mardi 16 janvier 2024


Leur chien

(Travaillan, 30 décembre 2023, 8h 15)

Il appelle. Rien.

Y a que la ligne à haute tension qui grésille.

Son chien s’est tiré dans le brouillard.

Il a filé comme ça, d’un coup, sans aboyer, direct dans le brouillard, comme s’il avait vu Corinne.

Ça se peut pas. 

Corinne a calanché, y a deux ans de ça. On n’y peut rien. C’est comme ça. La vie est belle mais elle reprend. Ils ont eu du bon temps. Quand ils se sont connus, y avait pas la ligne, y avait pas autant de rayures dans le ciel. Y avait du bleu, beaucoup. 

Quand il s’est retrouvé sans sa douce, le chien a chialé plus que lui. 

Et puis ils s’y sont faits. Il faisait juste un peu plus froid et y avait moins de bleu.

Et là, le chien qui cavale comme s’il avait vu un fantôme, le chien qui s’efface dans la brouillasse.

Lui qui gueule au bord du champ. Il a bien vu quelqu’un là-bas, une silhouette, une ombre, il est pas sûr, mais ça se peut pas.

Pourtant le chien ne revient pas.

Faudrait qu’il revienne. Son chien. Leur chien.

Il n’appelle plus. Il attend. Au bord du champ.

Faudrait vraiment qu’il revienne, sinon le brouillard va bouffer tout le bleu qui reste. 

1 commentaire:

  1. A mystical story. The way the contrails and the powerlines cross adds a lot of depth. Great picture.

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