jeudi 20 septembre 2018


Où l'âme de toute chose est palpable


(Huelgoat, Finistère) 

Sous l’amas de rochers granitiques, ronds et sensuels, la grotte du diable. Au fond le chahut de l’eau, en levant la tête une trouée vers le ciel. Je me perds dans les ombres courbes, les franges de verdure; la pierre est douce et puissante en son cœur.
Ce n’est qu’en regardant quelques heures plus tard l’image prise de cet instant, que je découvre, dessiné par la lumière, ce cheval préhistorique, monture fantastique aux couleurs des arbres et du ciel, prête à me porter loin, hors du temps, où l’âme de toute chose est palpable, après que j’aie plongé au plus noir du chaos.
Comment ne pas penser au livre de Maylis de Kerangal, Un Monde à Portée de Main, dont la beauté m’a ému aux larmes. Il est question d’apprentissage, de création. Connaissance et expérience au service de l’illusion qui dès lors porte le vrai. Le chemin d’une jeune femme élève dans une école de trompe-l’œil, qui se termine en compagnie des œuvres de la grotte de Lascaux. Il y a dans certains passages la fulgurance, la grâce d’un marbre rare ou d’un bois précieux dont l’héroïne s’acharne à reproduire le mystère. C’est elle l’héroïne qui peint le roman, au delà de la précision du maître.

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