"Wallander"
Dans les histoires, souvent les voitures sont rouges. Il y avait la même ce matin au pied de l’hôtel, quand Jean s’est éloigné dans la rue, se dit Hélène.
Hélène adore les romans policiers et les séries télévisées. Jean, son mari, lui a même installé un home-cinéma dans l’ancienne chambre de leur fille. Ainsi il peut dormir tranquille lorsqu’elle reste devant la télévision jusqu’au cœur de la nuit. Il a construit les étagères, elle y a rangé ses dvd et ses romans. Ses préférés sont ceux de Henning Mankell. Combien de nuits en compagnie du commissaire Wallander! Hélène se lève tard, non sans avoir lu quelques lignes dans son lit à son réveil. Jean, lui est dehors dès l’aube. Il boit son café dans le jardin en compagnie des oiseaux.
Un soir, il peinait à s’endormir, il l’a entendue murmurer « Wallander » quand elle s’est glissée contre lui dans le lit.
Alors pour ses soixante ans, Jean a offert à Hélène un voyage à Ystadt, en Suède, la ville de son héros. Ils ont pris un « forfait Wallander » à l’office du tourisme pour visiter la ville sur les traces du fameux commissaire. Jean avait rarement vu Hélène aussi joyeuse. Elle marchait légère dans les rues d’Ystadt comme si elle n’avait pas vu le ciel depuis longtemps.
Ce matin elle s’est même levée avant lui, sans ouvrir le roman posé sur la table de chevet - Avant le Gel de Henning Mankell -. Elle est restée un long moment à la fenêtre. On y apercevait la gare et un peu plus loin le port. Train ou bateau, quel est est le meilleur moyen pour s’enfuir s’est-elle demandée.
Jean s’est levé, s’est habillé en hâte et est sorti prétextant chercher des cigarettes. Ha mon Jeannot! a pensé Héléne. Jean ne fume pas et n’a jamais fumé. Quand il est passé devant la voiture rouge en bas de l’hôtel, il lui a fait un signe auquel elle a répondu gaiement.
Mais jean n’est pas revenu. À midi elle l’attendait encore. Elle s’aperçut qu’il avait laissé son portefeuille et son téléphone sur la table de nuit, à coté du roman.
Elle est descendue, a tenté d’interroger le réceptionniste de l’hôtel, mais elle ne parlait ni suédois ni anglais et l’employé n’entendait rien au français.
Elle a erré dans la petite ville jusqu’au soir. Le lendemain Jean n’était toujours pas là. Elle est alors allée au commissariat signaler sa disparition. Le commissaire s’appelait Blomberg, commissaire Blomberg, un grand rouquin avec des lunettes en écaille et un air de chien battu qui parlait quelques mots de français.
Puis elle est repartie dans les rues, hagarde, sans savoir où chercher.
Et maintenant Hélène est là devant cette maison bleue. Elle vient de reconnaitre la voiture et s’apprête à frapper à la porte avec un sentiment étrange. À la fois terriblement inquiète et excitée comme lorsqu’elle disparait dans ses lectures…
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