mardi 8 juillet 2025

 

Les pigeons

(Avignon, 5 juillet, 8h 20)

Deux pigeons attendent sur le bord du toit. La ville se réveille  lentement. Bientôt ce seront des allées et venues frénétiques, des terrasses bondées, des files d’attentes, des parades assourdissantes. Les deux oiseaux iront tranquilles d’un toit à l’autre, de temps en temps ils lâcheront une fiente sur un festivalier en goguette ou un comédien inquiet, ils iront tranquilles toujours aussi étonnés de cette folie humaine qui prend la ville en juillet, bien heureux d’avoir tant à manger ce mois ci dans cette somme de déchets qui envahit les rues.

lundi 7 juillet 2025

 

Forces

(Avignon, 10h 15)

Il y avait un gars de l’autre côté du trottoir , un gars bien amoché qui faisait la manche. Peut-être s’était-il installé là pour reprendre un peu de forces.

dimanche 6 juillet 2025

 

Miniatures éphémères

(Collias, Gard, 29 juin, 11h 20)


Pause sur la queue de lapin

samedi 5 juillet 2025

 

Déplacement de soi

(Arles, Bouches-du-Rhône, 1er juillet, 15h 05)

Egaré dans les rues surchauffées d’Arles, confus, il contemplait perplexe une affichette collée au mur, suffisamment haute pour ne pas être arrachée. Fallait-il envisager une toute autre façon de se mouvoir?

vendredi 4 juillet 2025

 

Grigri

(Avignon, 3 juillet, 10h 20)

J’ai ramassé ce bout de bois sur un sentier de sable bordé de roseaux. Immédiatement j’ai aimé le tenir, le regarder, ce ferait un beau grigri, une reine égyptienne pour bercer Bastien et les autres, les âmes solitaires du Pas de la Tortue qui ne savent pas toujours bien faire avec leurs congénères. Avec mon couteau j’ai écorcé une partie du bois, j’ai accentué l’œil et la bouche, déjà présents. La bouche n’était pas engageante, j’aurais préféré un sourire. Je me suis dit qu’il y avait bien mille raisons pour faire la moue, alors j’ai planté le bois dans un pot de fleur et j’ai versé un peu d’eau fraîche, en espérant qu’ainsi le grigri ferait son affaire.

jeudi 3 juillet 2025

 

Le nouveau Messie

(Collias, Gard, 29 juin, 14h 15)

C’est le nouveau Messie.

On a roulé la pierre du tombeau,

il a jailli comme un diable à ressort 

en faisant Youpi!!

mercredi 2 juillet 2025

 

L'essentiel

(Collias, Gard, 29 juin, 13h 55)

Sentir soudain sur ce sentier de sable bordé d’une  dense végétation  que là est l’essentiel, entre ombre et lumière, loin du théâtre de la ville.

mardi 1 juillet 2025

 

Matin

(Avignon, 8H 30)

Il est encore tôt. les pigeons roucoulent, les corneilles criaillent, les hirondelles ont entamé leur ballet. Il fait bon. En bas dans l’impasse Petit-Saint-Jean, il ne reste que quelques bouteilles brisées et des mégots à la pelle des chamailleries alcoolisées de la veille. C’est le moment d’écrire, les machines ne sont plus en surchauffe, c'est le moment de dire à voix basse un Je t’aime et de le garder au frais pour qu’il dure jusqu’à la fin des temps.

lundi 30 juin 2025

 

Ainsi va le monde

( Dans la cave du cinéma de Vaucresson, 14 avril, 15h 20, photo de Sophie Bernard-Carrive)

Ça surchauffe

Le film s’emballe

La pellicule s’enflamme

Rouillée et ignorée

La poignée de secours

Ne sert plus à rien

dimanche 29 juin 2025

samedi 28 juin 2025


Chaleur

(Avignon, 19h 50)

Écrasé de chaleur, je n’ai pas la force d’écarter le linge qui sèche pour regarder le paysage. Alors je l’invente. Un triptyque de jungle luxuriante bleue et or, les singes sautent d’un carré à l’autre, une feuille, une graine, une plume tombent sur la terrasse, au vent le tissu fait un bruit de feuillage, la sueur coule sur mon front, et j’entend dans le lointain le moteur d’une pirogue qui remonte le fleuve. 

vendredi 27 juin 2025

 

Un œil noir, un œil blanc

(Sur le Xoldokogaïna, Pays basque, 8 mai, 15h 40)

Au sommet de la montagne, dans la prairie où paissaient quelques pottoks, une forme blanche claquait et vibrait au soleil. Ce n’était qu’un tronc mort couché comme un homme sur le flanc, les yeux grands ouverts, un œil noir, un œil blanc, un homme fracassé par la lutte que se livraient le bien et le mal dans ses entrailles tandis qu’un jeune pottok à la douceur ineffable le regardait fixement.

jeudi 26 juin 2025

 

Cœur en pot

(Avignon, 21h 05)

Il avait mis son cœur en pot en attendant des jours meilleurs.

mercredi 25 juin 2025

 

Feniks

(Paris, 12ième, 22 juin, 17h 10)

Après avoir fêté son anniversaire plus que de raison, Jo s’était écroulé ivre mort sur le quai du canal Saint Martin. Son chien avait veillé sur lui, un bon chien, qui avait croisé sa route en Aragon un jour de grand vent sur un chemin de poussière. Le chien boitait et lui avait les yeux rouge. Ils ne se sont plus quittés. 

Jo a dormi six heures. Il ouvre un œil, le soleil tape, le chien halète, il regarde Jo, il a soif, Jo se lève, s’étire, et soudain éclate de rire en voyant la péniche. Tu vois, le chien, toujours on renaîtra de nos cendres!

mardi 24 juin 2025

 

L'œil du chat

(Vaucresson, 22h 05)

À l’écart des autres sous les frondaisons, il vit dans l’œil du chat qui passait la détermination qui lui manquait.

lundi 23 juin 2025

 

Le sourire

(Vaucresson, 21 juin, 18h 40)

Elle est comme une rose en vrac, elle a perdu son sourire. Elle a cherché partout, sous le lit, dans le lit, dans le placard, dans la salle de bain, entre les pages de ses livres, dans ses chaussures, dans ses poches, dans sa valise. Pourvu que la femme de ménage ne l’ait pas aspiré. Il est beau ce sourire, elle le tient de sa mère, il se transmet de génération en génération. Déjà, à l’hôpital, elle avait perdu ses appareils auditifs, et maintenant à l’EPHAD, son sourire, ça va pas, ça va pas du tout.

Oh, il n’est pas bien loin, il est juste là, dehors, suspendu au rebord de la fenêtre, balancé par le vent léger.

dimanche 22 juin 2025

 

Miniatures éphémères

(Vaucresson, 21 juin, 18h 30)

L’aventurier

vendredi 20 juin 2025

 

Sycophante

( Raghie Sycophante, Raghie délatrice, Forêt de Moulière, Vienne,  30 mai, 13h 20)

Certes sa robe n’est pas affriolante, mais pourquoi a-t-on affublé  ce coléoptère du nom de l’un des pires travers de la nature humaine?

jeudi 19 juin 2025

 

L'homme au petit chien

(Avignon, 16 juin, 15h)

Il aimerait bien qu’on le regarde un peu plus, l’homme au petit chien, reprendre des couleurs et faire un tour de vélo.

mercredi 18 juin 2025

 

La course

(Courbevoie, Hauts-de-Seine, 21h 40)

Entre 21h et 22h, il court, chaque soir, il tourne autour du stade, il mouline, il se réinitialise. Il court à côté de la piste, sur la terre, la vraie, c’est plus tendre, les mises à jour passent mieux. iI tient la cadence, une heure, il pourrait courir les yeux fermés. Au bout de plusieurs tours, c’est comme s’il décollait avec le stade, il tient les commandes, une soucoupe volante au dessus de la ville laminée.

mardi 17 juin 2025

 

Ministère de la solitude

(Hautes-Pyrénées, 30 mai 2012, 14h30)

J’ai appris aujourd’hui qu’au Japon et en Angleterre il existait un ministère de la solitude.

lundi 16 juin 2025

 

L'éphémère

(Éphémère, Avignon, 12h 40)

Place Pie, à Avignon, une minuscule éphémère coincée sous une corbeille à pain résiste au mistral. Ces insectes, apparus au Carbonifère, entre 350 et 295 millions d’années ne vivent que quelques heures après avoir quitté l’état larvaire qui peut durer plusieurs années. Quelques heures pour se reproduire. Elles ne se nourrissent même pas, elles n’ont ni bouche ni tube digestif. Midi, c’est le coup de feu, serveurs et serveuses courent d’une table à l’autre. l’éphémère s’est décroché de la corbeille et a atterri sur la table d’à côté. J’arrête la main du serveur au moment où il allait balayer la table d’un coup d’éponge. Nous attendons ainsi quelques instants, ma main sur son poignet, que l’insecte s’envole.  Nous sommes peu de choses, me dit-il.

dimanche 15 juin 2025

samedi 14 juin 2025

 

Avec les hirondelles

(Avignon, 20h 40)

De passage pour des repérages

Va jouer là tout l’été

Rick est monté sur le toit pour voir la mer

Y a pas la mer mais y a le ciel

Et les hirondelles

Ça ouvre les hirondelles

T’as le cœur comme un calendrier de l’avent

Y a les oiseaux qui tracent

Qui ouvrent toutes les fenêtres de carton

T’as le palpitant qui déborde

Et le groove qui monte

T’es tout seul tout plein d’amour

Avec les hirondelles

vendredi 13 juin 2025

jeudi 12 juin 2025

 

(Vaucresson, 10h 35)

Par le trou de la serrure

Iris et Coquelourde

Sous le Noisetier


mercredi 11 juin 2025

 

Billet pour arachnophobes

(Misumène variable, dite aussi Thomise variable, araignée crabe ou araignée citron, Vaucresson, 18h 10)

Une araignée charnue en embuscade sur la  rose. 

En une année les araignées du monde entier consomment entre quatre cent millions et huit cent millions de tonnes de proies, soit une à deux fois la masse de l’humanité*.


* Source: L’éthologue Raphaël Jeanson dans La Terre au Carré sur France Inter ce jour.




mardi 10 juin 2025

 

Avec sa chaise sur le dos

(Paris 18ième, 11h 45)

Raul a traversé la frontière avec sa chaise sur le dos. La chaise du père, et avant, celle du grand-père. Celle qui va en bout de table, celle qu’on sort le soir sur le pas de porte pour fumer la pipe, regarder la lune et refaire le monde pour le lendemain. Pour le vieux, fallait une bonne paire de chaussures, un bon lit et une chaise confortable, alors il avait mis les moyens, torsades et velours pour la chaise du chef de famille. Raul a fui en 1939 après que les nationalistes aient cramé son village. Il a sauvé la chaise, rien que la chaise, sa famille a été décimée et la maison détruite. Il a parcouru la campagne à feu et a sang sa chaise sur le dos, il a franchi les montagnes sa chaise sur le dos, il a débarqué au camp de réfugiés d’Argeles-sur-Mer avec sa chaise. On lui a laissée, t’enlève pas sa carapace à une tortue. Raul maniait le rasoir comme pas deux. Aux baraquements, il s’est fait barbier. Il installait ses premiers clients sur sa chaise. Il rasait de près  en racontant que c’était grâce à son coup de rasoir qu’il s’en était sorti. Ça marchait bien. Il est monté à paris à vélo sa chaise dans une remorque, la chaise, son costume du dimanche, ses rasoirs et ses serviettes. Il a ouvert une petite boutique rue Lamarck, Raul, le barbier républicain. Il y avait une enseigne avec deux rasoirs croisés comme des épées. Il a rencontré Suzanne qui vendait du poisson rue Damrémont. Elle l’a aimé d’emblée. Elle a laissé le poisson pour la barbe et les cheveux. Quand on sait ouvrir, vider, et écailler d’un coup de lame, y a pas long à apprendre à raser et couper, et ça sent meilleur. Souvent elle sortait la chaise et s’asseyait là comme une reine dans sa robe à fleurs devant la boutique. Ça attirait le client. Raul et Suzanne ont ajouté la coiffure et le shampoing à leurs prestations. Suzanne massait le cuir chevelu des hommes de telle sorte que ceux  ci devenaient de fidèles clients. Ils ont eu un fils. Lui aussi a appris le maniement des lames et la considération du poil. Suzanne est morte à soixante dix sept ans d’un coup, d’une crise cardiaque sur un manège à la foire du trône, un manège qui pourtant ne tournait pas bien vite. Elle chevauchait un éléphant de bois, Raul était derrière sur un tigre et criait à tue tête, je t’aurais, je t’aurais. Finalement c’est la camarde qui l’a eu. Raul a cessé de travailler, trop de chagrin. C’est Miguel, le fils qui a pris la relève. Raul restait devant la boutique sur sa chaise, il racontait aux passants et clients les tribulations de cette chaise à l’assise élimée. Raul est mort un jeudi de juin, deux jours après son anniversaire, tranquillement dans son lit, son fils assis sur la fameuse chaise à ses côtés. Voilà. La boutique existe toujours. La ville a changé, on ne s’assoit plus devant les pas de porte pour tailler le bout de gras. Miguel a finit par bazarder la chaise mangée par les vers.

lundi 9 juin 2025

 

Coquelourde des jardins

(Coquelourde des jardins, Silene coronaria, Vaucresson, 12h 20)

Les fleurs essaiment et se promènent. En février ce sont les Perce-neiges, en mars les Crocus, en avril les Jacinthes des bois et les Primevères, toutes se répandent chaque année dans des coins différents du jardin tandis que les Jonquilles et le Muguet fleurissent toujours au même endroit. Enfin début juin ce sont les Coquelourdes qui explosent à vingt mètres de là où a été planté le premier plant il y a quelques années. Elles sont allées du Lilas au Noisetier. Quelques unes se sont arrêtées au milieu de la prairie, la tondeuse les contourne. Les autres rayonnent au bord de l’ombre de l’arbre. C’est la Foire du Trône, le 14 juillet, c’est l’enfance et la liberté.

dimanche 8 juin 2025

 

Miniatures éphémères

(Buxerolles, Vienne, 31 mai, 18h 35)

Peinard sur le pin pleureur

samedi 7 juin 2025

 

Foot

(Hendaye, 5 juin, 22h)

Il est tard, ne reste que le sable piétiné et les rêves des mômes accrochés aux filets.

Au lendemain de la victoire du PSG ils étaient des dizaines à taper dans le ballon. Tous aux cages de foot, personne aux filets de volley.

vendredi 6 juin 2025

 

Renverser la table


(Hendaye, 5 juin, 21h 45)


Prendre un sac, le strict nécessaire, claquer la porte, courir vers la mer, la foulée de quelqu’un qui n’est pas près de revenir, un coup d’oeil derrière, s’assurer de ne pas être suivie, effacer ses traces sur la plage, comme dans les films, essoufflée, s’asseoir au pied d’un poteau sur le sable encore chaud de cette journée pourtant ensoleillée, encore tremblante d’avoir renversé la table, décider de passer la nuit ici. Ici, au pied du poteau, sur la plage quasi déserte à cette heure, entre chien et loup, là où celui qui vient ne pourra pas ne pas la voir.

jeudi 5 juin 2025

 

Les feux de la rampe

(Hendaye, 22h)

Il m'arrive de raconter mes  histoires à l’océan. Il y a toujours un moment où ça applaudit. Faut parfois attendre longtemps mais ça finit par venir, ça fait des vagues.

mercredi 4 juin 2025

 

À marée basse

(Hendaye, 8h 05)

À marée basse il y a toujours un gars qui marche, tout seul avec le ciel qui va avec, ça se bouscule dans sa tête, faut pas  lâcher le regard, ça fait clapet.

mardi 3 juin 2025

 

Coma

(Forêt de Moulière, Vienne,  30 mai,11h 50)

Un peu d’eau, des herbes folles et de la lumière, les arbres veillent autour de la marre, comme veille la famille et les amis au chevet du malade inconscient.

Lui, il se voit s’accroupir, rester immobile, insensible aux moustiques. Melitées et Demoiselles volettent  en silence. Il sent le souffle chaud du chevreuil qui vient boire à ses côté. L’animal lui parle à l’oreille. Il ne comprend pas bien.  Est-ce bonjour ou au revoir?

lundi 2 juin 2025


(Melitées des centaurées sur fleur de ronce, Forêt de Moulière, Vienne, 30 mai, 12h 15)

Face à face 

dimanche 1 juin 2025

 

Miniatures éphémères

(Buxerolles, Vienne, 29 mai, 14h 45)

L’archiviste

samedi 31 mai 2025


Au bord de la marre 

(Forêt de Moulière,  Vienne, 30 mai, 12h 15)

Une branche morte ancrée dans la vase m’invite à faire halte au bord de la marre. Un fin reptile dressé au dessus du ciel pris dans les herbes d’eaux. J’y verrai voler tout ce qu’il y a de visible, et d’invisible. Il y a du monde.

vendredi 30 mai 2025

 

Demoiselle

(Forêt de Moulière, Vienne, 12h 45)

Son cœur battait pour ces merveilles qui peuplent marres et sous-bois, aussi ne se souciait-il guère des fines ratures rouges qui couvraient ses copies d’écolier, il lui suffisait d’imaginer un vol de demoiselles au dessus de ses erreurs.

jeudi 29 mai 2025

 

Le Titanic à la  rambarde

(Buxerolles, Vienne, 15h 50)

C’est là qu’on vient quand on en a  gros

Quand les darons se foutent sur la gueule

Quand y a tout qui dit qu’il faut pas rester

On se rancarde à coups de SMS

À la porte jaune derrière le gymnase

On rejoue leTitanic à la rambarde

On regarde des vidéos sur les portables

Pour voir où c’est qu’on va se faire la belle

mercredi 28 mai 2025

 

Se parler

(  Pic-du-midi-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, 4 juin 2015, 16h 55)

Sur le sentier étroit,

on marche l’un derrière l’autre

à bonne distance 

on tourne sa langue dans sa bouche

sept fois et plus

on se parlera au sommet