samedi 4 janvier 2025


Ça commencera comme ça

(Musée Guggenheim, Bilbao, Pays Basque espagnol, 13h 10)


L’air de rien. Elle sait qu’il est là, il sait qu’elle est là, 195° d’un côté, 165°de l’autre. Il va tourner, discrètement, l’air de rien. Dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est plus court mais il y a le sac qui fait rempart, dans l’autre sens c’est plus long mais on a le temps de  voir venir, de rester ou de partir, de penser à ce que l’on va se dire et à l’arrivée les épaules se touchent. Il ira donc à l’inverse des aiguilles d’une montre. Quand ils seront si proches que le bleu et le rouge de leurs vêtements se marieront, c’est elle qui parlera la première. Chacun son tour, lui a bougé, c’est donc à elle de parler. Elle parlera de l’exposition du moment, Hilma af Klint dont les grandes toiles colorées explorent les forces et structures de l’invisible. Couleurs et géométrie. Il se taira, écoutera, sentira vibrer son épaule. Puis ils laisseront agir le silence. Quelque chose d’inattendu se passera. Le canapé circulaire sur lequel ils sont assis tournera comme un manège, de plus en plus vite, du moins en auront-ils la sensation, alors il faudra se tenir l’un à l’autre pour ne pas chuter, il faudra s’étreindre. Ça commencera comme ça.



(Exposition Hilma af Klint, Musée Guggenheim, Bilbao, 12h 20)

vendredi 3 janvier 2025

 

À l'écart des langues fourchues

(Hendaye, 1er janvier, 10h 35)


Aux troncs calcinés et flottés

Tête-bêche tels de vieux amants

À la naissance de la falaise

Où la pente est encore douce

À la lisière des herbes et du sable

Au froid piétiné d’impatience

C’est là qu’ils se retrouvent

Ceux qui s’aiment en silence

À l’écart des langues fourchues



jeudi 2 janvier 2025

 

Un ciel

(Hendaye, 8h 30)

Il y a des matins offerts au ciel.

Alors je regarde le ciel s’ouvrir, s’étirer, s’effilocher, se colorer, se disperser, se molletonner, frissonner, je le regarde jusqu’à ce qu’il ternisse,  jusqu’à ce que la mer prenne la place et m’appelle, jusqu’à ce que viennent les premiers promeneurs, les premiers travailleurs, les premiers surfeurs, jusqu’à ce que je me souvienne que j’ai des chaussures et les pieds sur terre.

Le reste du jour, le ciel est devenu gris, je l’ai délaissé, j’ai surfé dans une mer alors bien plus séduisante, j’ai marché, j’ai surfé encore, j’ai bu un Mojito, puis un deuxième en bonne compagnie jusqu’à la nuit.

Et le soir je regarde le ciel à nouveau, le ciel du matin photographié à son apogée, je cherche des mots pour l’accompagner, je me souviens du vent, du froid, du visage de cet homme encapuchonné, assis sur un muret, le regard au levant, un voyageur sans doute, nous nous sommes salué, un signe de tête, un sourire, juste ça, je me souviens  du bruit du camion-balayeuse sur la promenade, d’un vol de mouettes, d’une jeune femme buvant son café en regardant la mer, les deux mains serrées sur le gobelet pour se réchauffer, une jeune femme qui vient là avant le travail, je cherche des mots, des histoires hors de l’image, alors que je n’ai qu’un seul désir, partager cette beauté.

mercredi 1 janvier 2025

 

Miniatures éphémères

(Hendaye, 15h 30)

Fantaisie volatile pour le nouvel an