Pleine lune
(Vaucresson, 7 octobre, 20h 10)
La lune est pleine, grosse au dessus du cimetière. Seb attend de l’autre côté de la rue, en face de l’entrée. Le portail a grincé, le gravier a crissé et sa mère a disparue dans l’obscurité. Il n’entend plus qu’un grillon échappé de l’été dans la nuit claire. Il ne bouge pas. Il hésite à suivre sa mère derrière le portail de fer, entre les tombes, sur les allées de gravier. Après le baiser du soir, il ne s’est pas endormi. il est resté étendu dans son lit les yeux grand ouvert vers la porte de la chambre éclairée par un rayon de lune filtrant entre les volets. Il entendait sa mère aller et venir dans la maison. C’était ainsi chaque soir depuis la mort du père, depuis l’accident lui avait-on dit sans d’avantage de détails, son père policier qui était le plus fort du monde, qui lui racontait des histoires à faire frissonner, des histoires de loup-garous à la fin des quelles il y avait toujours un policier pour sauver la veuve et l’orphelin, des histoires de morts vivants qui errent les nuits de pleine lune. Seb adorait ces histoires qu’il écoutait blotti dans les bras musclés de papa. Papa n’était plus là et sa mère tournait en rond dans la maison. D’habitude cela durait une petite demi heure, puis Seb entendait l’eau couler dans la salle de bain, en tendant l’oreille il entendait même la brosse dans les cheveux de maman, et puis plus rien. Il savait alors qu’elle s’était couchée et il s’endormait. Ce soir il n’a pas entendu l’eau couler, il n’a pas entendu la brosse dans les cheveux. Sa mère a entrouvert la porte de sa chambre, il a fait semblant de dormir, puis il l’a entendue tourner encore un peu d’une pièce à l’autre et sortir. La porte d’entrée a fait ce petit claquement immédiatement reconnaissable. Il s’est levé, a enfilé son blouson et ses chaussures à toute allure, et s’est précipité à la poursuite de sa mère. Déjà, elle avait quitté le jardin et marchait d’un pas vif dans la rue déserte. Seb l’a aperçue juste avant qu’elle ne tourne à gauche dans la rue du cimetière, et il l’a suivie jusqu’ici. Il hésite. Il a peur autant qu’il a envie d’aller voir. Là bas, dans le noir, il y sa mère, mais aussi son père, la tombe de son père. Et la lune est pleine.
Esa luna resulta muy inquietante que aporta misterio a la historia.
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