jeudi 21 août 2025

 

Les frères Marx

(Marciac, Gers, 7 août, 20h 35)

Le jour se levait à peine, Lucie est sortie pour arroser ses fleurs, comme chaque matin, prendre soin de son petit jardin en écoutant les oiseaux. Il y avait un gars dans la cour, un inconnu, pas très grand, mal chaussé, mal vêtu, avec de drôles de cheveux en épis sur la tête. Un petit air de Harpo Marx, qui lui a immédiatement rappelé son mari Jacques qui lui avait un petit air de Groucho Marx. Elle avait connu Jacques  au bal des pompiers. Elle avait été séduite par ses moustaches , sa voix et son jeu de jambes. Bientôt cinquante ans de vie commune malgré les ronflements et les blagues à deux balles. C’est que c’était un tendre son Jacques sous ses airs de grand crétin. Jacques dormait encore. Il dormait de plus en plus tard depuis qu’il ne travaillait plus. C’était son moment à elle, le petit matin avec les fleurs et les oiseaux. Mais là, avec un Harpo dans la cour qui la matait avec des yeux ronds en ronronnant, il fallait réveiller son Groucho. Elle a crié Jacques pour qu’il se lève, il a surgit dans la cour en pyjama la tête toute froissée. Regarde mon Groucho, qui est là, ça ne serait pas un de tes frangins? Jacques regardait le gars avec des yeux aussi ronds que lui. S’cusez, je suis comme les chats, j’passe entre les barreaux ou par dessus les murs, je cherche un  peu de compagnie et de quoi becqueter, j’sais parler aux plantes et réparer les vélos, voilà, qu’il a dit le gars en tendant la main. Jacques lui a serré la pince, Lucie a été cherché du café et du pain mie, et ils ont bu tous les trois comme ça dans la cour en trempant leur pain dans le café, sans rien dire. Parfois le gars penchait la tête en ronronnant comme un gros chat qui cherche des caresses. Jacques a raconté la blague des trois nains et du livre des records, le gars a ri aux éclats, alors Jacques  a raconté d’autres blagues tandis que le gars se tordait. Le soleil était déjà haut quand le facteur est arrivé. Soudain Lucie s’est rendu compte que le facteur avait vraiment un petit air de Zeppo Marx. Ça alors, j’avais jamais remarqué, s’est-elle dit, ça va être une sacré journée!

mercredi 20 août 2025

 

Le sentier

(Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Corrèze, 6 août, 11h)

Le sentier est large

On peut y marcher côte à côte

mardi 19 août 2025

lundi 18 août 2025

 

Une harpe de pluie

(Sur le sentier de Meaka à la cascade d’Aitzondo, Pays Basque, 12 août, 11h 20)

Je passe par là. Elle est assise au bord du sentier, immobile. Je lui demande si tout va bien. Oui, très bien, j’écoute l’eau, une harpe de pluie, me dit-elle.

dimanche 17 août 2025

 

Miniatures éphémères

 (Sur le sentier de Meaka à la cascade d’Aitzondo, Pays Basque, 12 août, 11h 35)

L’homme feuille

samedi 16 août 2025

 

Gerris

(Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Corrèze, 6 août, 13h 05) 

Le Gerris, le marcheur sur l’eau, appelé à tort araignée d’eau. Le Gerris est une punaise aquatique, non une araignée. Je les ai toujours nommés araignées d’eau. Je me souviens d’un ruisseau où enfant j’allais pêcher des écrevisses. Les araignées d’eau pullulaient, je pouvais rester des heures à les regarder filer sur l’eau, à grand coup d’accélérations saccadées. J’enviais leur vitesse, leur légèreté, je voulais aussi marcher sur l’eau. Nul désir christique ici, seulement faire ce que les autres ne font pas. Peut-être ma passion du surf est-elle née au bord de ce ruisseau?

vendredi 15 août 2025


Miniatures éphémères

(Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Corrèze, 6 août, 12h 15)

Pause

jeudi 14 août 2025

 

La grotte

(Sur le sentier de Meaka à la cascade d’Aitzondo, Pays Basque, 12 août, 10h 45)

Elle veille sur le sentier

J’écarte les longs cheveux

Qui cachent son visage

Son regard m’avale

mercredi 13 août 2025

 

Embata

(Hendaye, 12 août, 20h 40)

L’Embata arrive, l’Embata, ce coup de vent typique d’Hendaye qui s’annonce par une barre de nuage au sommet du Jaïskibel, qui soulève le sable, fait voler les parasols et moutonner la mer. Aux terrasses, on s’est empressé de tout plier. Il est déjà tard, les maitres nageurs sauveteurs ne sont plus là pour annoncer le vent fort dans les hauts-parleurs. ceux qui ignorent le phénomène restent imperturbables. Quelques veliplanchistes se sont mis à l’eau trop heureux de la tempête. Et il y a cette jeune femme qui coûte que coûte ira au bout de sa lecture.

mardi 12 août 2025


Fanny et César 

(Chalvignac, Cantal, 6 août, 22h 05)

Dans les ruines du château de Miremont, la représentation de Fanny et César de Marcel  Pagnol vient de s’achever. La nuit vient. On a vu se coucher le soleil tandis que la belle troupe de la Luzège saluait. Puis une dernière scène en guise de rappel, les retrouvailles de Fanny et Marius, qui nous laisse une larme au coin de l’œil et conforte notre indéfectible besoin d’amour et d’histoires d’amour. Là haut, sous le ciel clair, au milieu des pierres, on nous a raconté la suite de l’histoire entamée l’an passé dans d’autres ruines avec Marius. On y a partagé les tiraillements des pères et des mères, quand trop aimer peut mener à la tyrannie. On s’est interrogé sur les désirs du fils qui après avoir pris la mer, laissé ses proches, parcouru le monde, réalise que l’objet de sa quête n’était pas si loin, on a ri aux éclats, pleuré discrètement. Cette troupe  magnifique réussi a faire se côtoyer fantaisie et sensibilité. Raconter des histoires qui questionnent nos liens, nos modes de vie, nos choix, avec fougue et simplicité, sans artifices, ou si peu, du théâtre comme je l’aime. Il faudrait aussi parler des autres spectacles, comme ce formidable Cabaret Prévert, qui est une superbe et fantasque leçon de poésie, et de vie, ou cette lecture des Géantes de Capucine Clary-Devos,  ode aux femmes et à la nature, nos forces pour demain, et les autres spectacles que je n’ai pas vus, il me semble tous mus par ce désir de résistance face au vacarme ambiant. Le Festival de la Luzège est un rendez vous à ne pas manquer, je reviendrai l’année prochaine!


Sur le site laluzege.fr vous trouverez toutes les infos sur les spectacles, notamment les distributions, les dates restantes et l’histoire du festival

lundi 11 août 2025

 

Feu d'artifice

(Hendaye, 10 août, 23h 20)

Ils sont quelques uns, loin de la foule en liesse, ils regardent le feu d’artifice entre deux immeubles, par dessus les arbres. Chacun regarde, avec ses yeux à lui. Un enfant fait le chef d’orchestre. Tendu sur la pointe des pieds comme s’il voulait dépasser les toits des maisons et la cime des palmiers, il fait jouer la lumière d’amples et élégants mouvements de bras. Chacun choisira son image.





dimanche 10 août 2025

 

Miniatures éphémères

(Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Corrèze, 6 août, 12h)

Nourrir la  bête

samedi 9 août 2025

 

Obrigada

(Marciac, Gers, 7 août, 22h 45)

Sous le grand chapiteau de Marciac, le trio brésilien d’Amaro Freitas joue une ode à la forêt amazonienne. Une mante religieuse égarée entre les sièges s’échoue à mes pieds. Je la fais grimper sur ma main et sort la déposer sur les feuilles d’un palmier à l’entrée du chapiteau, sous la lune pleine. Obrigada! me dit-elle.




vendredi 8 août 2025

 

Ivre

(Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Corrèze, 6 août, 11h50)

Ivre

Le vieil arbre a trop dansé

Il en a perdu quelques branches

jeudi 7 août 2025

 

Le bruit de l'eau

(Moustier-Ventadour, Corrèze, 6 août, 8h 15)

Le bruit de l’eau

Les mots doux

Le long du dos

mercredi 6 août 2025

 

Reprendre la route

(Moustier-Ventadour, Corrèze, 5 août, 18h 15)

Reprendre la route

Un geste sur le papier

Un trait de pinceau

mardi 5 août 2025

 

Partir

(Vaucresson, 4 août, 21h 15)

Par la fenêtre j’ai vu passer un homme en équilibre sur la ligne de nuages, l’irrésistible envie me prit de le suivre. Le temps d’enfiler une paire de chaussures, d’écrire un mot pour ne pas que l’on s’inquiète de mon absence et d’ouvrir la fenêtre, la ligne s’était effilochée et l’homme avait disparu. La prochaine fois je prendrai moins de précautions.

lundi 4 août 2025

 

Sortie de route

(Mont-Saint-Michel, Manche, 16 octobre 2016, 13h 35)

Il s’est arrêté en plein champ sous la drache

Il y a de la buée sur le pare brise

Le Mont-Saint-Michel disparait dans la tempête

Il ne bouge pas, les mains sur le volant, son front est brûlant

Le moteur est coupé, les vitres s’embuent, la pluie tape

Il lui semble voir de plus en plus clair

dimanche 3 août 2025

samedi 2 août 2025

 

Dans les taillis

(Collias, Gard, 29 juin, 14h)

Je cherche dans les taillis. 

Ce que je cherche?

J’en sais rien.

Le ciel peut-être…


vendredi 1 août 2025

 

Les chaises

(Avignon, 26 juillet 8h 50)

Fernando habite au 58, Maria travaille au 56. Elle embauche à 9h, à 8h 30 elle est devant la porte. Elle déteste être en retard. Elle s’assoit sur les marches et attend. Elle pourrait s’assoir sur l’une des chaises de Fernando, mais elle préfère attendre qu’il sorte et l’y invite. Rien n’est jamais acquis répétait son grand-père réfugié en Provence avec femme et enfants après avoir fui l’Espagne de Franco. Fernando sort à 8h 35, sa tasse de café fumant à la main. Il pose sa tasse,  et invite Maria à se joindre à lui. Chaque jour elle est là, sur les marches. Il pourrait lui dire de s’assoir sur l’une des deux chaises, sans l’attendre. Mais non, il préfère l’y inviter comme si c’était chaque jour la première fois. Vivre chaque jour comme si c’était la première et dernière fois répétait sa grand-mère, combattante républicaine, rescapée des geôles de Franco.

Fernando demandera à Maria si elle veut un café, Maria répondra non merci, j’ai déjà pris mon petit déjeuner. Puis, jusqu’à 9h, ils parleront du ciel d’Espagne et des épopées de leurs grands-parents, rajoutant chaque fois de nouveaux détails, ne distinguant plus le vrai du faux.