56. Elle embauche à 9h, à 8h 30 elle est devant la porte. Elle déteste être en retard. Elle s’assoit sur les marches et attend. Elle pourrait s’assoir sur l’une des chaises de Fernando, mais elle préfère attendre qu’il sorte et l’y invite. Rien n’est jamais acquis répétait son grand-père réfugié en Provence avec femme et enfants après avoir fui l’Espagne de Franco. Fernando sort à 8h 35, sa tasse de café fumant à la main. Il pose sa tasse, et invite Maria à se joindre à lui. Chaque jour elle est là, sur les marches. Il pourrait lui dire de s’assoir sur l’une des deux chaises, sans l’attendre. Mais non, il préfère l’y inviter comme si c’était chaque jour la première fois. Vivre chaque jour comme si c’était la première et dernière fois répétait sa grand-mère, combattante républicaine, rescapée des geôles de Franco.
Fernando demandera à Maria si elle veut un café, Maria répondra non merci, j’ai déjà pris mon petit déjeuner. Puis, jusqu’à 9h, ils parleront du ciel d’Espagne et des épopées de leurs grands-parents, rajoutant chaque fois de nouveaux détails, ne distinguant plus le vrai du faux.
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RépondreSupprimerUne histoire grâce à laquelle lui et elle prennent le petit-déjeuner ensemble et tissent de nouveaux détails qui élargissent l'original.
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