vendredi 12 janvier 2024


Ceux qui partent... 

Une histoire d'Arthur et le Vieux

(Forêt des Flambertins, 11 janvier, 15h 50)

Le Vieux était parti en voyage, dans un pays où il faut se mettre à dix en se tenant par la main pour faire le tour des arbres, dans un pays où la poussière recouvre tout, où les sacs plastiques s’accrochent aux branches, où les vaches sont maigres, où les jeunes gens rêvent de s’en aller

à l’autre bout du monde pour vivre comme on vit dans les images du téléphone.

Il avait promis à Arthur de lui rapporter des histoires, des histoires de la terre où il a fait ses premiers pas.

Mais de retour à la maison, la valise était vide.


Arthur, je suis désolé, je n’ai pas d’histoire. On me les a volées. J’aurai du fermer la valise à clef.

C’était peut-être un douanier, un douanier qui avait des enfants et pas d’histoires. 

Après tout ce n’est pas grave, d’autres en profiteront. Je ne sais plus ce qu’il y avait dedans, des enfants, des tortues, des mirages, le désert, la mer, des baobabs…


C’est quoi un baobab?


C’est un arbre qui pousse dans la savane, en Afrique. Il a un tronc énorme et des branches courtes tout en haut.


Y en a pas ici?


Non, il fait trop froid.

Regarde dehors tout est gelé.

Viens, allons voir si l’étang des Flambertins est gelé, peu-être on pourra marcher sur le ciel.



Ils ont enfilé leurs vêtements les plus chauds, le Vieux a pris sa canne avec la pointe, pour ne pas glisser, et ils sont allés à l’étang. Il y avait un peu de neige qui craquait sous les pieds. On y voyait parfaitement dessinées les traces des oiseaux.

À l’étang, la glace résonnait, suffisamment épaisse pour qu’on s’y aventure sans danger.

Le ciel était bleu.

Ils sont allé jusqu’au centre.

Là le Vieux à piqué la glace avec sa canne, jusqu’à faire un trou, un trou juste assez grand pour passer la main.

Il a remonté sa manche et a plongé la main dans l’eau froide.  Il savait l’étang peu profond. Il a attrapé un caillou blanc et rond, un autre long, blanc aussi avec des algues vertes accrochées au bout.


Regarde Arthur, un bout de mes histoires volées. Une étoile du ciel et un baobab…. Ça me revient… l’histoire du garçon qui vivait au pied du baobab, dans le baobab même, un baobab creux, avec de la place pour une famille entière à l’intérieur. Mais le garçon se sentait à l’étroit malgré tout, alors il est parti, il s’est perdu dans le désert, il a retrouvé son chemin grâce aux étoiles, il a marché des jours et des jours…. je ne sais plus la suite.


Alors Arthur a demandé au vieux de refaire un trou, de sortir d’autres cailloux, et encore un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’étang soit plein de petit trous avec des cailloux soigneusement posés sur la glace à côté.

il restait à assembler cette longue histoire de ceux qui partent pour vivre comme on vit dans les images du téléphone.

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