lundi 22 septembre 2025

 

Il était si souvent

(Vaucresson, 9 décembre 2018, 20h 30)

C’est un vieux film en 16 mm. Le son ondule et grésille, l’image est un peu piquée et rayée. C’est le premier court-métrage de notre cher ami José da Silva qui nous a quitté en 2020. Nous sommes à la fin des années 70, José filme sa grand mère Maria Barbara  en train de faire son pain. La vieille dame pétrit la patte de ses poings fermés. Vêtue de noir, chapeau noir par dessus le foulard à carreaux, enfournant son pain, elle nous offre quelques mots, sur sa condition, sur l’époque.

« Dieu veuille que nous n’ayons plus de guerre. Plus ça va, plus ça va, plus ça s’emmêle. Plus ça va, plus ça s’emmêle tout. »

Le film s’appelle Il était si souvent.

dimanche 21 septembre 2025

 

Miniatures éphémères

(Arboretum de Chèvreloup, 16 septembre, 16h 25)

À fleur de peau

samedi 20 septembre 2025

 

Le cèdre

(Vaucresson, 19 septembre, 18h 35)

Une énorme branche s’est rompue laissant apparaître dans les fibres du bois l’expression stupéfaite du promeneur qui a manqué de se faire écraser.

vendredi 19 septembre 2025

 

Derniers jours d'été

(Étang de Saint-Cucufa, 19h 15)

Pas une ride ce soir sur l’étang de Saint-Cucufa

Sur l’eau, le reflet des derniers jours d’été

jeudi 18 septembre 2025

 

Un violent désir de bonheur

(Arboretum de Chèvreloup, 16 septembre, 17h 15)

Je suis sorti du bois pour marcher avec la jeunesse, aller d’un bon pas au rythme des tambours, gueuler Macron démission Lecornu cornichon, chanter Bella Ciao en sautant avec des inconnus. Il y avait de la joie et de la colère, un peu de casse mais surtout un violent désir de bonheur.




(Paris 11ième, 14h45)

mercredi 17 septembre 2025

 

Vu du ciel

(Arboretum de Chèvreloup, 16 Septembre, 16h 20)

Paysage prémonitoire sur l’arbre écorcé et fissuré

Vu du ciel eaux noires et terres arides

mardi 16 septembre 2025

 

16h 47

(Arboretum de Chèvreloup, 16h 47)

Si je n’avais pas eu envie de sentir la pluie sous les grands arbres

Si  je n’avais pas chaussé mes hautes bottes

Si je n’étais pas venu jusqu’à Chèvreloup

Si je ne m’étais pas abrité sous un vieux marronnier pour laisser passer l’averse

Si je n’avais pas pris le temps de répondre au message d’une amie chère

Je n’aurais jamais eu la joie de croiser le regard d'un chevreuil surgi des taillis ce mardi à 16h 47

lundi 15 septembre 2025


La plage de Yalimapo

(Awala-Yalimapo, Guyane, 28 mai 2023, 13h 30)

C’est ainsi quand la lassitude prend le dessus, quand il n’y a que le bruit du frigo pour me faire voyager, je choisis une image pour m’y promener.  Je goûte l’image du bout du pied comme on goûte l’eau avant le bain, puis je m’y glisse. C’est ici la plage des tortues luth et des chiens errants. La tortue remonte la plage, creuse, pond une centaine d’œuf, recouvre sa ponte de sable et rejoint l’océan épuisée en laissant une longue trace qui témoigne de ses efforts. Il n’ y a plus qu’à espérer que les chiens faméliques ne saccagent pas le nid. 

Je sens le sable filer entre mes doigts de pieds. Je vais doucement entre mer et forêt - J’ai deux amours…-. J’hésite un instant entre les bavardages de la forêt et le silence de la mer. Ce sera la mer. L’eau est tiède, chargée du limon de la Mana. Le pied s’enfonce dans la vase, chaque pas est un effort dans l’eau peu profonde jusqu’à la barque. Je m’allonge dans la barque, je lève l’ancre et j’éteins la lumière.

Je reviendrai, comme les tortues qui reviennent toujours sur les mêmes plages. 

dimanche 14 septembre 2025

 

Miniatures éphémères

(Parc écologique de Plaiaundi, Irun, Gipuzkoa, 5 septembre, 10h 15)

Le graal du pêcheur


samedi 13 septembre 2025

 

(Parc écologique de Plaiaundi, Irun, Gipuzkoa, 5 septembre, 9h 45)

La Mama

vendredi 12 septembre 2025

 

Le géant

(Parc écologique de Plaiaundi, Irun, Gipuzkoa, 5 septembre, 9h 05)

Le géant a combattu comme un forcené. Tronçonné, transpercé, lacéré, démembré, il s’est effondré dans la prairie la face vers le ciel. Son cœur bat toujours, il sent contre son dos palpiter la terre, il entend pousser les fleurs, il voit passer les nuages. Son cœur cessera de battre quand la terre sera sèche et les fleurs poussières.

jeudi 11 septembre 2025

 

Ciseaux

(Sentier de Lamirande, Matoury, Guyane, 6 mai 2023, 10h 05)

Il ne reste de celui qui s’est couché là qu’une trace sur l’écorce, l’ombre d’un visage, comme celle du Christ sur le saint suaire. Il venait du rivage. Rémouleur de rue, il arpentait les beaux quartiers avec sa carriole et ses pierres, ils affutait les couteaux, ciseaux et rasoirs des nantis à la peau pâle. C’était un bâtard née des amours adultères d’une dentelière de Calais et d’un coupeur de canne. Ni noir, ni blanc, peau sale, barbe longue, il n’avait pas de nom. On l’appelait Ciseaux quand on entendait sonner la clochette de sa carriole. Il avait fui une horde barbare qui l’accusait d’avoir planté un coupe papier dans le cou d’Elsa, la femme d’un officier de marine. Elsa avait porté à Ciseaux qui faisait sa tournée quelques couteaux de table au manche d’ivoire. On les avait vu parler et rire à gorges déployées. Il n’en fallut pas plus pour faire de Ciseaux un assassin quand quelques jours plus tard on découvrit le corps exsangue d’Elsa. La meute était lâchée. Ciseaux s’enfuit vers le mont Grand Matoury, dans ses bois qu’il connaissait par cœur, dans ses bois où peu s’aventurent. Épuisé, il s’est étendu au pied d’un arbre, entre les racines, dans un creux à sa taille, blotti dans les bras d’Elsa dont il ne connut que le rire. On ne le revit jamais. De rage, on brûla sa carriole et brisa sa meule en mille morceaux. L’arbre m’a dit qu’il avait vécu longtemps ici à l’écart des hommes.

mercredi 10 septembre 2025

 

La pluie

(Saint-Jean-du-Maroni, Guyane, 29 mai 2023, 16h 40)

Nous attendions sous le auvent que quelque chose surgisse des bois, tandis que lentement la pluie effaçait paroles et couleurs.

mardi 9 septembre 2025

 

Insomnie

(Petit-Saut, Guyane, 21 mai 2023, 10h)

Mes paupières sont des feuilles

lundi 8 septembre 2025



(Parc écologique de Plaiaundi, Irun, Gipuzkoa, 5 septembre, 9h)

Le cauchemar d’une grenouille 

dimanche 7 septembre 2025

 

Miniatures éphémères

(Hendaye, 30 Août, 16h 30)

« Avez vous vu le tamanoir?

… »

samedi 6 septembre 2025

 

L'enfant au ballon

(Irun, Gipuzkoa, 5 septembre, 10h 30)

Elle est encore arrivée la dernière. Il ne restait qu’un ballon dégonflé. Ce n’est pas grave, ça lui fait penser à sa grand-mère qui a un gros ventre un peu mou sur lequel elle aime poser sa tête quand elle a un chagrin. Les autres sont déjà au centre du terrain avec les ballons, les cônes , les cerceaux. L’animateur a lancé la musique pour les activités sportives. On ne l’a pas attendue. C’est toujours comme ça, on ne l’attend pas Luisa. Quand ils grimpent en haut de la montagne, on ne l’attend pas, quand ils redescendent, on ne l’attend pas. Mais ça ne la dérange pas Luisa, en chemin, elle voit des choses que les autres ne voient pas.

vendredi 5 septembre 2025

 

La barque

(Hondarribia, Gipuzkoa, 10h 35)

Ruben avait mis sa barque au rebut, au bord du chenal, où on oublie les bateaux qui finissent par se confondre avec les berges vaseuses. Il ne voyait plus grand chose le vieux Ruben, trop flou et pas de quoi se payer de nouveau yeux. Pareil pour les oreilles qui veulent plus, trop cher. Il a mis sa barque au sec et s’est posé sur son banc devant la maison, à se confondre avec la façade délabrée. C’est le petit dernier de la famille, son petit fils Paco qui l’a réveillé, qui l’a remis en selle, qui lui a redonné le goût du large et des embruns. Paco, quinze ans, qu’on disait bon à rien, crétin, voleur et menteur, à tel point qu’on avait renoncé à tout espoir à son sujet, on laissait faire, on détournait les yeux, et ça lui allait bien à Paco, la liberté, c’est tout ce qui comptait, fallait juste qu’il ne se fasse pas choper par la garde civile. Un jour Paco a piqué sur le chantier de carénage du port de pêche suffisamment de pots de peinture pour repeindre un trois mats. Du bleu, celui de la barque de Ruben, et de beaucoup de bateaux du coin. Ici c’est bleu, vert ou rouge. Du bleu pour la coque, du blanc pour le nom. Paco a gratté, radoubé, repeint la coque, remis le moteur en état. C’est qu’il en savait des choses Paco à force de trainer en regardant faire les autres. Quand il en a eu fini avec le bateau, il a repeint le banc de Ruben. Au petit matin quand Ruben est venu s’assoir, Paco, qui l’attendait, a hurlé: Non, peinture fraiche! Ruben a fait glisser son index sur le banc et il a mis le doigt dans sa bouche. Hé, Paco, c’est du bleu des bateaux!  Il était comme ça Ruben, voyait plus bien, mais il reconnaissait les couleurs au goût. Oui, Ruben, du bleu des bateaux, et j’ai repeint ta barque et remis le moteur en état de marche. Maintenant si tu t’assois sur le banc, c’est toi que je vais peindre en bleu. Ruben a regardé son petit fils avec du feu dans les yeux, comme si on avait changé les ampoules derrière ses yeux vitreux. La barque, tu l’as peinte quand? Elle est sèche? Oui? Alors vient, on prend le large!

Et ils ont pris la mer. Ruben disait, Paco faisait. Gaffe quand tu vois le bloc de béton tagué, il y a une épave au milieu du chenal, barre à tribord! Il se souvenait de tout Ruben, la mémoire elle n’avait pas bougé, fallait juste que quelqu’un ouvre la boite. Ainsi chaque jour ils sortaient pêcher. Ruben parlait et Paco apprenait. Il y avait les gestes aussi, tout ce qu’on fait les yeux fermés quand on l’a fait toute sa vie. Paco apprenait vite. Un jour Ruben n’a eu plus rien à enseigner. Mais il a continuer à sortir en mer avec Paco sans s’arrêter de parler. Maintenant il parlait de son enfance, de la famille, de la guerre qui avait fait des dégâts,  des ses amours, de son amour, il en avait des choses à dire, mais ça c’est une autre histoire.

jeudi 4 septembre 2025


Repos

(Hendaye, 20h 25)

La Houle était si belle depuis une semaine. Belle et anormalement violente pour la saison (tout ne deviendrait-il pas anormalement violent?). J’ai tiré un peu trop sur la corde, résultat, élongation musculaire, me voilà simple spectateur. Je raconte au médecin comment, il y a dix ans, est né ce blog, suite à une immobilisation forcée par un sacré mal de dos alors que les vagues me faisaient de beaux clins d’œil. Il m’avait conseillé une semaine de repos, cette fois ci c’est deux. Ben voilà, me dit-il, vous venez de fêter les dix ans de votre blog, vous avez deux semaines pour inventer autre chose…

mercredi 3 septembre 2025

 

Des fougères à la canopée

(Forêt de Rambouillet, 23 août, 18h 30)

Le regard va des fougères à la canopée

Les arbres nous redressent



(Petit-Saut, Guyane, 21 mai 2023, 10H 30)

mardi 2 septembre 2025

 

Voile

(Hendaye, 20h 50)

Le paysage change de ciel 

Comme on change de chemise 

Ce soir ce sera un voile de soie 

Doux sur le dos des corps fourbus



lundi 1 septembre 2025

 

Rouler, rouler

(Hendaye, 8h 30)

Rouler, rouler la mer, rouler le ciel, rouler la clope, rouler le pain, rouler la peau, rouler, rouler, rouler la vie, rouler, presser, presser le vin, presser le bleu, presser l'orange, presser la nuit, presser le temps, presser, presser, presser la vie, presser, presser, rouler, rouler….