mercredi 30 avril 2025

 

Tout l'or du monde

(Ibardin, Pays-Basque, 18 février 2017, 16h 35)

J’ai déjà écrit sur cette image (Post du 5/04/2017).

J’y reviens.

Elle convient à ma lassitude de ce soir.

Je refait le chemin en silence, ma mère sur le dos, comme dans la balade de Narayama.

Je m’assoupis au pied de cet arbre qui contient tout l’or du monde.

mardi 29 avril 2025

 

Au joli moi de mai

(Vaucresson, 27 avril,  13h 20)

Au joli mois de mai, souffler la lune

Faire un vœu, des aigrettes plein le nez

Trump, Poutine, Netanyahou, Lepen et consorts

Dans le lave-linge, essorage 3000 tours minute

Pis tracer dans le bleu avec les oies sauvages

Jusqu’en Gaspésie avec ma blonde sur le dos

lundi 28 avril 2025

 

(Étang de Saint-Cucufa, 26 avril, 11h 30)

Dans la feuillée de l’arbre couché

Je cherche un chemin

dimanche 27 avril 2025

 

Miniatures éphémères

 (Arboretum  de Chèvreloup, 4 avril, 16h 05)

Le chemin de la mâture

samedi 26 avril 2025

 

Métamorphoses

(Étang de Saint-Cucufa, 11h 30)

Têtard ou nénuphar?

Plonger

Toucher le fond

Remonter vers la lumière

Métamorphosé

vendredi 25 avril 2025

 

Les chats sauvages

(Vaucresson, 20h 13)

Je suis à ma table  de travail, dos à la fenêtre qui donne sur la rue, rien ne vient. Je me lève.

Et puis un rayon de soleil, un dernier avant la nuit. Une fille en noir passe en claudiquant appuyée sur une béquille, un casque sur les oreilles. Elle marche au milieu de la rue déserte. Elle chante une phrase en boucle que je ne comprends pas, peut-être du russe ou de l’ukrainien, fort, sa voix raisonne d’un mur à l’autre. Je la regarde s’éloigner. La lumière est belle, je descends au jardin. Les chats sauvages sont dans leur coin, sur le mur derrière la cabane. Ils sont nombreux dans le quartier, nous nous regardons sans bouger. Ils me connaissent mais ne se laissent pas approcher pour autant, je suis un humain comme les autres. À Tchernobyl des chiens, des chats et d'autres animaux ont survécu, se sont adaptés et reproduits dans  cette zone ravagée où la nature reprend ses droits.

Ces chats sur le mur tiennent à leur liberté, ils nous survivront.

jeudi 24 avril 2025


Paquet cadeau

(Fontarrabie vue d’Hendaye, Pays Basque,  31 décembre 2024,15h 50)

Y a les trois Couronnes dans la brume et une fille qui se dit qu’elle compte pour des prunes. Son gars s’est fait la malle ça fait un bail, il a pris la mer sur un thonier sans dire au-revoir. Elle aimerait que la brumaille l’emballe,  elle, son pieux, sa piaule et ses idées molles, un beaux paquet cadeau expédié de l’autre côté de la mer, où elle attendrait son gars un couteau entre les dents.

mercredi 23 avril 2025

 

Miniatures éphémères

(Feucherolles, Yvelines, 6 avril,15h 55)

Juste avant de disparaître

mardi 22 avril 2025


Nuit

(Forêt de Coatloc’h, Scaër, Finistère, 12 novembre 2024, 14h 45)

Ils sont une petite bande d’adolescents qui trainent dans  les rues de Scaër. Sophie, toujours coiffée d’une natte sur le côté gauche, Gilles, qui rougit pour un rien, Erwan, qui vient de réussir les tests pour devenir jeune sapeur pompier, Pierre qui n’a pas la langue dans sa poche  et Louane qui hésite entre fille et garçon. 

C’est samedi soir, ce sont les premiers beaux jours, quand le parfum des bois incite à se déclarer. 

Ils se sont retrouvés à l’ancienne loge de sabotier, dans la clairière de la maison forestière de Coatloc’h qui est maintenant un refuge pour les chauves-souris. Les portes ont été définitivement fermées, des ouvertures ont été ménagées sous le toit.

Il fait nuit noire. Les cinq amis ont laissé vélos et scooters au début du sentier qui mène à la clairière. Les téléphones sont coupés. C’est un pacte, il faut arriver ici en silence, ne pas déranger  les bêtes et les fantômes. Ils sont assis à même le sol dans la hutte de  bois des sabotiers. Un joint tourne. C’est à celui ou celle qui racontera l’histoire la plus terrifiante. Ils aiment se faire peur, pour après se réconforter. Pierre raconte que le dernier garde forestier qui a vécu dans la maison était un solitaire aux canines pointues que l’on voyait parfois errer la nuit dans le village. Il serait toujours là  enfermé dans la maison pendu par les pieds entouré de centaines de chauves-souris. Tendez l’oreille, on entend son souffle rauque. Gilles raconte la nuit où un être invisible dont il entendait les pas et la respiration est venu s’assoir sur son lit. Sophie raconte comment perdue dans le Vercors  alors que le brouillard était si dense  qu’on ne voyait pas à deux mètres, elle s’est retrouvée face au Minotaure… On frissonne, on rit, on en rajoute…

Puis Louane parle de morts vivants, de cadavres qui se relèvent, de corps déchiquetés qui jaillissent en claudiquant des trous d’obus…

Dans la hutte, l’atmosphère change, les rires jaunissent. Soudain Erwan, Erwan le téméraire fond en larmes. Il raconte ce qu’il a entendu cette après midi, le témoignage d’un médecin de retour de Gaza, le massacre sans discernement, l’horreur absolue, le  danger constant.

Puis c'est le silence, la nuit noire, et une question qui vrille dans les têtes: Que faire? 

lundi 21 avril 2025

 

Artzuportu

(Artzuportu, au pied du Jaiskibel, Pays Basque sud, 16 décembre 2024, 14h 20)

Artzuportu, toujours. Ici arbres et pierres dorment  comme de très vieilles bêtes. Les bambous soulagent du poids des ans. Quelque chose, quelqu’un murmure. Ce n’est pas le vent, ni le ruisseau, c’est en dessous, au dessus, au dedans, au delà, ou bien est ce tout à la fois, les feuilles, le bois, l’eau, les insectes fouisseurs, les bêtes tapies Cela pourrait ressembler au chant d’une mère qui berce son enfant, c’est si ténu. Et si c'était sur cette minuscule langue de sable  qu'étaient nés les premiers mots, pour dire la soif, le froid de l’eau sur les mains,  la marque des pieds sur le sable, une main sur l’épaule, pour dire ce qui finit et ce qui commence?

dimanche 20 avril 2025

 

Miniatures éphémères

(Vaucresson, 19 avril, 18h 10)

Pâquerettes

(Fleurs de Pâque)

samedi 19 avril 2025

 

L'escargot

(Vaucresson, 17h 50)

Il était déjà là hier, l’escargot sur l’érable du Japon, je ne l’ai pas vu monter, il est bien haut l’escargot, à deux mètres du sol au moins. Que cherche-t-il? les feuilles sont intactes. Je reviendrai demain voir s’il est monté plus haut.

vendredi 18 avril 2025

 

Fougère

(Vaucresson, 16 avril,15h 25)

Je prendrai le temps de voir 

Se dérouler la fronde encore en crosse 

Plantée dans l’herbe comme la canne du vieux 

Je verrai chaque penne se déployer 

une à une comme autant de nouvelles rencontres

Et la feuille s’ouvrira

Arbre généalogique mâtiné d’amitiés

Je prendrai ce temps

jeudi 17 avril 2025

mercredi 16 avril 2025

 

Les mousses

(Forêt de Rambouillet, 23 février, 13h 55)

Lu ce matin dans Libération une  interview d’Olivier Liron à propos de son livre L’éloge des mousses aux éditions Rivages:  

Avec ce livre, j’ai voulu me faire le porte parole de ces végétaux si discrets, peu spectaculaires de prime abord mais merveilleux, donner envie de les découvrir, de les aimer, de s’y attarder. Cela peut nous faire beaucoup de bien. Dans un monde où on ploie sous les oppressions, les servitudes, elles offrent la possibilité très concrète de la douceur.




mardi 15 avril 2025

 

Suzanne

(Arboretum de Chèvreloup, 4 avril, 14h 50)

Elle s’appelle Suzanne. Elle vient de claquer la porte de chez elle en hurlant: Tu vas voir si j’existe pas! Elle porte une robe rouge, un manteau noir au col d’astrakan, des bottes à hauts talons, et un petit chapeau orné d’une fleur blanche au côté. Elle marche fière et branlante sur ses hauts talons, l’oeil au beurre noir. Devant elle s’ouvre un champ couvert de fleurs rouges, un saxophoniste joue une danse frénétique, Suzanne se met à courir, elle court, elle rit aux éclats, elle court de plus en plus vite, dessine des cercles dans le pré, s’arrête brusquement devant le musicien, s’évanouie et tombe de tout son long.

Cette scène était la première apparition de Suzanne dans le spectacle On a marché sur la terre crée avec François Cervantes et la compagnie l’Entreprise en 1992, Suzanne sortie de mon imagination que j’interprétais avec une fougue nécéssaire. Le saxophoniste était Akosh Szelevényi.

Suzanne fait partie de ces personnages  nés d’improvisations qui vivent au delà du spectacle qui les a vu naître. Ils s’en vont, ils ont leur vie propre. Je pense souvent à eux, parfois je les retrouve ou je reçois de leurs nouvelles comme ce jour devant ce Cognassier du Japon.

lundi 14 avril 2025

 

Écran brouillé

(Forêt de Rambouillet, 23 février,13h 55)

J’avais un oncle médecin qui exerçait dans une petite ville  de province. Son cabinet était contigu au logement. Je venais souvent dans cet appartement voir mon cousin avec qui nous faisions les quatre cents coups. La plus part du temps mon oncle était assis dans son canapé devant un écran de télévision grésillant, flou, ou présentant la mire. À cette époque, il n’y avait aucune émission l’après-midi, les programmes démarraient en début de soirée. La clientèle se faisait rare chez mon oncle, alors il attendait, devant son téléviseur. Chaque fois je me demandais comment cet homme  pouvait rester ainsi immobile devant cet écran crépitant de gris. 

Peut-être était-il tout simplement devant sa télé comme je suis, des années plus tard, immobile au bord de l’étang, fixant pendant des heures la surface brouillée par la bise, attendant patiemment qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire?

dimanche 13 avril 2025

 

Miniatures éphémères

(Feucherolles, Yvelines, 6 avril, 15h 25)

Le cercle

samedi 12 avril 2025

 

L'érable negundo ou l'érable Giguère ou l'érable du Manitoba

(Arboretum de Chèvreloup, 4 avril, 14h 30)

Sur mon chemin,  un vieil érable du Manitoba au port ample et élégant. Les Cheyennes brulaient son  bois comme encens pour la danse du soleil, les Dakotas utilisaient son charbon de bois pour leurs peintures rituelles. Ce sera parfait pour faire la sieste.

vendredi 11 avril 2025

 

Le Sacre du Printemps

(Arboretum de Chèvreloup, 4 avril,15h 40)

Sur l’autre rive, aussi immobile que cette femme en blanc, je regarde venir le printemps. Je vois frémir les bourgeons, à la pointe des branches de jeunes feuilles se déroulent et s’étirent, j’entend éclore les fleurs une  à une, il y a des arbres impatients, tandis que d’autres prennent leur temps, déjà les  oiseaux paradent. Et la femme se lève, déploie ses bras, ses jambes, branches fleuries de blanc, elle va sur l’herbe, sur l’eau, sur le ciel, sur les arbres, elle va rejointe par d’autres, hommes, femmes, oiseaux, vêtus de  blanc, ils vont en chœur ignorant la  gravité, sur la musique d’Igor Stravinsky.

jeudi 10 avril 2025

 

The future is unwritten

(Place Igor Stravinsky, Paris 4 ième, 14h 30)

Il y a une école juste à côté de la fontaine Stravinsky. Au beaux jours, les enfants y sont à l’étroit pour les récréations et les activités sportives, alors ils viennent courir autour de la fontaine crée par Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle. Je lézardais au soleil, décryptant les fresques murales, quand un coup de sifflet a retenti et une cinquantaine de gamins en tenue de sport se sont lancés dans une course joyeuse autour du bassin. Non, l’avenir n’est pas écrit…

mercredi 9 avril 2025

 

Serre moi la pince

(Arboretum de Chèvreloup, 4 avril, 15h 10)

C’était un drôle d’arbre un peu tordu, couvert d’excroissances. À son sommet de maigres branches et de petites feuilles vert tendre le disait toujours vivant. L’une de ses protubérances se tendait vers moi comme une serre de rapace. Ne crains rien, me dit-il, je ne suis pas un mauvais gars, je suis juste pas comme y faut, pas dans les normes, une gueule cassée qui garde l’espoir dans ses bourgeons, vient et serre moi la pince.

mardi 8 avril 2025

 

Champignon bois

(Feucherolles, Yvelines, 16h 05)

Ciel clair, forêt en bataille 

À grand pas dans la broussaille. 

Si le temps tourne, j’irais m’abriter 

Sous le champignon bois

Je sais me faire discret

Quand il le faut

lundi 7 avril 2025

 

Débardage

(Feucherolles, Yvelines, 6 avril, 15h 45)

L’eau stagne dans  les ornières  creusées  par le tracteur.

L’homme coupe et débarde. 

Les arbres qui laissent leur image dans les flaques resteront debout.

dimanche 6 avril 2025

 

Miniatures éphémères

(Arboretum de Chèvreloup, 4  avril, 16h 15)

Sur le seuil

samedi 5 avril 2025


Le premier de nous deux... 

(Arboretum de Chèvreloup, 4 avril, 15h 50)

Qui de nous deux  a vu l’autre le premier?

Nous sommes immobiles.

Le lézard épouse le bois.

Je suis à  quelques centimètres, la main qui s’apprêtait à caresser la mousse suspendue au dessus du reptile.

Figés l’un et l’autre. Les yeux dans les yeux.

Le premier de nous deux qui bougera…

Ma main a frémi, un réflexe microscopique, et  le lézard a filé  dans la gerce  noire.

vendredi 4 avril 2025


Cerisier

(Arboretum de Chèvreloup, 15h 35)

Ce monde imparfait

Mais pourtant recouvert

De cerisiers en fleurs


(Issa) 

jeudi 3 avril 2025

 


(Forêt de Rambouillet, 17 février 2024, 14h 25)

Pause sur un bout de bois mort

mercredi 2 avril 2025


Une route

(Sur la route entre Lunax et Aussos, de la Haute-Garonne au Gers, 1er avril,10h)

Dimanche au Puits-Avril, lundi à Montgaillard-sur-Save, mardi au Bourdieu, je vais sinuant d’un bout à l’autre du pays, les poches pleines de vent et de mots. Parfois je fais un écart, je vais où personne ne m’attends, je suis une route simplement parce qu’elle m’appelle, qu’elle me conduit  à ce qui me fait. Je suis là, dans cette ferme, entouré d’hommes, de femmes et d’enfants au yeux de monts et prairies, nous jouons nos rêves aux osselets tandis que des vaches brunes soufflent bruyamment dans l’étable mitoyenne. Je suis là dans une grande pièce imprégnée du parfum de l’âtre, je suis déjà là alors que je viens à peine de bifurquer.

mardi 1 avril 2025

 

Miniatures éphémères

Pour le 1er avril

(Awala-Yalimapo,Guyane, 28 mai 2023, 17h 50)

Pêcheur d’avril


Poisson avril poisson coco

Blanc-manger coco-poisson