samedi 22 novembre 2025

 

Txingudi

(Baie de Txingudi, 10h 30)

« Quand tu rentres au port, c’est d’abord la baie qui te prend dans ses bras. » C’est ce que disait son père, le dernier pêcheur de la famille. L’arrière-grand-père, le grand-père, étaient pêcheurs. On voyait les thoniers bleus passer à la queuleuleu dans le chenal de la Bidassoa. Peyo, lui, ne pêche pas, il est jardinier, il prend soin de sa terre, comme il dit. En ce moment il a fort à faire, il y a le Charançon rouge, le bouffeur de palmiers, qui se propage, Peyo a abattu une dizaine d’arbres cette semaine. Le fameux Charançon, il est plutôt brun d’ailleurs…Il n’y a pas que le Charançon qui se propage et qui fait souci. Le samedi Peyo se vide la tête à l’entrainement. Il est barreur de traînière. Il n’y a pas mieux pour sentir la puissance d’une équipe soudée. Fallait bien qu’il prenne la mer d’une manière ou d’une autre. Les régates ont lieu aux beaux jours, mais on s’entraine toute l’année. Ils partent de la baie jusqu’en mer, avec le zodiac de l’entraineur qui tourne autour. Autrefois on pêchait avec de grosses traînières de bois. La sienne est bien plus légère. 

Peyo travaille à terre, mais il a le même regard que son père.

vendredi 21 novembre 2025

jeudi 20 novembre 2025


Le Temps 

(Bois de Saint-Cucufa, 21 novembre 2024, 15h)

J’ai roulé la journée pour voir la mer. Je suis arrivé à la nuit à Hendaye, je ne voyais pas les vagues. À cent kilomètres de Vaucresson, après une heure de route, il a neigé, une neige trop fine pour tenir, puis ce fut du bleu, puis de la pluie, un ciel très noir, et une éclaircie juste avant la nuit. Ce soir j’ai envie de neige, je regarde une photo de l’an dernier, je me souviens, j’écris trois mots, je pense à un homme retrouvé gelé, des stalactites au bord des yeux, adossé à un arbre noir, je ne sais pas si il a existé ou s’il va exister, il est dans le premier chapitre d’une longue histoire que je suis en train d’écrire. Hier soir j’étais à Vaucresson, près du feu, et aussi en Guyane, à Saül sous la pluie. Je me téléporte. Le temps a trois dimensions dit-on, je vais où je veux, devant, derrière, sur les côtés…

mercredi 19 novembre 2025

 

Le rocher


(Saül, Guyane, 16 mai 2023, 11h)

Beaucoup de pluie aujourd’hui à la maison. J’ai fui par la gouttière jusqu’en Guyane. J’y ai retrouvé ce rocher où je m’étais reposé lors d’une longue marche en forêt primaire. Je vais y passer la nuit. Bonne nuit.

mardi 18 novembre 2025

 

Une brindille

(Vaucresson, 7h 30)

Ce matin il y avait de la glace sur la vitre

Et la lune comme une brindille dans le ciel

Une pie l’a chopée d’un coup de bec pour son nid

lundi 17 novembre 2025

 

D'un Palais à l'autre

(Exposition Pekka Halonen, Petit Palais, Paris 8 ième, 14 novembre, 16h 10)

Ce jour là, nous sommes d’abord allés au Grand Palais pour visiter le Paris-Photo 2025. Il y avait foule, une quantité impressionnante d’œuvres, de belles photos, certes, mais impossible de garder une attention soutenue dans cette profusion et mon regard était surtout attiré par ce public éclectique, excentrique, chapeauté souvent, Leica en bandoulière, parlant toute les langues avec une dominante anglaise, se congratulant, se retrouvant, hésitant devant une photo à 50000,00€, s’extasiant avec ostentation, un public chic.

Après avoir traversé l’avenue Winston Churchill c’est au Petit Palais que nous avons trouvé le calme devant les paysages enneigés de Pekka Halonen, peintre finlandais. Dans les vastes salles, on circulait sans encombre, en silence. Un petit tableau, humble, sans effets, si ce n’est ce léger violet éclairant la neige épaisse, nous a  touchés, enchantés, appelés. La Finlande sera sur le chemin de notre prochain voyage.

dimanche 16 novembre 2025

 

Miniatures éphémères

(Vaucresson, 9 novembre, 11h 25)

Automne, jeune  fille, noisetier et glycine

samedi 15 novembre 2025

 

Roselière

(Forêt de Rambouillet, 9 novembre, 15h50)

Le V noir formé de  deux arbres morts attire mon regard. Je quitte le sentier. La terre est gorgée d’eau. Il y a là au fond du vallon où coule un ruisseau une roselière, une douce cachette pour les aquatiques. Je ne bouge pas, je guette le moindre froissement dans les herbes, mes bottes s’enfoncent doucement, je coasse…

vendredi 14 novembre 2025

 

Une mèche de cheveux sur le visage

(Forêt de Rambouillet, 9 novembre, 17h)

On peut à cette image rajouter un peu de vent, quelques feuilles en suspension, et celle ou celui qu’on aime au centre de la passerelle, la tête tournée vers vous, une mèche de cheveux sur le visage.



jeudi 13 novembre 2025

 

Toiles

(Vaucresson, 9 novembre, 10h 35)

Ce matin là, un matin d’automne, un matin de brume, partout dans le jardin, aux branches, aux tiges de fleurs fanées, aux clôtures et portiques, s’accrochaient des fils de soie, des fils d’araignées captant la rosée, et le jardin tout entier brillait des splendeurs d’un monde essoufflé où les araignées auraient pris le pouvoir.






mercredi 12 novembre 2025

 

Furtives silhouettes

(Forêt de Rambouillet, 9 novembre,16h 35)

Les grands arbres ont perdu leurs feuilles, tandis que d’autres plus jeunes, abrités du vent, conservent leur éclat. Dans la cathédrale, ils sont de furtives silhouettes drapées d’or et de soie, apparaissant ici et là de derrière de hautes colonnes de pierre grise, offrant leur amitié à l’étranger solitaire et mélancolique venu chercher refuge et réconfort.

mardi 11 novembre 2025

 

Miniatures éphémères

(Vaucresson, 9 novembre, 11h 05)

Porteur de larmes

lundi 10 novembre 2025

 

La dernière rose du jardin

(Vaucresson, 9 novembre, 10h 45)

La dernière rose du jardin me dessine une vieille histoire, une histoire qui revient partout et de tous temps, une image d’Épinal. Une gamine encapuchonnée et son petit frère vont sur la terre sombre. Il pleut, il fait froid, au loin quelque chose  gronde, le petit frère a peur, alors la gamine ouvre sa cape pour y accueillir et protéger son frère.

dimanche 9 novembre 2025


Miniatures éphémères

(Lac de Saint-Aignan, Nièvre, 16 octobre, 17h 10)

Maquis 

samedi 8 novembre 2025

 

Liberté

(Lac Daumesnil, Bois de Vincennes, Paris 12ième, 7 novembre, 18h 40)

La nuit tombe sur le lac Daumesnil. Il y a un gars avec ses sacs échoué comme une île au milieu de la prairie. Les oies sauvages sont au repos, elle viennent de loin, elles vont où elles veulent, le gars lui aussi vient de loin, pas sûr qu’il puisse aller où il veut. À quelques pas, au Palais de la Porte Dorée, l’ancien musée des colonies devenu le musée national de l’histoire de l’immigration, Leyla McCalla chante la liberté.

vendredi 7 novembre 2025

 

Kakémono

(Vaucresson, 10h 10)

Laissant la porte ouverte

Ce que je vois, des toilettes

Ce matin brumeux

Je suis resté longtemps 

Méditant, sur le siège

jeudi 6 novembre 2025

 

Petite araignée

Une histoire de Rick Delaveine, surfeur et batteur de jazz de renommée internationale

(Vaucresson, 7 octobre, 17h 50)

il chante à tue tête, la radio à fond, After Midnight, JJ Cale, un morceau pour tracer sur une route toute droite, une route qui n’en finit pas, une route avec des rapaces posés sur des piquets de clôture qui attendent que tu écrases un renard ou un hérisson pour le bouffer sans effort, une route avec des poteaux télégraphiques qui te regarde passer, une route qui t’amène d’une fille à une autre, Rick a deux amours, Rick a la trique, à mi chemin, il ne sait plus s’il faut accélérer ou ralentir, il chante, il accélère, il ralentit, il accélère à nouveau, il gueule Leïla, il gueule Sophie, il chante, il gueule je vous aime, Rick est le roi du bitume, le prince des hauts plateaux, le seigneur des grandes plaines, le jour se lève, c’est lui qui commande le soleil, deux soleils aujourd’hui, aux deux bouts de l’asphalte, il dodeline de la tête, comme le petit chien collé sur le tableau de bord, et puis les épaules, les doigts tapotent le volant, putain que la vie est belle! Soudain ça tape, un coup dans le pare-brise, une pierre, une balle, un oiseau, il sait pas, il voit plus rien, le pare-brise étoilé avec le soleil pile en face, il perd le contrôle, sa Chevrolet Camaro rouille part en vrille dans un champ de blé mur, trois tonneaux, le blé jaune en charpie, ça fume, Rick a perdu connaissance, ça commence à sentir le roussi, il entend Leïla, il entend Sophie, t’es trop con, pas maintenant, quelque chose lui chatouille le cou, trottine sur sa joue, se plante sur le bout de son nez, il se réveille, la tête à l’envers, une araignée sur le bout du nez, merde ça crame, il  se dégage, se déplie, y a urgence, il force la portière  cabossée, avec les pieds, avec les poings, il sort, l’araignée est toujours là, sur son front maintenant, un troisième œil, il était temps, le moteur s’enflamme, il s’éloigne

Il regarde brûler sa Chevrolet Camaro toute neuve. iI prend délicatement la petite araignée qui est maintenant dans ses cheveux et il la dépose sur le  blé écrasé suffisamment loin du feu. 

Ça va, il n’a rien, il n’a plus qu’à attendre que passe quelqu’un qui le conduise là bas à l’est chez Leïla, sa petite Araignée... Merde, c’est son surnom!

mercredi 5 novembre 2025

 

Allez savoir pourquoi

(Lac de Saint-Aignan, Nièvre, 16 octobre, 17h)

Quand il dit faut faire comme ça, elle fait l’inverse

Quand elle dit faut faire comme ci, il fait le contraire

Voilà quarante ans qu’ils vivent ainsi côte à côte

Et ils s’aiment encore, allez savoir pourquoi

mardi 4 novembre 2025

 

Le chapeau

(Cirque de Mafate, La Réunion, Juin 1997)

Il y a un peu moins de trente ans, je passais deux mois à La Réunion à jouer  un spectacle dans les écoles. Comme toujours, à la moindre relâche, je partais marcher à la découverte de ce pays volcanique. On m’avait déconseillé de partir seul dans certaines parties de l’île. Il n’en fallait pas plus pour m’y attirer. Mafate n’est accessible qu’à pied. A l’époque, il n’y avait que de rares rotations d’hélicoptères qui assurait le ravitaillement. Parti du cirque de Cilaos, accessible lui par la route, j’avais marché une journée entière  jusqu’au cœur de Mafate.

Sur le sentier, passant devant une maison isolée, un homme m’a offert à boire. Je ne lui avais rien demandé, il semblait effrayé par ma présence, il est vite rentré et ressorti avec une bouteille d’eau qu’il m’a tendu en gardant une certaine distance. Il n’a rien dit, ses yeux roulait dans tous les sens, mais surtout, je me souviens de son chapeau, un petit chapeau de toile à bords étroit taché et décoloré. Ce chapeau est le souvenir  le plus précis de cette rencontre, comme si toute la vie de ce personnage solitaire tenait dans son chapeau.

lundi 3 novembre 2025

 

Mr et Mme Piquet-de-Bois

(Hendaye, 31 octobre, 7h 35)

Mr et Mme Piquet-de-Bois sont  en vacances avec leur petit fils. Ils sont sortis tôt ce matin, il y avait quelque chose dans l’air, une inhabituelle douceur, un brin de facétie. C’est le gamin, réveillé le premier, qui  a crié: C’est tout rose! Chez les Piquet-de-Bois on ne ferme pas les volets, question de principe, déjà qu’on a un nom de clôture. Alors dès que le soleil pointe le bout de son nez, les yeux papillonnent. Ils sont sortis tous les trois, avant même de prendre leur petit déjeuner, ils sont sortis prendre des couleurs, ça fait du bien par les temps qui courent. Ils se sont plantés sur la plage, ils font caméléon tandis que le minot cavale comme un chien fou.

dimanche 2 novembre 2025

 

Miniatures éphémères

(Parc écologique de Plaiaundi, Irun, Gipuzkoa, 27 octobre, 18h )

Vestiges

samedi 1 novembre 2025

 Rebut


(Parc écologique de Plaiaundi, Irun, Gipuzkoa, 27 octobre, 17h 50)

Il  ne reste des bateaux au rebut  qu’une mémoire pleine de trous.