Neptune
(Hendaye, 20h 45)
Jeannot perd de sa prestance. Son petit fils lui a dit qu’il avait la peau qui pendait aux bras. Il a gonflé ses muscles, le gosse a dit que ça pendait quand-même un peu. Et puis il n’y a plus grand monde qui vient à ses cours de gym au Club Neptune. C’est moi Neptune, disait-il autrefois quand il se pavanait au milieu des gamins et de leurs mamans qui fréquentaient le Club. Il avait la tchatche, il avait la niaque, il avait le sourire Colgate, un sourire qui fait trébucher. Il y avait d’autres clubs sur la plage, chacune avec leur Musclor, mais lui c’était le cador. Sa réputation a commencé à flancher quand les surfers sont arrivés. Il n’était pas très à l’aise dans les vagues et les filles n’en avaient que pour les rois de la glisse. Alors le « C’est moi Neptune » ça marchait plus trop. Mais bon, il y en toujours quelque unes, de moins en moins jeunes, qui aiment bien s’agiter en rythme en écoutant ses conseils. Il ne sont plus que deux clubs sur la plage, Neptune et Mickey. Ils ont remplacé les portiques en bois par des structures gonflables, questions de normes et sécurité Les autres ont cessé leur activité. Maintenant ce sont les écoles de surf qui pullulent. Il va s’arrêter, bientôt, à 75 ans il a dit, faut savoir tirer sa révérence, il fatigue, et il a la peau qui pend parait-il. La seule chose qui le chagrine, c’est qu’il n’y a personne pour reprendre. C’est pas rentable. Sa cabane en bois, qu’il monte et démonte en début et fin de saison, c’est une des dernières, avec celle du loueur de tentes et transats, et celle du club Mickey, bientôt, il n’y en aura plus. C’est dommage, ça fait joli sur la plage en été.
Preciosa foto. Transmite una cierta nostalgia de otro tiempo.
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