jeudi 15 septembre 2016



Romance


La première fois que Marc a frappé à cette porte, elle était d’un beau bois verni et le pas était libre de tout obstacle. Il s’agissait d’une visite officielle. Marc avait mis son costume de velours sombre et plaqué ses mèches rebelles avec un peu de gomina. Il venait demander la main de Lucette. Depuis plusieurs mois ils s’aimaient dans les recoins des ruines du château de Séverac. Ils s’aimaient sauvagement. Leur première rencontre à l’officine de Mr Pléthore avait été fulgurante.
Marc n’oubliera jamais la légère robe à pois bleu que portait Lucette ce jour là et la façon dont elle baissait les yeux. Ils s’étaient rapidement revus, incapables de se passer l’un de l’autre.
Mais Mr Pléthore, le pharmacien, et père de Lucette, un homme qui portait des cols amidonnés et des boutons de manchette, était d’une rare intransigeance. Jamais il n’aurait laissé sa fille épouser un étranger, et Marc n’était pas d’ici. Marc eut à peine le temps de prononcer quelques mots que Mr Pléthore lui claqua la porte au nez.
Lucette fut alors cloitrée par son cerbère de père, et Marc désespéré quitta le village.
Marc avait fini par épouser à la capitale une musicienne avec qui il eut deux enfants. Les années passèrent, heureuses, jusqu’à ce qu’une pneumonie emporte sa femme à l’âge de soixante quinze ans. Marc laissa alors tous ses biens à ses enfants et partit sur les routes vivant dans une petite camionnette citroën.
C’est ainsi qu’il est retourné à Séverac le Chateau. Il a retrouvé la maison facilement. La peinture de la porte était écaillée mais le heurtoir n’avait pas une trace de rouille. C’est une petite dame aux cheveux blancs qui lui a ouvert.
Maintenant Lucette se penche sur une malle d’où elle sort la robe à pois bleu et Marc derrière elle la prend par la taille…

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